La psychologue essaye tant bien que mal de faire ressortir mes émotions, d'exprimer ma "douleur" selon elle.
Sauf que je n'ai pas mal.
Je me bats juste contre de vieux démons.
Mais je ne dis rien, parce que ce serait paraître faible de montrer ses émotions à quelqu'un que l'on ne connait pas et qui veut tout savoir de votre vie.
Psychologue: Monsieur Soares faites un effort, je ne vous demande pas la lune non plus.
Bah si justement elle me la demande la lune. Ça fait des années que je ne montre plus ce que je ressens. Et c'est pas elle qui va me changer. Je ne lui réponds donc pas. Franchement, je suis impressionnée par son sang-froid parce que j'aurais été elle j'aurais pété un câble. Ça doit faire une demi-heure qu'on est dans son bureau et qu'elle parle à un mur.
Elle souffle puis note quelque chose sur son papier.
Psychologue: Vous avez une famille ? Une fiancée ?
Le mot "fiancée" me fais réagir. Silvana est tout comme mais je ne lui ai jamais demandé sa main. Peut-être trop occupé à la frapper ou à me faire d'autres filles. Mais le mot "s'engager" ne veut rien dire pour moi. Ça veut juste dire mettre une bague qui vaut 1 millions au doigt de la femme qu'on aime et signer un bout de papier. Elle mérite tellement mieux que juste ça.
Tiago: Une copine, la rectifiais-je.
Une lueur de victoire apparait dans son regard. Elle semble fière que j'ouvre enfin ma bouche pour lui parler.
Psychologue: Enfin ! Vous voyez quand vous voulez ! Elle sait que vous êtes ici ?
Je lui fais signe que non et mes poings commencent à se serrer. Non, elle ne le sait pas mais ce n'est pas en ne répondant pas à mes appels ni à mes messages qu'elle le saura.
Elle écrit encore quelque chose sur son papier.
Psychologue: Pourquoi ?
Je la fusille du regard. Mais une idée me traverse l'esprit.
Tiago: Vous auriez pas un téléphone pour l'appeler ?
____________________Ma sonnerie de portable retentit encore une fois, je ne sais pas qu'elle heure il est mais il fait noir dehors. J'espère que c'est Tiago. Mais je ne connais pas ce numéro.
Silvana: Allô ? C'est qui ?, dis-je difficilement.
- Je suis désolé, dit une voix masculine à l'autre bout du fil.
Je comprends pas, pourquoi cette personne m'appelle en plein milieu de la nuit ? Et comment a-t-elle eu mon numéro ? Et pourquoi est-elle désolée ?
Silvana: Ok mais c'est qui ?
- Tu me reconnais pas ?! Bah putain t'oublies vite les gens toi !, dit la personne en s'énervant.
Je comprends toujours rien, je suis fatiguée. Je cherche en même temps sur internet d'où vient ce numéro et je tombe sur une adresse: l'Instituto Maméss à São Luis.
Silvana: Aller je suis pas là pour jouer aux devinettes, j'ai pas que ça a faire. C'est qui ?
- T'es toute seule ?
Silvana: Oui mais pourquoi ? C'est qui ?!, dis-je en commençant vraiment à m'énerver.
- C'est Tiago.
Je ne sais pas pourquoi mais je ne crois pas la personne qui est à l'autre bout du fil. Mais une partie de moi, espère que ce soit lui parce qu'il me manque.
Silvana: C'est pas marrant.
- Silvana je suis sérieux c'est moi.
Je me sens trop conne, j'ai même pas réussi à reconnaître la voix de mon copain. Je m'en veux, je sais pas quoi répondre.
Silvana: Je-oh je suis désolée ! J'avais pas reconnu ta voix, je viens de me réveiller il est 3-
Tiago: C'est pas grave. Je t'ai réveillée ?
Silvana: Oui mais c'est pas grave. Qu'est-ce que tu fais à São Luis ?
J'entends de l'autre bout du fil qu'il souffle.
Tiago: Rien je-t'as reçu mes appels ?
Silvana: Non pourquoi ?
Et il y a un gros blanc puis un gros "Blam !", il a encore dû frapper dans le mur à côté de lui.
Tiago: Ouais c'est ça. T'étais avec un autre hein ?
Silvana: Non-mais non ! Pourquoi tu penses ça ?
Tiago: Je t'ai appelé des centaines de fois Silvana et t'a jamais répondu !
Silvana: Mais je te jure j'ai pas reçu d'appels de toi ! Fais moi confiance pour une fois !
On dit souvent que la confiance et le respect sont la base d'un couple mais moi je n'y crois plus. Non je n'en aime pas un autre, il n'y a que lui.
Mais il y aura un moment où je ne pourrais plus.
Tiago: Mais la confiance ça se mérite.
Silvana: Tiago je-
Et il raccroche.
Je n'ai pas vraiment tout compris ce qui me fais fondre en larmes car j'en ai marre de ne pas comprendre.