Renouer avec son passé

Chapitre 1

Tout a commencé un lundi matin brumeux. J'avais échangé mes heures de travail de l'après-midi contre celles de l'avant-midi d'une de mes collègues afin de la dépanner. J'avais grommeler quelques minutes bien évidemment, mais j'avais fini par accepter. Vieille habitude du Québec; je suis incapable de dire non aux gens.

Je m'était donc réveillée aux aurores afin d'aller travailler au petit café de mon village. J'étais stressée à l'idée de faire l'ouverture, il y a toujours beaucoup (trop) de clients qui vont travailler et viennent prendre un déjeuner rapide ici.

À l'instant même où la clé entra dans la serrure du café, quelques auto vinrent se mettre en file au drive et d'autres s'arrêtèrent pour laisser sortir leurs propriétaires.

Je me dépêcha donc d'entrer et d'aller allumer les lumières et partir une première pinte de café.

J'installa mon oreillette et prit la première commande. J'essayai de mon mieux de jongler entre les commendes à l'auto et à l'intérieur, sans grand succès.

Heureusement, une dizaine de minutes plus tard, une de mes collègues arriva et vint à mon secours.

-Je vais m'occuper des commandes à l'auto et tu fais la caisse d'accord? Ne sois pas nerveuse, ça va bien aller, tu vas t'habituer. Me dit-elle d'une voix douce.

Visiblement, elle avait compris que les périodes avec autant de clients n'étaient pas ma tasse de thé.

Je continua à servir cafés, oeufs, muffins et bagel du mieux que le pouvais avant de te voir arriver, toi.

Tes cheveux étaient tout ébouriffés, tes yeux étaient cernés et tout indice de bonheur et de joie semblait avoir quitté ton visage depuis longtemps.

Quand ton tour arriva de passer à la caisse, tu commandas un grand café noir et un muffin sans me regarder et laissa tomber l'argent exact sur le comptoir.

-Siph'? Je souffla, te reconnaissant à peine sans ton sourire charmant et tes yeux brillants de plaisir.

Tu leva finalement tes yeux vers moi, mais seulement pour me lancer un regard rempli de tristesse et de colère.

-Mon nom est Julien, pas Siph'. Dit-il froidement en crachant le dernier mot comme si simplement de dire ce mot le dégoûtait.

Il partit ensuite s'asseoir à une table au fond de la salle et mangea en lisant un épais livre.

Anya, ma collègue, passa en arrière de moi.

-Ne t'inquiète pas, ce n'est pas toi. Il vient ici depuis des années toujours à la même heure, commande toujours la même chose, s'assit toujours au même endroit et a toujours cet air bête. Me dit-elle.

Je lui lança un dernier regard avant de continuer à travailler.

Cependant, une pensée resta en ma tête tout ce temps. Que t'es-t-il arrivé Julien?