J'entend la pluie sur la fenêtre. Je ne sais pas depuis combien de temps je l'écoute. Je suis enroulée dans ma couette. Et je suis bien. Malgré ce que m'a dit Eleane. Au moins je sais. Et je suis en paix. Pour l'instant. Je sais qu'à la minute où je vais sortir de mon lit, les choses vont aller de travers, et je vais réaliser que tout est compliqué et douloureux. Alors je reste là.
J'aurai bien aimé avoir mon portable chargé. Pour parler à Lilah. Je pense que je vais lui dire. C'est vrai, je l'ai dit à Mial et elle l'a bien pris. Et ça ne la mettra pas en danger. Enfin je crois. Mais disons que si je le dis à Lil, ça fera trois personnes au courant. Et je sais toujours pas ce qu'en pense Cody. Je l'ai pas revu depuis hier, quand il est venu dans ma chambre.
On est dimanche. Demain les cours reprennent. Mais seulement pour une semaine. Ensuite on a deux semaines de vacances. Avec Lilah on a prévu de les passer chez elle, dans le sud de l'état. On y fêtera Noël et le nouvel an. Sa famille a un ranch là-bas, entouré de montagne et de forêts. Je me vois mal vivre avec elle sans qu'elle sache.
"ALEX, DESCENDS ON MANGE CHEZ LES VOISINS"
Je veux pas descendre. Pitié je veux finir ma vie ici, me marier avec mon lit et qu'on aille en lune de miel dans la salle de bain. Qu'on ai plein de coussins et qu'on vive heureux jusqu'à la fin des temps. Mais au lieu de ça, je descends.
En passant dans le couloir, je m'arrête devant le miroir. Je ressemble à rien. Mes longs cheveux bouclés sont emmêlés et en bordel, j'ai la marque de l'oreiller, mon t-shirt est froissé et j'ai un air d'enterrement. Je décide donc de passer rapidement à la salle de bain. Je prends une douche rapide et je tresse mes cheveux. J'enfile une salopette et un débardeur. Et pouf je suis en bas, et j'ai l'air potable.
Ma mère est là, car le dimanche est le seul jour où elle peut être à la maison. Elle me serre dans ses bras.
"Je suis contente de te voir. Ton père m'a dit que pendant tes vacances tu vas chez ton amie Laura ?
- Lilah, maman. Lilah. Oui, je me suis dit que comme je vous verrais un peu, comme je suis chez elle pour les vacances.
- C'est bien, bon, maintenant on y va."Elle m'avait manqué. Elle est petite, blonde et aux yeux bleus. Mon extrême inverse.
On va donc chez les voisins. Les Preston. Sa mère ouvre, avec un magnifique sourire et des étoiles dans ces yeux gris-bleus. Elle m'étreint quelques secondes avant de me laisser entrer.
"Tu es superbe Alexis ! Ça me fait plaisir de te voir !!"
Helen m'a gardée chez elle tellement de fois, quand j'étais petite. Maintenant, dès que je reviens ici, je passe la voir. Je viens la voir seulement quand Cody n'y est pas. Par principe. Au moins elle sait que je viens pour elle. Et pour son père. Auguste. Un homme joueur aux yeux verts pétillants. Je me rappelle des parties de cache cache avec lui et Cody, ou on finissait toujours par manger des glaces dans le jardin.
"Va rejoindre Cody, il est dans sa chambre. On vous appellera pour manger."
Je fus éjectée de mes souvenirs et je montais les escaliers. Arrivée devant sa chambre, je frappais doucement. Pas de réponse. Je pousse la porte. Il est là. Allongé sur son lit.
C'est étrange. Le contraste. C'est vrai, Cody a 24 ans. Toujours en chemise, en costume. Musclé, mature. Et il est allongé dans sa chambre d'adolescent. Pleine de posters de groupes de musique, dans l'univers dans lequel je l'ai connu quand il avait décidé de se percer l'oreille, quand il avait fumé pour la première fois, à quel point il était fier et paniqué. Il n'est plus comme ça. Mais allongé comme ça dans son lit, vêtu d'un débardeur et d'un pantalon de jogging, on pourrait croire qu'on est de retour 6 ans plus tôt.
Sans m'en rendre compte j'avais fermé les yeux. Parce que ça m'avait manqué. Le voir ici. Mais c'est un peu trop intense. Je m'étais habituée à une chambre vide. Je m'apprêtais à ouvrir les yeux lorsque je suis soulevée du sol.
Je ne m'étais pas non plus aperçue qu'il m'avait vue et s'était levé. Il me tient fort dans ses bras.
"Ça va ma princesse ?
- Je veux savoir ce que tu penses de ce que tu as vu dans la forêt.."J'ai répondu le visage enfoui dans son cou.
"J'ai peur. Mais pas de toi. Pour toi. J'ai peur qu'on t'ai fait ça, qu'on t'ai fait du mal.. Je comprend pas et j'étais un peu en colère parce que je pensais tu ne me faisais pas confiance. Mais je sais que tu dois avoir une bonne raison de me l'avoir caché. Et je n'ai pas compris pourquoi tu t'es enfuie quand on était dans mon bureau, ni pourquoi tu ne voulais pas m'en parler dans la forêt.. "
Il a parlé d'une voix douce et très basse, et je suis restée dans ses bras, à l'écouter, et à sentir mon cœur d'alléger peu à peu.
"Et puis ce baiser.."
Là, clairement, je panique. Dans ma tête y a des personnages de cartoon qui courent dans tous les sens en hurlant à l'aide.
"Alex..?"
Je passe mes bras autour de ses épaules et m'y accroche. Courage, tu peux y arriver. Je respire son parfum sucré, frottant ma joue dans le creux de son cou.
"Pardon, j'ai paniqué, j'ai cru que tu avais peur de moi, que tu étais en colère ou dégouté.. J'était perdue, je croyais t'avoir perdu.. Je me suis dit qu'après ça je ne te verrais plus.. C'était ma dernière occasion de le faire.."
Pendant que je parlais je me suis redressée pour poser mon front contre le sien.. Je suis face à lui, contre lui mais sans avoir la pression de ses yeux. Dans le même temps, j'ai senti ses bras se resserre autour de mes hanches. Mon cœur bat fort. Pas rapidement, juste fort, comme s'il essayait de passer au travers de mon sternum. Alors je prend sa main droite et la pause contre mon cœur. Pour qu'il sente. Je le sens plus capable de parler, alors je lui montre. Je lui montre que je suis terrifiée. Que s'il me rejette encore une fois je n'y survivrai pas. Mais il ne le fera pas. Pas cette fois.. Hein ? Tout ça il le sent. Il se penche nos nez se frôlent et soudainement, un cri surgit du rez de chaussée.
"À TABLE LES ENFANTS !"
Et la Cody glousse. Un petit rire nerveux qui n'est absolument pas viril mais qui le déclenche une vague de rire incontrôlable. Quand nous descendons, deux sourires idiots sont plaqués sur nos visages. Bon, j'ai pas eu de bisou, mais c'est pas comme si on aurait pas de nouvelles occasions.. Si ?
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Tinkerbell
FantasyUne adolescente de 16 ans. Une forêt. Un secret. Tout est dit, non ? Enjoy.