La folie
- Qui-êtes-vous ? répète-t-elle d'un air indigné.
- Je sais tous Maman ou plutôt Mme Sullivan... Tu n'es pas ma mère ! Tu étais seulement chargée de m'élever durant ces dix-huit dernières années. Je suis allée à Imaginarius, figure-toi ! Et, je veux des explications m'écrié-je en sanglot.
Son visage se décompose, son regard bleu s'assombrit.
- Je voulais te protéger, tente-t-elle de se justifier.
- Me protéger ? rétorqué-je
- Chérie, je t'aime comme ma propre fille et...
- Sors d'ci ! la coupé-je
Elle ne m'écoute pas et s'approche de moi. Je hurle de plus belle ce qui fait venir des infirmiers.
- Faite la sortir, crié-je.
- Mais chérie, murmure t-elle dans un sanglot.
Et elle sort de la pièce, me laissant seule, vouée à moi même. Tous ces moments passés avec elle me semble être une énorme comédie.
***
Quatre jours se sont écoulés. Je n'ai pas vu Mme Sullivan depuis qu'elle ait quitté ma chambre de force. Elle a tenté à maintes reprises de me rappeler en vain. Je ne veux pas la voir. De plus, le personnel de l'hôpital estime qu'il est sain pour moi de rester quelques jours sans contact avec elle.
Honir lui aussi n'est pas là. Il doit surement être en danger, tenté-je de me convaincre. J'ai essayé à plusieurs reprises de le contacter en tentant de me plonger dans l'autre monde en vain. Je ne parviens pas à bouger de ce satané hôpital où je passe mes journées assises sur ce foutu lit, pour seule compagnie un livre avec des pages vierges, laissé par Mme Sullivan. Ma seule occupation est de dessiner sur ce livre tout ce que j'ai pu voir dans le monde d'Imaginarius : l'homme à la barbe d'un blanc immaculé, les vastes arbres, le château, les portraits de mes parents et Honir.
Honir...
Brusquement la porte de « ma chambre » s'ouvre, je ferme aussitôt mon livre et lance un regard à l'homme qui se tient en face.
- Le Dr. Powell vous attend, s'empresse t-il de me dire.
- Le Dr. Powell ? lui-dis-je d'un ton plus que dubitatif.
- C'est ton psychiatre. Je pensais que Gabriel t'avait prévenu que tu avais ta première consultation aujourd'hui.
Gabriel... C'est lui qui m'a expliqué comment j'ai atterris ici et m'a aidé à reprendre mes esprits. J'aurais tenté de me suicider et Mme Sullivan, « ma mère », aurait décidé à la fin de mon hospitalisation de m'interner dans un hôpital psychiatrique. Je voulais tellement crier, lui dire qu'il avait tord mais ne dis rien. J'avais pris la stratégie de me taire. Mon but est de sortir de cet hôpital, trouver Honir et tuer Samael. Et, pour y parvenir, je suis prête à tout y compris à rentrer dans le jeu des personnes qui travaillent dans ici.
- Ah oui, j'ai du oublié, marmonné-je.
- Ce n'est rien, suis-moi.
***
Nous traversons ensemble les longs couloirs, toutes les portes sont fermées à mon grand regret. J'aurais bien voulu rencontrer d'autres personnes internées ici. Mais, je n'aperçois que le personnel de cet hôpital vêtu de leur blouse blanche ce qui me laisse pousser un soupir.
- Ca va ? me demande l'infirmier.
- Oui oui... c'est juste que je voudrais bien rencontrer d'autres personnes internées ici... Je me sens un peu seule bien que j'aime parfois la solitude., lui avoué-je.
Il s'arrête brusquement, se met en face de moi, ses mains posées sur mon épaule, ses yeux verts plongés dans les miens.
- Tu n'es pas SEULE ! Je suis là ! Si t'as besoin de parler, demande à voir Léo et je rapplique de suite, s'enquit-il de me répondre.
Et je ne sais pas pourquoi, je le prends d'un coup dans mes bras ce qui le surprend dans un premier temps. Il me caresse les cheveux comme pour me réconforter de ma situation. Ca fait tellement du bien de savoir que l'on peut être compté sur quelqu'un.
- Merci Léo, murmuré-je en me détachant de son étreinte.
Il me lance un sourire et nous reprenons notre marche. Je me sens plus sereine.
- Nous voilà Engla ! Je te laisse. Ne t'inquiète pas, tu es entre de bonnes mains avec le Dr. Powell, me rassure Léo.
Je veux tellement le croire mais je sais que quelque chose cloche ici. Les gens me veulent du mal dans cet endroit. Je n'ai jamais tenté de me suicider. Pourquoi ne pas simplement me dire comment j'ai atterris ici. Je veux tellement le savoir. J'ai tenté de m'en souvenir mais je n'y parviens pas.
***
Je rentre dans le bureau de ce cher Dr. Powell.
- Bonjour Engla, je suis ravi que t'ailles mieux, viens t'asseoir, me dit-il calmement en me montrant le fauteuil situé en face de lui.
J'exécute sans grogner. Je dois lui faire croire que je vais bien pour sortir d'ici. Je dois lui faire croire que je vais bien, répété-je dans ma tête.
- Je suis le Dr. Powell, ton psychiatre, je vais t'accompagner jusqu'à que t'ailles mieux, continue-t-il.
Que j'aille mieux ? Mais je vais bien, nom de Dieu. Je m'abstiens de tous commentaires et tente de ne rien faire paraître sur mon visage.
- J'ai besoin de votre aide, lui-dis-je d'un ton qui se veut concerné.
Il faut qu'il croie à ce que je lui raconte et pour cela je dois gagner sa confiance. Toutefois, je ne perçois aucunes expressions sur son visage.
- Avant ma tentative de suicide, j'étais comme perdue et la seule issue que j'ai trouvé pour sortir de cette situation était la mort, fabulé-je.
- Mmm, lance-t-il.
- Cet acte était idiot, la vie est précieuse, continué-je.
- Parle-moi de tes parents, me coupe-t-il
Parler de mes parents ? Que veut-il que je lui dise.
- Maman tient une boulangerie près de South Park, lui-dis-je.
- Et ton père ?
Mon père ? Je l'aimais tellement ! Etait-il aussi au courant d'Imaginarius ? Des milliers de questions se bousculent dans mon esprit. Pourquoi j'ai découvert l'existence d'Imaginarius ? Pourquoi une force me pousse à créer une connexion avec mes parents biologiques ? Pourquoi une force me pousse à vouloir les venger en tuant Samael ? Pourquoi je ne peux pas retourner en arrière ? Pourquoi ?
- Il est mort, laché-je dans un murmure.
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Le miroir des âmes (tome I terminé)
FantasíaQue feriez-vous si on vous annonce l'existence d'un autre monde ? Plagiat non toléré Tous droits réservés