Partie 4 - Paris (Suite de la suite)

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J'avais pour la première fois en France réussi à avoir un sommeil digne de ce nom, soit au moins huit heures. Malheureusement, ce n'était qu'un repos d'ivrogne. Pour ceux qui ont une connaissance générale en biologie, le sommeil d'ivrogne ne repose pas vraiment. Il ne sert qu'à faire passer l'alcool dans le sang. De plus, j'avais bu de la Guinness pratiquement toute la soirée. Je me sentais mourant. Mais il fallait se lever, car il était proche de midi. On avait raté le succulent déjeuner continental de l'auberge. Dommage. On se tapa donc un dîner. C'était encore des sandwichs. J'aimais bien les sandwichs français jusque-là, mais je commençais à en avoir assez. Mais bon, la Guinness étant lourde pour l'estomac, c'était probablement ce qu'il y avait de mieux à manger pour moi. Je m'étais pris aussi un café. Je n'aime pas trop le café. J'en bois rarement. De plus, j'y réagis bizarrement. Peut-être parce que j'étais tombé dedans quand j'étais petit et que j'étais déjà un nerveux naturel. Quand j'en ingurgite, je deviens hypernerveux pendant un moment. À l'instant que l'effet passe, je suis davantage fatigué que lorsque je l'ai consommé. Je ne suis pas normal. Mais je sentais que j'aurais eu besoin d'un « boost » pour toffer*1 la journée.


On avait planifié une jolie promenade. Cela commençait par les Champs Élysées. Je connaissais surtout les Champs Élysées par la chanson de NOFX. Ne me dites pas que c'est Joe Dassin qui l'a chanté en premier. Pour moi, dans mon univers, c'est NOFX. Mes amis et moi chantions à la façon du groupe punk. C'était certainement cliché, mais dans nos esprits c'était obligatoire. Comme un hymne national avant un match sportif. Les Français devaient sûrement nous prendre pour des demeurés. Après les honneurs donnés, on sortit du métro et on aperçut la rue immense qui se présentait devant nous. En me dirigeant vers l'Arc de Triomphe, j'ai compris pourquoi on m'avait déconseillé de louer une voiture. Le trafic était d'un bordel pas possible. Cinq-six avenues s'unifiant vers le même rond-point de six voies. On pouvait y observer un grand rassemblement d'autos essayer de s'y démêler. J'avais mal à la tête juste à regarder cela, et c'était pas dû au lendemain de veille ! Et puis il y avait une autre complication. Il fallait traverser tout cela pour se rendre à l'Arc de Triomphe qui était au beau milieu. On se dévisageait et on se disait : « No way qu'on passe à travers ça ! » Jusqu'à ce qu'on remarque une pancarte nous donnant la direction d'un tunnel pour piéton. On se sentait ben nono*2. Je nous aurais vus tenter d'enjamber la circulation dense. Ça aurait été comme de jouer à Frogger. Pour ceux qui sont trop jeunes ou trop vieux, Frogger était un vieux jeu-vidéo où l'on manipulait une grenouille qui devait sautiller sur une route sans se faire écraser. Quand on sait que les Anglais nous appellent « Frog », ça aurait été très à propos. 


On prend le passage piétonnier avec de nombreux touristes. Rendu de l'autre côté, on regardait avec défiance le trafic qu'on avait vaincu sans trop d'effort. Il fallait attaquer l'arche elle-même. Tout un monument ! L'histoire nous transperçait de partout. On pouvait lire les noms de différents héros de guerre de la France. Étant de descendance française de ma mère (Bilodeau) et de ma grand-mère paternelle (Picard), je me suis dit que mes aïeux s'y trouvaient peut-être. Évidemment, je n'ai rien découvert de ce côté. Comme si ça changeait quelque chose à nos vies de voir que nos ancêtres ont fait quelque chose d'important. Comme si ça nous exemptait d'avoir à faire de même. Il y a eu ensuite la flamme éternelle. Connaissant Éric, j'ai craint un instant qu'il veuille faire comme dans « National Lampoon's senior trip », c'est-à-dire faire une flatulence devant celle-ci créant une gigantesque boule de feu. Mais il ne fit rien. Il était lui-même un ancien militaire, après tout. 


Après avoir fait le tour vinrent le soir et l'heure du souper. On chercha un bon restaurant. Dans notre cas, cela signifiait « pas trop cher ». On avait beau rechercher un endroit pour des paniers percés comme nous, cela n'existait pas. Il fallut retraiter des Champs Élysées pour s'en retourner à l'auberge. Après tout, on voulait se payer la traite dans une grande discothèque cette soirée-là, autant mieux garder notre argent. Les priorités c'est important. 

Ma France à moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant