Texte 5- Comme elle

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Je regarde d'un air furtif tout autour de moi. Je ne vois que ce vieux parquet craquelé marron, encore lisse à certains endroits. Je ne vois pas ces hommes qui marchent à longueur de journée, ni ces minis hommes qui courent partout. Aujourd'hui, personne ne mourra. Personne ne souffrira. A cet instant, je repense à une ancienne amie avec qui j'avais déménagé et qui s'était faite tuée...Je n'ai jamais retrouvé son corps. Je n'ai jamais vu son meurtre, mais l'on m'a raconté comment cela s'était produit. Elle est morte dans d'atroces souffrances.

Un bruit sourd se fait entendre, rompant ainsi la tristesse de mes pensées. Je me tourne pour faire face au bruit monstrueux qui me donne mal au ventre. Mon corps est comme parcouru de spasmes courts qui me paraissent violent. Je suis paralysée, j'ai peur, je suis morte de peur...ce qui se dresse devant moi, montrant toute sa splendeur et sa puissance, c'est un homme. Je vois ses pieds avancer vers moi d'un pas rapide et grand. Je décide alors de courir sur le côté pour ne pas qu'il me voit et pour ne pas que je me fasse écraser. Cependant, je sais que c'est peine perdue. Il va m'avoir et je vais certainement mourir ici, sous le poids de cette énorme chaussure.

- Oh ! Une fourmi ! Entendé-je.

Sa voix tambourinait dans sa cage thoracique. Elle me semblait lointaine et grave. Mais il s'approcha davantage et bientôt, j'étais plus à même de pouvoir distinguer les traits de son visage et de me sentir en danger. Cet homme aux cheveux couleur noir et aux yeux marron s'empressa de plaquer sa main contre le sol, me faisant trembler de peur. Je reculais vivement, me sentant prise au piège.

- N'aie pas peur, je ne vais pas te faire de mal. Dit-il comme s'il pensait que je le comprenais.

J'étais tout à fait sceptique à l'idée qu'un homme ne pouvait pas me faire de mal, néanmoins, j'avais envie de le croire. C'est alors qu'il à ouvert sa main et m'a dit de monter, ce que j'ai fait très lentement. Il s'est ensuite relevé et a continué de marcher le long d'un couloir que j'aurais certainement mis une dizaine de jours à traverser. Au bout de ce dernier se trouvait une porte que je trouvais immense ! L'homme est sorti et l'air s'est engouffré dans mon système respiratoire. Je sens l'air passer en moi et m'envahir. Je me sens libre, je me sens bien. Je suis dehors, dans l'endroit que je préfère, je ne suis pas perdue et en compagnie d'un humain qui m'aide. J'ai décidé de croire en ces êtres. Peut-être ne sont-ils pas aussi mauvais qu'on le pense...

- Regardez ça les gars ! Le mec se trimbale une fourmi dans la main ! S'écrie un autre homme non loin de nous.

Le garçon qui vient de parler est accompagné de deux autres personnes. Celui qui me tient me couvre de son autre main, pour ne plus que je sois exposée à la vue de tous. Je suis dans plongée dans une sorte d'obscurité lorsque je le sens s'éloigner des voix qui fusent et qui crient qu'il devrait me tuer. La réaction de l'homme qui m'aide me fait pousser des ailes, je me sens bien car je peux me dire que je suis en sécurité avec lui.

Les voix des autres hommes s'estompent au fur et à mesure, puis, le calme est soudain présent, plat et finit par devenir presque pesant, oppressant même. Je me sens mal et je voudrais pouvoir m'en aller. La même peur que j'avais ressentie jusqu'à tout à l'heurem'assaille ; si bien que je commence à bouger.

- Je vais te poser là.

L'homme s'abaisse et me découvre pour qui je puisse voir où nous sommes. Il pose sa main dans l'herbe et je descends. Je sens la rosée du matin m'humidifier le corps et je vois un sourire se dessiner sur le visage de mon sauveur.

Je l'ai vu se baisser une dernière fois. Oui, je le voyais pour la dernière fois, cette façon de sourire, ces grand yeux brillants n'ont jamais été ce que je croyais...Ce fut lorsque qu'il me prit une patte et qu'il me l'arracha que je compris.

Mes yeux s'ouvrirent et le paysage tournoya autour de moi, ma tête me faisait souffrir le martyre. Il me fallut quelques instants pour m'apercevoir que je n'étais pas dans l'herbe et que tout ce que j'avais vu n'était pas réel. C'est ce que je croyais, car la seule chose qui appartenait à mon rêve et que je ne voulais pas voir dans la vraie vie, c'était un homme. Il était là, me surplombant et souriant. Sa bouche fine formait une ligne droite parfaite, faisant remonter ses pommettes et plissant ses yeux. Sa main était au niveau de son cœur. Il tenait quelque chose que je ne connaissais que trop bien. C'est alors que je me rendis compte qu'il me manquait une patte. Ne me laissant pas plus de temps pour penser à ce qu'il s'était certainement produit, l'homme lève son pied vers moi et l'écrase, heureusement pour moi, j'ai eu le temps de m'échapper. Il s'abaisse et plaque sa main à côté de moi et m'arrache une autre patte, j'hurle de douleur, je sens mon corps faiblir, mon corps me brûle et je sens que je vais mourir. Mon cri me fait mal à entendre et à projeter hors de moi. Je n'ai plus de force, je mesens vidée de toute énergie. Il m'arrache alors mes antennes avec une telle violence que jene parviens même plus à bouger. J'avais essayé de me débattre, en vain. Ma tête saigne, mon corps tout entier est endolori et mon corps semble sur le point de me lâcher...

Puis, la seconde qui suit, un petit bâton se plante en plein dans mon thorax, ainsi que dans mon abdomen. Mon souffle me quitte, je sens ma vie qui sort de mon corps à chaque expiration. J'ai fini par vivre la même chose que mon amie. C'en est finit de moi.


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