Je faisais mon sac pour partir, enfin, de cet hôpital. Je n'y étais restée que trois jours mais la maladie et la mort me donnaient déjà envie de fuir.
En dernier, en tout dernier, je sorti un papier de ma poche.
"Quoi que tu aie vu, ferme là. Je peux venir finir le travail, pétasse.''
Je l'avais lu et relu, si bien qu'à présent il était tout froissé.
Tout à coup, on toqua à ma porte. Je me dépêchai de le mettre dans mon sac et de fermer la fermeture éclair. Si jamais quelqu'un voyais ça... quoi? Après tout, j'avais tout à y gagner.
-Entrez!
Mae entra, toute sautillante:
-La sortie de ma meilleure amie!! Je n'allais pas rater ça! Comment ça va? Tu a encore mal?
-ça va, ne t'inquiète pas, je le sens à peine... fis-je, levant les yeux au ciel.
Cela faisait au moins la millionième fois qu'elle me posait la question.
Elle eut une petite moue.
-Je sais, mais je m'inquiète.
-Je sais... Alors, on y va?
Elle acquiesça, et nous partîmes, tout sourires, bras dessus bras dessous.
Mae me fit monter dans sa petite Citroën verte. Au moment de refermer la portière, je cru voir une ombre du coin de l'œil. Mais quand je tourna mon regard dans la direction, je ne vis rien. Cela me mit mal à l'aise.
Heureusement, Mae fit la conversation pour moi.
Murmurant un petit ''oui'' de temps en temps, je réfléchissais.
Qu'est-ce qui m'empêchai de le dire à la police? Si j'y allais, ils pourraient peut-être me donner une protection ou quelque chose comme ça. Alors que si je me taisais, je risquai de m'enfoncer dans les ennuis.
J'étai déjà assez perturbée par les souvenirs de la femme égorgée comme ça. Tessa Jerard, si je ne me trompais pas. D'un coup, j'eu la conviction que j'allais faire des recherches sur cette femme. Et sur Owen. Son enfant. Mon dieu, quelle horreur. Ce n'était pas un hasard si Fabien et Tessa avaient été tués dans un laps de temps aussi rapide.
Le pire, c'était que le tueur pensait que j'avais vu quelque chose sur lui cette nuit là.
Un visage? Non, j'étais toujours dos à lui.
Quoi, alors?
***
J'avais essayé de taper à l'ordinateur les noms de Tessa et Owen. Je pensais trouver des tas d'informations, comme dans les films, mais je tombai vite de haut. C'était loin d'être aussi simple! Je finis heureusement par trouver le compte Facebook de Tessa. Elle était magnifique. Dans le noir, et... dans son état, je ne l'avais pas remarqué, mais elle était vraiment magnifique. Une peau chocolat, des cheveux frisés comme un cyclone.
Sa photo de couverture était celle d'une petite fille à la beauté stupéfiante. J'ai d'abord cru que c'était sa fille, mais elle ne lui ressemblai pas du tout. Celle-ci avait une peau pâle, des cheveux blonds un peu ondulés, des joues roses. En plus, Alexis et Thomas m'avaient dit qu'elle n'avait qu'un seul enfant: un garçon. Je supposa qu'elle avait trouvé cette photo au hasard sur internet.
Je consultai ensuite son journal, et des tas de publications sur son mur me remplirent de chagrin. Ses amis et sa famille, voire sûrement des inconnus, avaient posté des messages en son honneur. Parmi eux, je lu ''je t'aime ma chérie, maman.", ''message d'une fille triste à une fille merveilleuse'', ainsi que des longs romans du même type. Je ne les lu pas tous: je me força à regarder plutôt dans l'onglet ''a propos''. Evidemment, je ne trouva aucune adresse. En revanche, le lieu de son travail était indiqué.
Très bien. Je savais ce que je ferais le lendemain.
Pour l'instant, mon ventre gargouillai comme si je n'avais pas mangé depuis des mois. Cela me rappela que je n'avais rien mangé de sensationnel depuis plus trois jours. La nourriture de l'hôpital n'était pas super. C'était décidé, je mangerai un énorme hamburger.
Surtout que, d'ici peu, je n'aurai plus de congé. Mon travail à la bibliothèque allait devoir continuer.
En route vers le macDo du coin, j'hésitai à inviter Mae. Je savais que j'abusai d'elle, ces temps-ci. Je lui prenais tout son temps libre. Ma solitude me rappela l'absence cruelle de Jay... Je secoua la tête. Pas grave, je mangerai seule. Je ne serais sûrement pas la seule! Je souris à l'idée du double cheese bien gras qui m'attendais. Miam!
J'étais tellement ailleurs je poussai un petit couinement en percutant quelqu'un de plein fouet.
Des mains me rattrapèrent par les épaules, et j'allai lancer un grand ''merci'' quand je reconnu les yeux bleus du policier. Alexis. Ma bouche s'arrondit de surprise.
Il du le remarquer car il sourit avec amusement.
-Ne t'inquiète pas, je ne suis pas en service.
-Ah, euh, oui, c'est vrai que vous n'avez pas l'uniforme.
Il passa la main sur sa nuque:
-Tu sais, je pense qu'on peux se tutoyer! On n'est pas sorti de cette affaire.
De cette affaire? Ils avaient des difficultés avec le meurtre de Tessa. Je devrais peut-être parler du papier. Je ne sais pas pourquoi, je me ravisa.
-Ah oui? ça n'avance pas?
-Je ne peux pas trop en parler... désolé.
-Pas de souci!
Il sourit. Hum, mignon. Je rougis.
-Tout va bien?
Je rougis encore plus... et enfoui mon menton dans mon écharpe, embarrassée.
-Oui! ça va très bien. J'ai... super faim, c'est tout.
-Pareil, j'en peux plus. Vous mangez seule?
J'acquiesça, et on entra dans le macDo.
-Ca ne te dérange pas si je mange avec toi?
Je souris.
-Non, pas du tout. J'aime pas être seule.
-Moi non plus, avoua-t-il, mais Thomas est rentré avec sa femme et le reste de l'équipe est occupée.
-Tu es proche de Thomas?
-Assez, oui. On bosse ensembles depuis deux ans.
On se sépara dans deux files différentes. Au moment de commander, on demanda exactement en même temps:
-Menu avec double cheese et potatoes.
On éclata de rire. Je compris que j'allais passer un très bon moment... et j'oublia un instant Fabien, Tessa, Owen, et les menaces.
Quand j'arriva devant chez moi, je souriais bêtement.
Tant et si bien que je n'avais pas remarqué qu'une ombre m'avait suivie jusque là.
Je cherchais mes clés dans mon sac, la tête ailleurs. Et derrière moi l'ombre s'approchai.
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Jeux dangereux
Mystery / ThrillerErica Karm poursuit ses études dans un village tranquille, quand le corps d'un homme qu'elle croisait tous les jours est retrouvé dans la rivière... Fabien. Mais ce genre d'évènement n'était pas le premier qui lui arrivait. La mémoire ne se rappelle...