Le plan.

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Je m'en arracherai les cheveux. Ce sentiment d'impuissance. Ce sentiment que tu ne peux rien faire face à quoi que ce soit. Te rendre compte que tu es tout simplement aussi inutile qu'une poussière sur la surface de la planète. Quand tu perds tout, ne pouvant faire que le constat de ces pertes une fois qu'il est trop tard, incapable de retenir ne serait-ce qu'une once de bonheur. Tout glisse entre tes doigts comme une poignée de sable fin. C'est ça en fait. Oui c'est ce même sentiment que tu cherches à prolonger lorsqu'une poignée de sable chaud dans ta main t'arrache un sourire. Un sourire qui s'estompe au fil que le sable glisse, glisse, et glisse, et retombe là où il était avant que tu ne soit là. A ce moment, réalisant que tu n'as rien changé, que tout était redevenu comme avant ton passage, la main en suspend, constatant le vide glacial et le vent qui emporte les derniers grains nichés entre les lignes apparentes de cette jolie main fine. Ce moment là tu l'a vécu et ce sentiment dont je parle tu le connais. Ce sentiment c'est celui qui te fait en vouloir plus. Plus de sable. Plus de chaleur. Plus de bonheur. Et plus tu en veux, plus tu en prends, et plus il glisse vite.
Rends toi compte maintenant que tu ne peux rien faire d'autre que de le regarder s'écouler inexorablement.
Ce sentiment désagréable de ne rien pouvoir changer... Tous les jours j'y pense. Tous les jours des Hommes naissent. Et tous les jours d'autres meurent. Et jour après jour on ne peut rien y faire. Les Hommes sont condamnés à regarder passer leur vie et celle des autres comme un mauvais film à suspense. Tellement prévisible.
Tu penses à tout ça. Tu es profondément désolée, profondément blessée. Tu as mal, mal pour la Terre entière. Tu pleure, pensant que ton existence ne mène à rien si tu ne peux rien changer, si tu ne peux rien faire de mieux pour tous ces gens qui ont besoin d'aide. Tu as envie de lancer, frapper, casser tout objet croisant ton regard.
Calmes toi, te souffle une toute petite voix dans ta tête.
Tu enfouis ta tête dans tes manches de pull et pleure de plus en plus. Tu n'y arrives pas. Tu n'y arrivera jamais. En 15 ans d'existence et à peine 10 ans étant lucide et au courant de tout les faits, tu t'es remise en question tellement de fois qu'il est impossible pour toi de penser à un avenir où tu aura une vie structurée et un mental d'acier. Tu sera toujours faible. Jamais tu n'arrivera à quoi que ce soit et tous les petits moments de bonheur que tu as eu n'étaient qu'une excuse pour ne pas lâcher prise. Un test pour voir qui serait assez intelligent pour se rendre compte que la vie n'est qu'une parfaite blague. Tu n'es pas de ceux qui pensent être assez fort pour aller au bout en sachant toute ces choses et en ayant vu tant d'horreurs. Tu es sur le point d'abandonner.
Tu t'allonge pour réfléchir et te calmer un peu. Tu mets tes écouteurs pour ne plus entendre que ta sourde réflexion. Puis il y a cette chanson. Il y a toujours cette chanson. Celle qui te fait pleurer quand ça ne va pas mais qui te fait aussi croire au peu d'espoir qu'il te reste. Il y a cette voix. Il y a ce texte. Ce texte que tu interprète comme une consigne de vie.
La vie est un arc en ciel. S'il n'y avait aucune pluie et pas un rayon de soleil alors rien de tout ça n'existerait.
Puis tu te remémore cette citation que tu avais pris à coeur.
'God as a plan'. [Trad: Dieu a un plan.]
Peu importe qui, ou quoi, se trouve là haut, où autre part d'autre. Quiconque à un semblant de pouvoir sur nous tous... Il a un plan.

Quelques banalités poétiques. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant