PROLOGUE

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- Alors, ça a marché ? demanda le blondinet, adossé à l'évier, le sourire au coin des lèvres

Son interlocuteur hocha la tête. Ses dents éparpillées surplombaient son visage ainsi que deux grosses pommettes qui luisaient à cause du plafonnier à néon. Il semblait fier. Non, en fait, il l'était tout simplement. Il était bel et bien fier de son coup. Mais personne n'était plus heureux actuellement que Lucky Mint. Lui, avait gagné toute la partie.

- Affirmatif, mec. Fit-il alors, le pouce en l'air

Le blond regarda ainsi au-dessus de lui, les mains l'une contre l'autre, comme pour remercier les cieux. « Tu es un génie, tu es un génie ! » étaient les mots que lui répétait sans arrêt sa conscience, de la manière la plus vaniteuse qu'il soit. Mais il était vrai que tout génie du mal en serait plus que fier, de ce plan. Simple. Mais mesquin. Un plan si machiavélique que l'on en appellerait l'auteur Le plus gros fils de pute de l'univers.

- Déballe moi tout, Sebastian.

Le dénommé Sebastian passa la main gauche dans sa touffe brune et désordonnée. Il avait la bouche en croissant et un joyeux soupir se fit entendre du bout de ses lèvres.

- C'était dingue ! Elle est tellement naïve et innocente. Il m'a juste fallu une petite soirée pour me la mettre dans la poche, mec. il s'arrêta deux secondes puis ricana, Elle était complètement bourrée hier soir alors je me suis dit que le moment était parfait, tu vois ? Et c'était juste putain de dément, mec.

- Et le mot ? Et le billet ? Tu ne les as pas oublié, hein, Sebastian ? s'inquiéta alors Lucky

- Non, non. Y'a pas de soucis, tout est ok. Elle doit être anéantie à l'heure qu'il est.

Le jeune homme se mit à ricaner à son tour, satisfait du travail de son complice qu'il applaudit alors. Lucky était un véritable surdoué. Il était doté d'une intelligence inouïe, bien qu'il ne s'investissait que très peu en cours. Mais comme il le disait, autant utiliser ses dons pour son plaisir personnel. Et le sabotage, il le savourait. Malgré tout, son plan lui laissait en bouche une pointe d'amertume. Un « ami » devait séduire la victime du plan. Lui promettre de belles choses, lui susurrer des mots doux. Aux premiers abords, le plan semblait inoffensif. Mais ce n'était que la première partie de la supercherie. Car quand cet « ami » s'avérait être un gros dégueulasse, avide de sexe et complètement incapable de contrôler sa libido, qu'il devait s'envoyer en l'air avec cette victime et la laisser seule le lendemain avec un billet de 10£ sur sa table de chevet afin de la faire passer pour prostituée... En effet, cela était bien moins sympa. Mais dans tous les cas, Lucky ne prêtait pas vraiment à ces « petites » méchancetés. Tout ce qu'il souhaitait était de voir sa cible souffrir comme lui a souffert par sa faute.

Pendant qu'il se rinçait le visage, face au miroir, Sebastian reprit la parole :

- Merci beaucoup en tout cas, mec. C'était un plan de ouf. D'ailleurs j'me la referais bien. Elle est tellement facile à amadouer cette petite p...

Avant même qu'il n'eut le temps de finir sa phrase, Lucky arrêta de se débarbouiller et saisit le col du vieux sweatshirt gris que portait le touffu. L'ambiance était calme, mais extrêmement tendue. Seule l'eau qui coulait du robinet était audible face au silence plombant qui régnait dans les toilettes de Woodmill.

- Jamais. Au grand jamais tu ne l'insultes de pute et tu racontes ce qu'il s'est passé à qui que ce soit autre que moi, compris ? le menaça-t-il, prit d'un élan de fureur

Sebastian était complètement perdu. Il était désorienté. Mais il était aussi tétanisé, énormément.

- Personne. J'ai bien dit personne n'a le droit de la rabaisser et de l'insulter, excepté si personne s'appelle Lucky Mint. Tu m'as bien compris, mec ? l'imita-t-il, Et je te promets que si tu la retouches, tu ne pourras plus jamais réutiliser ta saleté d'engin. Plus jamais. insista-t-il

Sebastian avala alors bruyamment sa salive, silencieux comme un petit garçon qui venait de se faire engueuler par son père. Après quelques secondes qui semblaient durer des heures pour le touffu, Lucky le lâcha enfin, l'ordonnant ainsi de déguerpir et de garder la gueule fermée sur le sujet. Après un vif hochement de tête, il sortit rapidement.

Mais au moment où Sebastian était sorti des toilettes, était apparu le personnage principal, la fameuse victime du plan, un billet de 10£ dans une main, et une demi feuille à carreaux de l'autre : Young Perkins. Elle avait les poings serrés, l'envie terrible de fondre en larmes. Mais elle était surtout éprise d'une rage phénoménale.

- Serais-tu tellement bête au point de ne pas distinguer les toilettes des filles de celles des garçons ? plaisanta alors Lucky

Mais la jeune fille n'avait pas envie de rire, elle. Pas du tout. Son expression féroce et implacable de démontrait d'ailleurs.

- Toi, tu la fermes. Le stoppa-t-elle en lui balançant furieusement, un par un, les deux chiffons qu'elle avait aux mains

Elle prit une grande inspiration.

- Quel genre de con, tu es ? Quel genre de salopard, tu es ? Quel genre d'ordure... Tu es pour faire des trucs pareils ? Tu sais quoi ? Va crever. Va pourrir en prison comme ton père à qui tu ressembles tant. C'est juste là qu'est ta place. C'est là-bas qu'on jette les déchets de ton genre.

Elle hurlait à pleins poumons. La voix étranglée et les larmes aux yeux. Le visage de Lucky s'assombrit aussitôt. Les mots qu'avait prononcés la jeune fille résonnaient dans sa tête. Young avait abordé le sujet le plus délicat : son père. Elle avait touché son point sensible.

- Très bien. Fais la maligne. Je continuerai à te regarder tomber jusqu'à ce que tu en meures, avec grand plaisir. Puis on sera forcément plus heureux comme ça, non ? Quant tu rejoindras enfin ton vieux et que je n'aurai plus à te saquer. rétorqua-t-il froidement

Young ne dit rien. Elle restait là, les yeux qui se battaient avec le regard azur de son ennemi, les poings toujours fermés, et les dents qui mordaient sa joue afin de retenir ces stupides larmes qui avaient la terrible envie de tomber à la renverse. Elle s'enfuit alors de la salle, afin de ne pas craquer face à son adversaire et « admettre se défaite ».

Il prit alors la feuille de papier toute froissée qui traînait sur le sol et lit silencieusement les mots qui y trônaient. Ces mots à lui.

Je t'avais dit que la roue tournerait, ma très chère Perkins.

Merci beaucoup d'avoir fait plaisir à mon ami ce soir là.

Ton tendre et adoré Lucky.

Le jeune homme, immobile face à la glace, admira alors le démon qu'il était devenu.

**************

NDA: Bon, et bien voilà un début assez vague sur l'intrigue principale de l'histoire afin de laisser le mystère. 
Je veux aussi laisser le mystère sur qui je suis vraiment. Dans l'écriture de mes fictions, j'emprunte toujours le pseudonyme "TTRT". À la limite, je vous laisserais peut-être une petite annecdote sur moi à chaque fin de chapitre. Bref, laissez moi vos critiques et avis, en espérant que vous suiverez la fiction.
Arrivederci.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 14, 2016 ⏰

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