Mon ange,
Si tu savais comme tu me manques. Pas un jour n'est passé sans que je ne penses à toi. Tu me manques tellement. En réalité, je n'avais jamais réalisé à quel point je t'aimais. Peut-être car ma fierté m'en empêchait. Et aujourd'hui, seul, sous mon fin drap qui ne me sert peu, je t'aime. Je t'aime plus que tout, d'un amour qui dévore mon cœur tout en l'étreignant. Je ne sais plus si je souffre de cet amour ou si il me donne le courage de continuer à me battre. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Tout semble si loin. J'ai l'impression de vivre une vie qui n'est pas la mienne. J'ai l'impression que je vais me réveiller dans tes bras et que tu me rassureras en me chuchotant que ce n'était qu'un cauchemar. Mais c'est la réalité, tout ça. Pourquoi ? Pourquoi les Hommes ont ce besoin constant de montrer qu'ils sont les meilleurs ? Pourquoi ? Sont-ils si stupides et naïfs ? Je le pense bien. Où est-ce que cela nous mènera ? À notre perte. Ils le réaliseraient aussi, si ils n'étaient pas dans leurs fauteuils en cuir noir à donner les ordres. Ils sont pathétiques. Tellement qu'ils me donnent envie de vomir. Notre nation est dirigée par une belle brochette de lâches et d'aveugles, de sourds. En revanche, parler, c'est une chose qu'ils savent très bien faire. Trop même. Se rendent-ils comptent de leur connerie ? Non.
Je ne sais même pas pourquoi je t'écris cela... Je me perds moi-même. Je me perds dans le gouffre abyssale qu'est cette guerre. Putain. Qu'est ce que le bon temps me manque. Est-ce toujours aussi paisible à la maison ? Est-ce que la voisine est toujours aussi curieuse et essaie-t-elle toujours de te soutirer des informations sur notre vie en cuisinant ta tarte préférée ? Est-ce que le vieux chat de gouttière du quartier vient toujours dans notre jardin chaque dimanche ? Ces questions auxquelles je n'aurai jamais de réponse.
En ce moment même, je suis blotti dans mon lit, tremblant. Elle est là, la Mort, elle m'observe depuis des jours. Elle attend que je lui tourne le dos pour venir m'enlacer. Elle est là, debout au pied du pauvre matelas rembourré de paille. Je vais mourir. Je suis désolé. J'ai essayé de lui résister. Je t'aime. Je vais mourir. Pardon.
Mon amour, ne m'oublie pas. Je veillerai sur toi, là-haut. Je te protégerai. Mais je veux que tu reconstruises ta vie lorsque la guerre prendra fin... Si elle prend fin.
Mon cœur t'appartient et t'appartiendra à jamais.
-H. xx