Dear Niall//n.h

Avant la quatorzième lettre

Jersey avait les mains dans ses poches et la tête baissée. Elle regardait ses pieds se dépassés l'un après l'autre. Elle les examinait et essayait de garder le même rythme de marche malgré qu'elle s'approchait de plus en plus de l'endroit où elle voudrait se rendre depuis qu'elle s'était réveillée au matin mais avait du attendre la fin de sa journée de travail et de rapporter ses affaires chez elle avant de pouvoir se rendre à ce lieu mythique à ses yeux malgré qu'il ne s'y était jamais rien passé avec son ex. Elle avait mal au cœur mais essayait de faire comme si de rien n'était.

Jersey respira un grand coup par la bouche. Une volute de fumée en sortit et lui tourna un peu autour avant de s'effacer. Il faisait tellement froid qu'à chaque qu'elle expédiait de la fumée de sa bouche, elle avait le droit à une nappe blanchâtre. Elle ferma les yeux mais continuait de marcher, les rouvrant aussitôt. Elle n'avait pas envie de passer une seule seconde de plus sur ce trottoir alors qu'elle pourrait se trouver au milieu des livres en compagnie de Nael. Elle avait besoin d'aller voir la vieille dame. Elle avait besoin de lui parler, de débattre s'il fallait. Elle en avait besoin et n'irait pas se coucher sans l'avoir fait.

Jersey sortit un paquet de cigarettes de son sac. Elle en sortit son briquet et un cylindre. Elle savait pertinemment que Neal n'aimerait pas cela et la punirait si elle ne l'aimait pas trop. Puis, elle savait aussi que si Niall la voyait, il lui prendrait la cigarette et la fumerait à sa place et qu'il pourrait terminer son paquet entier en moins de cinq minutes juste pour ne pas qu'elle y touche, alors que lui, pourtant il fumait bien même si ce n'était pas non plus comme un pompier. Elle le savait et savoir qu'elle faisait quelque chose qu'il n'aurait pas supporter qu'elle fasse, la faisait se sentir libre et rebelle.

Jamais Jersey n'aurait osé fumer devant l'irlandais, parce qu'il l'aurait engueulé comme jamais elle n'y avait eu le droit. Là, il n'aurait rien à lui dire même si cela doit bien le faire chier. Au fond d'elle-même, elle espérait que cela le ferait revenir mais, elle savait que cela ne fonctionnerait pas. Il était partit, et plus jamais il ne viendrait pas ; c'était ça la réalité et elle n'arrivait pas à l'accepter le moins du monde parce que c'était trop dur de se dire qu'une personne qui avait été ton présent et ton passé ne serait plus jamais là dans ton futur comme si elle était morte.

Jersey tira une première latte, avec le sourire aux lèvres. Elle expédia la nicotine hors d'elle, ensuite. Elle ferma les yeux à chaque fois qu'elle inspirait un peu de la clope et l'expédiait ensuite avec les yeux ouverts. Elle avait un mince sourire sur les lèvres et elle rangea enfin son paquet dans son sac. Elle savait qu'elle sentirait sûrement l'odeur mais elle s'en foutait, parce que la dame n'aurait aucune preuve qu'elle avait fumée. Elle aurait très bien pu passer sa journée au milieu de fumeur ou de passer dans un grand nuage de nicotine alors qu'elle se rendait jusque là-bas.

Jersey balança le cylindre sur le sol lorsqu'elle lu inspirer jusqu'au filtre. Elle l'écrase avec la pointe de sa chaussure droite. Elle reprit son chemin immédiatement. Elle expira une nouvelle fois et c'était une volute blanchâtre moins épaisse que celle qu'elle faisait alors qu'elle expirait de la nicotine, envahit le ciel. Elle inspira un grand coup et prit un chewing-gum à la menthe qui traînait dans son sac et encore dans son petit emballage en aluminium avec d'autres. Elle le mit dans sa bouche et mâcha autant qu'elle le su avant d'arriver devant les grosses et lourdes portes en bois de la seule bibliothèque de la région. Il n'y en avait pas d'autres et pourtant, il n'y avait pas grand-monde qui se poussait pour y entrer. Quelques étudiants autant en secondaire qu'à l'université y allaient ainsi que des passionnés de lecture, mais pas grand monde y allait quand même.

Jersey cracha d'abord la pâte à mâcher dans un buisson, le plus discrètement et de la manière la plus féminine qu'il soit et poussa ensuite les portes pour faire son entrée dans la bibliothèque. Elle n'avait pas prit ces livres avec, juste l'un des manuscrits qu'elle devait lire le plus rapidement possible pour pouvoir remettre son compte-rendu à temps et peut-être le défendre contre les romans pour les faire publier. Elle espérait que cette fois, elle allait réussir et ne pas laisser passer une nouvelle perle rare tout simplement parce qu'un monsieur juste au-dessus d'elle dans la hiérarchie de la maison d'édition avait décidé que ces livres étaient inexploitables et inintéressants alors qu'ils auraient pu facilement apporter des centaines et même des milliers d'euros à l'entreprise.

