23

15 0 0
                                    

Ce chapitre est un des rares que vous allez lire en ayant lu celui qui venait vraiment juste avant. Raison technique, je n'ai pas vraiment le temps d'écrire, vous savez, j'écris tous les soirs pour vous raconter mon histoire, et s'encombrer de détails qui ne sont pas vraiment importants et/ou que je peux vous résumer, c'est une perte de temps incroyable, et ce n'est pas parce que je vous raconte mon aventure qu'elle est finie, au contraire. Les autres pensent que j'écris mon journal intime ou je ne sais quoi, ils ne sont pas au courant que nous sommes dans un livre, alors je dois être très prudente. Vous l'aurez compris, je vis aussi pendant que je vous relate les évènements, c'est pour ça que j'ai de moins en moins de temps ; nous devons nous déplacer de plus en plus vite afin d'atteindre le prochain point de repère pour nous rassasier, les nuits sont courtes, parfois nous ne dormons pas plus d'une heure et demie, et la fatigue se fait horriblement ressentir. Chaque jour la bonne humeur de Sariane s'évapore un peu plus, et plusieurs d'entre nous sont à la limite de la dépression.

Le chapitre que je vais vous raconter est, quand même, plus joyeux. La difficulté arrivera plus tard, laissons la de côté. De plus, ça me fait du bien de me souvenir des temps "heureux". Enfin, c'est une façon de parler. Vous comprendrez plus tard, disons simplement qu'il est moins pire que les suivants.

J'ai senti le bras de Bradley se dégager le plus doucement possible de mon étreinte, et j'ai fais comme si je dormais encore, or j'étais réveillée depuis ce qui m'avait semblé être des heures (j'ai ensuite su que les heures n'avait été en réalité qu'une vingtaine de minutes). Je l'avais entendu ramasser son bol, qui n'avait pas bougé depuis la nuit précédente, puis je m'étais tournée de façon à voir à travers les rayons. Bradley mettait dans son sac à dos les bols et les cuillères que personne n'avait prit la peine de ranger, et sortit dehors. J'avais compté quarante secondes, et je m'étais extirpée de mon sac de couchage avec le moins de bruit possible. Marchant sur la pointe des pieds, j'avais attrapé une couverture (plus un bout de tissu qu'autre chose), et je suis sortie à mon tour. Je l'avais vu tourner à gauche du bâtiment, et l'avais suivi jusqu'aux toilettes. Il était entré, avait ouvert le robinet, je suis rentrée au moment où il commençait, et j'ai été choquée au plus profond de moi même.

Il commençait à faire la vaisselle.

Bradley était le genre de personne adorable, serviable, qui aidait beaucoup et ne laissait jamais un ami dans la détresse, il portait le sac de Sariane ou le mien quand nous n'en pouvions plus, voir même les deux à la fois. Mais jamais, et jamais est un mot faible, il ne faisait la vaisselle.

Je m'était mise à rire, et il s'était retourné vers moi en sursautant. Il avait regardé les bols, et s'était mis à rire lui aussi. J'étais complètement impuissante face à mon rire, j'avais même dû me tenir à la porte et glisser sur le sol pour ne pas tomber de rire.

Ce n'était pas tellement parce qu'il faisait la vaisselle, c'était plus un rire nerveux, une sorte d'explosion de toutes les émotions que nous avions refoulées en nous depuis tout ce temps. Et j'étais d'autant plus heureuse que cette explosion se manifeste en éclats de rire, et non en pleurs.

Quand nous nous sommes calmés, l'eau avait eu le temps de finir de nettoyer nos couverts d'elle-même. Nous étions assis par terre, pensifs. J'avais posé ma tête sur l'épaule de Brad, il avait posé sa tête sur la mienne, et il me caressait les cheveux. Je me serais endormie si je n'avais pas entendu les cris et les coups de feu qui résonnaient dans la nuit. Je suis arrivée la première à l'intérieur de la station service, Bradley ayant eu la présence d'esprit de remettre les récipients dans son sac.
Les autres avaient déjà plié bagages et commençaient à partir.

« Eh ! Vous étiez passés où, on croyait que c'était vous qui étiez attaqués ! me cria Sariane,

-Nous sommes là maintenant, venez, on sort par derrière ! ordonna Bradley avant que je n'ai pu placer un seul mot.

-Dépêchez vous !»

Sortis, nous avions commencé à courir en direction des carcasses de voitures inutilisables situées à droite de la station et nous y étions restés afin de déterminer la cause du bruit.

C'était une femme. Enfin, j'avais cru que c'était une femme en la voyant de loin, mais c'était plutôt une jeune fille. Je lui donnais environ 16 ans.
Bradley eut juste le temps de mettre sa main devant la bouche de Sariane avant qu'elle ne crie et de la retenir par un bras pour ne pas qu'elle se rue vers la fille, à terre, qui venait d'être touchée par une balle.
Je m'attendais à voir une belle tâche rouge s'étaler sur sa robe légère rose et son cardigan blanc, mais, je ne vis rien, or malgré la distance j'aurais dû voir le rouge contraster avec le blanc.
Bintou et son homme étaient sur leurs gardes. Zachariah me regardait, Bradley tenait Sariane, je crus même que cette dernière allait pleurer.
Je me levai doucement, le plus silencieusement du monde, et passai la tête par dessus une vieille voiture.

Parfois, le temps et l'impatience des gens jouent en votre faveur, et c'est ce qui nous est arrivé ce jour là.

Juste avant que je n'ai pu sortir de notre cachette, la jeune fille éclata de rire et se redressa. Un homme, sûrement la vingtaine, la rejoignit en riant lui aussi. Ils se mirent à discuter.

« Je n'entends rien du tout, nous souffla Bradley. »

On attendit, en silence, essayant de comprendre ce qu'il se passait et ce qu'ils disaient. Zachariah tendait l'oreille.

« L'homme a félicité la femme pour sa...performance je crois, et elle a répondu, hm...ah oui voilà, elle a dit qu'avec ça ils les attraperaient tous, je cite, "ces petits cons de gamins au grand cœur". Je sais pas vous, mais moi, ça m'inspire pas confiance...»

Sariane, quand Bradley eut enlevé sa main, ne put pas retenir un hoquet de surprise. Les deux têtes se tournèrent vers notre cachette.

« S'ils arrivent et qu'ils nous attaquent, je les brûle, dis-je simplement.

-On va peut-être pas arriver à là... s'enquit Bradley.

-Eux, ils s'en fichent, si nous on brûle, lui répondis-je fermement.»

Il hocha la tête et risqua un œil à travers une vitre brisée.

« Bintou, je les vois plus.

-Quoi ?

-T'as bien entendu, je les vois plus, je sais pas où ils sont.

-Putain de mer...»

Un violent choc à l'arrière de mon crâne m'empêcha de finir ma phrase, et pleins de points noirs emplirent mon champ de vision. Je me rappelle avoir vu Sariane crier pendant qu'on la tenait par les cheveux, Zachariah se précipiter sur l'homme, je crois, qui m'avait assommée, Bradley se ruer vers moi, puis j'entendis un autre coup de feu.

Et ce fut le noir.

Je suis qui je saisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant