J'étais un insecte heureux, vivant sur un territoire pas très peuplé mais qui me convenait bien en Afrique. Le climat été bien chaud, la verdure de toutes parts et j'étais entouré de gens de mon espèce. Mais je ne partageais pas tout avec eux pour autant : notamment leur avis sur les humains qui habitaient également notre espace vital. Apparemment, l'Homme nous tuerait sans pitié s'il nous voyait dans les parages. Mais moi je pense que c'est faux. Mes collègues disaient que nous ne représentions pour eux que des nuisibles qui leur créeraient des piqûres immondes et incommodes. Que si nous les approchions de trop près ou que nous avions le malheur de faire trop de bruits, on finissait écrasé contre un mur. Qui a le droit de les juger ?Bien sûr que nous nuisons à leur tranquillité, tout comme ils nuisent à la notre. Mais était-ce une raison valable pour les traiter de la sorte ?Je ne pensais pas. J'étais fasciné par les Hommes. Ils m'intriguaient. Leur façon de se déplacer sur deux pattes uniquement, leur tête rigolote et à la fois étrange, leur mode de vie ...Qui a t-il de plus intéressant pour nous, la sous-classe des êtres vivants ?! Mes proches me déconseillaient fortement de les approcher, mais je ne les écoutais pas, ce n'était que des rumeurs !Et puis il suffisait d'être prudent et de les observer de loin ! Un jour, alors que je volais au-dessus d'un champ, j'aperçus au loin ce qui me semblait être une habitation humaine. Poussé par mon immense curiosité, je décida de m'en approcher : en-bas, une famille de 5 ou 6 humains se regroupaient à l'intérieur d'une sorte de nid d'Homme. J'étais comblé par tant de choses à découvrir. Tout chez cet être est magique : à commencer par les petites lumières qui brillent lorsqu'il appuient sur quelque chose quand il fait noir, ou encore les barrières transparentes dans lesquelles on se cogne tout le temps et qu'ils mettent partout autour de leur nid... Je suis resté très longtemps à observer cette famille. C'était celle que je n'avais jamais eu. Je les aimais. Parfois je les voyais secourir un animal ou un insecte et je me sentais heureux, heureux de voir que les Hommes n'étaient pas comme on le disait chez moi. Un matin ,j'ai entendu une rumeur qui disait qu'une maladie nous contaminerait un à un dans la région, et pourrait même toucher notre source de nourriture, les mêmes humains que j'affectionnais tant. Au fond de moi j'espérais que c'était faux. Je continuais à vaquer à mes occupations, à piquer de temps en temps afin de me régaler du sang qui m'était si cher. Mais au fond de moi, quelque chose clochait je le savais. Je n'avais aucune patte cassée, je mangeais à ma faim et je respirais un bon air mais je me sentais tout de même mal. Quelques semaines plus tard, je me rendis à l'intérieur du nid de ma "famille humaine". La plus jeune de la famille dormait paisiblement dans son lit. Il me prit alors une immense faim. Je ne pouvais attendre plus longtemps sachant que du sang frais se tenait à ma portée. Je savais qu'il y avait un gros risque mais mon ventre prit le contrôle de ma raison. Je n'avais jamais encore piqué ces Hommes là car je ne voulais pas risquer de les nuire, comme nous le faisions avec les autres apparemment. La fillette se retourna sous ses draps et je voleta jusqu'à son bras droit sans un bruit d'aile perceptible. Et d'un coup déterminée (avec tout de même une pointe de peur et de culpabilité) je piqua. Hop ! C'était fait. L'humaine ne cilla même pas, plongée dans ses rêves. Je reparti me nicher sur le rebord de sa fenêtre pour y passer la nuit. C'est quelques jours plus tard que tout pris une tournure pathétique : quelque chose n'allait pas dans la famille, je le sentais. Ils s'affolaient tous autour de la fillette, et je ne comprenais pas... Plusieurs mois après, elle restait constamment blotti dans son lit, et avec un air bizarre. Puis un an plus tard, je ne la vis plus. Plus rien. Pas une ombre de la fillette, juste des visages tristes sur les autres membres de la famille humaine. C'est bien après que je compris, lorsque moi aussi je me senti faible : j'étais atteint du paludisme, et en piquant cette fille trop pauvre pour se soigner, je l'ai contaminée. Voilà ce que m'a coûté d'avoir voulu m'approcher des humains de trop près : jusqu'à ce que la maladie m'est emporté, je n'ai plus jamais approché les Hommes ...
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