Nael releva la tête alors que la jeune femme était au centre de la pièce et regardait tout autour d'elle, semblant chercher quelque chose. Elle la fixa avec un sourire compatissant et chaleureux sur les lèvres, mais tout aussi maternel et protecteur. La brunette se retournant, sentant des prunelles sur elle. Elle reconnût tout de suite celle qu'elle considérait comme sa mère et se dirigea vers celle-ci, le sourire aux lèvres même s'il n'était pas très grand, au moins il rayonnait de sincérité et c'était le plus important. Elles se firent la bise et la plus âgée des deux fit un signe de la main pour qu'elles se dirigent et prennent place sur l'une des nombreuses tables présentes au milieu de la salle.

Jersey se souvenait, qu'il y a quelques jours seulement, elle écrivait à son cher blond sur l'une de ses tables sous l'œil attentif et maternel de Nael. Elle s'installa, déposant son sac au sol et tirant l'une des chaises vers l'arrière pour ensuite déposer ses fesses dessus, à deux tables de celle de l'autre soir. Elle souriait doucement et la dame âgée se mit juste en face d'elle, les mains jointes et posées sur la table avec un regard interrogateur sur la jeune brune. Elle sentait le rouge lui monter aux joues alors qu'elle avait remarqué, rien qu'au regard que lui jetait celle qu'elle considérait comme sa maman, que celle-ci savait qu'elle avait fumé. Son visage passa d'un rouge pâle, à un rouge cramoisi et presque comme une pivoine prêt à fleurir.

-Que me vaut ta venue ? Demanda la plus âgée.

-J'avais besoin de te parler, Nael, répondis la jeune femme.

Nael releva les sourcils, incitant ainsi la demoiselle à poursuivre. Jersey n'avait pas envie de dire ce qu'elle avait sur le cœur maintenant. Elle ne voulait pas commencer par le plus dur, pourtant, elle savait que cela ne servirait à rien de tourner autour du pot que pour passer outre ce sujet important. Cette dame saura toujours quand elle parlera de ce qui lui fait du bien ou du mal. Mais cela ne servait rien, Nael réussira quand même à la faire parler, peu importe tout ce qu'elle pourrait bien faire pour essayer de lui faire oublier qu'elle avait fumé et que pour qu'elle tire sur une clope, il faut qu'elle soit vraiment au plus mal, au plus bas et complètement étalé sur le bitume de la vie.

-J'ai envie de mourir..., murmura-t-elle plus pour elle-même que pour celle qu'elle considérait comme étant sa maman.

Nael ne fronça même pas les sourcils, comme si c'était tout à fait normal. Mais depuis qu'elle avait 12 ans et jusqu'à sa rencontre avec Jersey, cette femme avait toujours eu la mort dans le regard et aux trousses. Elle ne avait peur et avait essayé plusieurs fois de se tuer mais jamais elle n'avait réussit et toutes ces années de malheurs n'étaient pas si horrible que cela. C'était un mal pour un bien malgré que la brunette n'aille pas tous les jours la voir.

-Avoir envie de mourir, ma belle, c'est juste une façon qu'emploie ton subconscient pour te dire que tu as besoin de changer d'air. À moins que ne ce soit si fort que cela ? S'enquit Nael.

-Je crois que c'est tellement fort que je pourrais faire une connerie, chuchota la brunette.

La discussion continua ainsi toute la nuit jusqu'au petit matin. Les mots venaient, sortaient avec facilité ou difficulté mais pour une fois dans sa vie, la jeune femme parlait vraiment de ce qui n'allait pas chez elle, de tout ce qui la rendait mal. Elle n'avait plus prit ces antidépresseurs depuis 6 mois et elle avait le cœur serré qui était en train de ne plus avoir cette pression sur lui. Elle avait l'impression qu'elle pouvait enfin respirer, qu'elle pouvait enfin être heureuse et toucher le ciel. Elle avait l'impression qu'elle pouvait tout faire, jusqu'à même vivre. Elle avait des poids en moins sur ses épaules et délivrait Nael de quelques-uns de ces poids aussi.

Jersey fût invitée chez Nael et accepta sans même avoir l'idée de refuser une seule seconde. Elle avait besoin de compagnie ce soir, si elle ne voulait pas sombrer. Elle avait besoin que ce soutient continue d'exister et d'être présent pour elle. Pour une fois dans sa vie, elle n'avait plus l'impression d'être seule mais qu'il y avait quelqu'un dans le même bateau qu'elle et qui était prêt à tout pour survivre à la tempête. Elle allait écrire sa lettre à Niall chez la dame avant de dormir, mais ce n'était même pas grave. La fatigue la prenait et au pire, elle l'écrirait au petit matin ou au boulot. Cela n'avait pas vraiment d'importance parce qu'elle pouvait enfin compter sur quelqu'un pour de vrai. Puis, elle avait l'impression d'être enfin importante pour quelqu'un. Elle était libre.

***

Musique ; Chains - Nick Jonas