J'étais perdue, en colère, désespérée, en bref, un vrai typhon intérieur.
J'étais seule dans les rues sombres. Ce n'est qu'au bout de longues minutes que je m'aperçu que je ne savais plus où j'étais.
Il y avait une grande allée noire, avec peu de lampadaires. Un restaurant était fermé sur ma droite, et tous les murs ou presque étaient tagués. D'un coup, ma nuque me picota. Je sentais qu'on m'observai. Je me retourna brusquement, mais je ne vis rien, pas même une ombre.
Je frissonnai. Mais pas seulement du froid. J'hâta le pas. Où suis-je? Flute...
Clac.
Un bruit de pas. Je sursautai en poussant un gémissement plaintif.
Mais quand je me retournai je ne voyais toujours rien.
Attrapant mon sac à la va vite, je fouillai dedans et tenta de trouver mon portable. Mes doigts rencontrèrent ma boite de tics tac, mes gants, bref, tout sauf ce qu'il me fallait.
Clac clac...
Cette fois, j'attendis quand je me retournai, et me força à prendre une voix posée:
-Il y a quelqu'un?
Silence.
-Je vous préviens, dis-je- la voix chevrotante, j'ai mon portable et mes amis savent où je suis.
Quel mensonge... Si je disparaissais ici, personne ne me retrouverai. Du moins jusqu'à ce qu'on voie mon corps... Stop, Erica! Pense à autre chose. Tout va bien. Tout va...
Soudainement, je trébuchai. Un ricanement me parvint nettement, mais mon attention fut attirée par un liquide chaud sur mes mains. Je les inspecta, mais dans l'obscurité je ne voyais qu'un liquide noirâtre. Je me releva sur les genoux.
C'est alors que je compris que c'était du sang qui maculait mes vêtements, mes mains, mon menton. Mes yeux s'écarquillèrent. A ma gauche, gisait une femme au cou ouvert comme une bouche géante.
Un énorme cri s'échappa de ma gorge; je tournai la tête juste à temps pour voir une ombre - vêtue d'un sweat noir à capuche- tapie dans la ruelle en jaillir, enjamber et le corps et me pousser violement. Ma tête s'écrasa de nouveau sur le sol mais je me mis aussitôt sur les coudes, quand je criai de nouveau: ses mains me saisissaient les pieds par l'arrière!
-Lâche-moi! Espèce de...
Je battis des pieds sans pouvoir me libérer et me retrouvai hissée vers le meurtrier. Une main se plaqua solidement sur ma bouche en étouffant mes cris de panique. Mon cœur battait la chamade et tout se déroulai tellement vite que je me sentais impuissante.
Le dégoût m'envahit en sentant l'odeur âcre du sang. Un objet froid se plaqua contre ma gorge et l'image de mon cou ouvert comme celui de la jeune femme s'imposa à moi. J'allais finir comme elle!
Tout à coup, une sonnerie de portable suspendit son geste. Mes gémissements mêlés de peur se turent, et la voix s'exclama:
-Merde! T'a de la chance, pétasse.
Il me saisit les cheveux tellement fort que ma tête partit en arrière. Puis la main engloba toute ma tête, et après avoir pris ce grand élan la repoussa vers le béton.
Le noir m'envahi.
***
VOUS LISEZ
Jeux dangereux
Mystery / ThrillerErica Karm poursuit ses études dans un village tranquille, quand le corps d'un homme qu'elle croisait tous les jours est retrouvé dans la rivière... Fabien. Mais ce genre d'évènement n'était pas le premier qui lui arrivait. La mémoire ne se rappelle...