La feuille rouge orangée

Le soir commençait déjà à répandre son drap noir sur le ciel, les boutiques fermaient peut à peut sous le regard du soleil qui disparaissait derrière les maisons et les collines et les mille et unes étoiles se décidaient enfin à briller.

C'était une belle fin de journée, bien que les gens trop occupé ne le remarquaient pas, ils avaient trop de soucis, leur petite personne n'avait pas le temps pour cela alors que pourtant un moment d'égarement ne fait jamais de mal, au contraire, on s'y sent bien. Seul un vieil arbre au milieu de la foule contemplait à sa juste valeur le tableau qui s'offrait à ses yeux, ses branches biscornus et son feuillage d'automne le rendait merveilleux. Il résumait à lui seul toute une nature ignoré, humilié sans importance pour ceux qui veulent le croire, il était là depuis bien des années, il avait vu défiler toutes sortes de choses plus étranges les unes que les autres. Maintenant, il était ici, au milieu de la place Matignon du petit village de Chamberneux, il était presque invisible, à l'abris dans son manteau rougi par l'automne. Seule une jeune fille contemplait elle aussi l'arrivé de la nuit avec passion, elle était assise dans le creux du tronc le l'érable et se laissait bercé par l'ambiance du soir, attendant patiemment la nuit.

Cette jeune fille était plutôt jolie, elle avait des yeux bleus et perçants, un regard qui était presque hypnotisant souligné par ses cils bien alignés et sa fine bouche surmontée d'un nez légèrement courbé. Elle portait un manteau beige qui la protégeait du froid et sur ses épaules retombaient de fines mèches châtains qui brillaient à la lueur de la lune et encadraient son visage parsemé de petites taches de rousseur presque invisibles sur sa peau claire. Elle était assise en tailleur dans l'herbe fraîche et appuyait son dos contre l'arbre qui l'accueillait en son tronc tout en regardant le ciel et en contemplant les multiples étoiles qui l'agrémentait. Elle semblait être là depuis bien longtemps, encré dans ce sol qu'elle partageait avec l'érable qui la regardait presque attendrit par son doux visage et il déposa doucement l'une de ses jolies feuilles rouge orangée sur sa petite tête. Le petit morceau de feuillage se posa doucement sans qu'elle le remarque et s'accrocha sur une fine mèche, cela donnait une sorte d'harmonie à ce très bel être pur qu'elle était. La petite resta plusieurs longues minutes à contempler ce beau paysage en compagnie de l'arbre qui l'avait accueillit puis soudain elle se leva et disparue dans une petite ruelle du village avant d'entré dans une maisonnette aux volets clos...