Monsieur Le Président des USA

Chapitre 4

Je la vois tomber à terre et ça me met hors de moi, de voir à quel point il se sent supérieur à chaque fois qu'il fait du mal à quelqu'un. Je le pousse alors, un peu trop violemment, et il tombe au sol. Je m'excuse en me sentant coupable de cette histoire de cons puis je prends Cher par la main pour la faire sortir avec moi. J'entends Louis rager derrière moi et, de m'être battu avec lui me donne mal à l'estomac. Je propose à Cher de rentrer mais elle préfère rester pour son cours d'art alors, je vais m'installer dans un coin tranquille de la bibliothèque où je pose mes écouteurs à mes oreilles et j'admire le monde d'une autre façon en me posant toutes sortes de questions stupides qui ne devraient pas être dans mon esprit.

*Pourquoi Louis est comme ça depuis le lycée ? C'est quoi son souci au juste avec les autres mais surtout avec moi ? Et si j'avais fait quelque chose de mal sans m'en rendre compte et que ça serait la raison pour laquelle il est méchant et vraiment trop soucieux que de son nombril ? A dire qu'on était potes avant...*

En soupirant, je m'aperçois qu'il faut que je découvre ce que je lui ai fais de mal. Il y a forcément un truc qui ferait qu'il soit méchant avec moi non? Oui mais, je n'ai aucune envie d'allé lui parler ! Il est chiant et méprisant puis, il ne me le dira jamais s'il y a vraiment quelque chose. Je soupire une seconde fois et je prends la décision de me lever. En retirant mes écouteurs, j'entends mon prénom se répéter dans le micro me demandant de venir « immédiatement » dans le bureau du directeur.

Louis aurait-il fait la balance ? Tout de même étonné, je marche vers celui-ci avant d'attendre devant. Monsieur-le-leader-populairement-chiant* en sort avec sa maman et, la mienne arrive derrière moi ce qui me fait sursauter. Je n'ai pas le temps de lui demander ce qu'il se passe que nous sommes déjà tous les deux dans le bureau. Ca ne sent pas bon cette histoire merdique. Je m'assis sur l'une des deux chaises et le directeur prend place face à nous.

- Je voulais vous voir pour le voyage. Seul dix élèves ont été sélectionnés par manque de budget et j'avais le souhait que vous partagiez tous un dortoir mais bien sur, il me faut votre accord.

Ma mère semble frustrée mais ce sujet me soulage vraiment. Ça aurait pu être pour une bagarre. Si ma mère avait été appelé pour l'histoire dans les toilettes, je serais probablement déjà enterré dans mon jardin.

- Je ne veux pas que mon fils dorme avec des gens qu'il n'apprécie même pas !
- Je comprends parfaitement madame c'est pourquoi nous vous demandons votre accord en vous indiquant bien sur que si vous avez une réponse négative, votre fils ne fera pas partit de cette sortie scolaire.

Je fixe ma mère du regard. Si elle dit non alors que je m'en réjouis depuis hier soir, je la tue.

- Je vais y réfléchir monsieur.

Dans ses paroles, ça semble tout réfléchit et je hais ça. Je hais lorsque je sens un non arriver en pleine figure et qu'elle continue à juger chaque moment de ma vie comme elle le chante et non pas comme je le souhaite. Nous sortons tous les deux du bureau et je l'accompagne jusqu'à sa voiture en lui suppliant de dire oui. Elle est tellement dure que l'on pourrait la comparer à Louis alors, j'ai envie de la haïr autant que lui quand elle me dit que ça n'est pas discutable, quand elle me sort qu'il est hors de question que je partage une chambre avec dix étudiants dont elle ne connait même pas le nom et qui seront en plus, pour la moitié, des filles. J'ai l'impression d'avoir six ans... Ok, elle est très religieuse et comprendre que son fils a déjà eu une première fois la tuerait (et c'est pour cela que je ne lui dis pas) mais ça n'est pas une raison ! Lorsque j'y repense d'ailleurs, ma première fois était merveilleuse. C'était avec une magnifique Léa que ma mère haïssait et ça rendait les choses encore plus tentantes, qu'elle la déteste. C'est la seule fois où elle m'a laissé faire de ma vie ce que je voulais sans savoir que je sortais avec elle. Pour elle, ce n'était qu'une amie qui se croyait plus intelligente que les autres en voyant le monde différemment. C'est elle qui m'a fait prendre certains risques dont je ne regrette pas une seule seconde. Comment regretter de partir une journée entière en séchant les cours pour s'amuser comme des dingues. C'est ce soir là, d'ailleurs, où ma mère a commencé à juger ma vie de A à Z.

Je pars en râlant à sa réponse stupide et ignore tous ces regards qui me dévisagent. Je vais m'asseoir dans ma voiture en attendant Cher pour mieux grogner tranquillement mais attendez... Je viens d'avoir une idée. La seule idée possible pour que j'aille à Washington.

J'attrape une feuille en repensant à cette journée merveilleuse que j'ai eu il y a trop de temps avec Léa et je commence un petit récit et retourne au bureau de proviseur avant qu'il ne rentre à son domicile, pour lui donner la lettre que ma mère est censé avoir faite concernant son accord favorable à ce voyage. Heureusement que je sais imiter sa signature et, après tout, j'ai quand même le droit de juger ma vie comme je le veux. Maintenant, plus qu'à trouver une excuse pour mon absence de trois jours à partir de lundi à moins que je lui dise la vérité mais elle va être hystérique. J'ai l'impression d'être au collège, de n'avoir que 13 ans pour en arriver là. Il faut vraiment que je mette les points sur les i afin qu'elle comprenne sérieusement que je veux et que je peux faire ce qu'il me chante de ma vie.

Je retourne à la voiture et Cher m'y attend déjà. Elle monte sans un mot quand je déverrouille celle-ci et je démarre. Elle reste muette et je trouve ça étrange. Je lui pose des questions sur sa journée mais elle ne répond que par oui ou pas non. Je la laisse donc tranquille et rentre dans la petite maison avec l'espoir de tomber sur ma mère pour discuter de tout ça.

Je crie de haute voix un « MAAAAMAAAAANNNN » et je la vois apparaître devant la porte de la cuisine. Je vais alors à sa rencontre et je comprends parfaitement qu'elle devine le sujet de la conversation que je souhaite. Elle essaie de le repousser à plus tard alors que je sais qu'avec elle, ce n'est jamais du moins, le temps que je ne sois pas d'accord avec elle, mais je m'assois sur une chaise en croisant les bras et me mets à râler comme je sais bien le faire.