La première lettre

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Chère Jersey,

Oui, je vais commencer ma lettre comme tu le faisais. Je ne vois pas vraiment de meilleure façon de le faire non plus. Je vais être franche avec toi, jamais je ne me saurais cru en train de t'écrire une lettre. Tu connais mon souci avec l'inspiration et à lier vraiment les mots entre eux. J'y arrive encore avec les chansons mais c'est tellement dur quand même, la difficulté reste encore présent. Jamais je n'aurais cru t'écrire une lettre et pourtant, je suis arrivé au point de le faire.

Jersey, je suis en train de t'écrire et je le réécris et réécris encore et encore parce que je n'arrive pas à y croire. Je t'écris et c'est complètement fou et absurde parce que c'était toi qui m'écrivait, c'était toi qui avait un putain de talent pour l'écriture ; qui se révélait plutôt comme un don de Dieu. Tu écrivais tellement bien que je me sens de coucher ces mots-ci sur le papier. Je me sens comme un abruti qui ne sait point écrire, qui ne sait pas aligner deux mots sans faire une faute d'orthographe ou de conjugaison ou encore d'accord, ou plus simplement, qui doit faire une rature parce qu'il ne sait pas écrire correctement et lisiblement. Tu écrivais tellement bien, autant dans ta façon d'aligner les mots que dans ta façon d'écrire. Tes mots étaient doux et ton écriture si lisible et si belle. Tout le contraire de moi et de ce que je suis en train de coucher sur le papier et je tiens à m'en excuser.

Jersey, tu ne peux pas savoir à quel point je me sens con. Con, mais terriblement con. Je suis sûrement le plus pire de tous les abrutis que cette Terre ait pu avoir. Je le resterais toujours. J'ai rompu avec toi parce qu'on me l'avait conseillé –enfin ordonné plutôt- pour ne pas casser mon image et me rendre plus disponible pour les fans. Ça le fait mieux si nous sommes célibataires, ou du moins que l'un de nous le soit. Je ne sais pas si tu vois ou comprends ce que je veux dire. J'en doute fort, même si tu essayais parce que nous ne vivions pas clairement dans le même monde.

Tu avais ton petit appartement et tu travaillais tous les jours sauf le week-end pour avoir un salaire et de quoi te payer à manger, à boire ainsi que pour payer le loyer et les factures. Tu travaillais en faisant ce que tu aimais le plus faire ou du moins l'une des choses que tu aimais le plus faire ; lire. Tandis que moi, je vivais dans un monde d'argent, de chansons, d'inspiration, de fans, de rumeurs, de paparazzis, de business.

Je dois t'avouer, que parfois, je ne m'y sens pas vraiment à ma place et j'ai l'impression de jouer un rôle, de ne pas être totalement moi-même. J'ai parfois cette impression que j'enfile un masque et que je suis une personne et que je ne peux point retirer ce masque tant que je ne suis pas hors-champ des caméras et des flashs des appareils photos. Même si les fans sont présentes, cette impression vient de plus en plus souvent et je ne sais même pas pourquoi.

Jersey, je suis vraiment désolé tout ce que tu as du enduré par ma faute, autant lorsque nous étions ensemble qu'après. Je m'en veux pour toutes ces années où j'ai sûrement été une part de la source de ta douleur et de ta souffrance si je n'en étais pas la principale source. Je m'en veux, parce que tu avais le droit d'être heureuse et je n'arrivais jamais à te combler comme il le fallait, sinon pourquoi aurais-tu tenté de te suicider une semaine avant que je mette un terme à notre relation ?

Tu disais que c'était parce que tu avais besoin de te sentir à nouveau vivante, ce que tu ressentais uniquement en ma présence mais, permets-moi d'en douter. Je ne te crois pas totalement, parce que pour en venir à vouloir s'ôter soi-même la vie, c'est qu'il n'y a pas qu'une simple envie de vivre ni un manque en soi. C'était bien plus complexe que cela et on ne pourra jamais savoir vraiment pourquoi. Tu es morte à présent, sans le désirer et c'est complètement con. Quand tu veux mourir parce que tu vas mal, tu dois continuer de vivre parce que tu te rates et maintenant que tu voulais vivre absolument et que le bonheur te souriait enfin, il faut que tu meures.

Jersey je m'en veux vraiment beaucoup pour tout ce dont tu as eu malheureusement le droit lorsque nous étions ensemble. Entre les paparazzis qui nous épiaient constamment, certaines fans qui ne t'aimaient pas, certaines fans qui étaient simplement jalouses, certaines célébrités qui ne supportaient pas notre idylle ou simplement mon groupe. Je suis vraiment désolé pour tout ce que tu as du subir, d'être passé de l'anonymat à la petite amie d'un des chanteurs les mieux payés du moment. Tu ne peux pas savoir comment j'ai essayé de te protéger de tout cela, mais c'était techniquement impossible. Les médias et la presse n'ont jamais été contrôlables.

Jersey, maintenant que tu n'es plus de ce monde, je me rends compte que j'avais vraiment besoin de toi. J'ai été le plus grand des cons de rompre avec toi, pour une histoire d'image et d'argent. J'ai été con sur le coup et à présent, je suis noyé dans les regrets. J'aurais pu éviter que tout cela n'arrive. J'aurais pu empêcher tout, mais je n'ai rien su faire. J'ai rompu avec toi et maintenant que tu es morte, je me rends compte à quel point tu étais une perle rare et que tu étais sûrement « la bonne ».

Jersey, je me demande si tu n'étais pas celle dont j'avais réellement besoin, celle qui me convenait le mieux, celle dont j'aurais toujours des sentiments malgré le temps, celle pour qui j'aurais toujours l'espoir de la voir revenir dans mes bras. Je me sens con de t'avoir laissé me filer entre les doigts, ton bonheur faisait le mien mais plus jamais je ne pourrais te revoir. Je ne sais pas comment te le dire, sûrement que mot pour mot serait la meilleure des façons pour que tu le comprennes même si tu te trouves sur ton petit nuage blanc au paradis. Mais je ne suis pas sûr que tu aies aimé que je te le dise ainsi, malgré que je ne voie pas d'autre façon de le faire non plus. C'est tellement con, tellement simple mais pourtant, je n'y arrive. C'est beaucoup trop dur pour moi.

J'avais réussis à tourner la page, Jersey mais voilà que tu reviens en force sans même que je ne m'y attende, sans même que je n'y prépare. Ça m'est tombé dessus, comme ça, sans que je n'aie le temps de le voir arriver. J'ai un deuil à faire maintenant, le tien, et je ne suis pas sûr d'être capable de le faire un jour. Je ne suis pas sûr d'y arriver. Tu as été la personne la plus importante de toute ma vie pendant 3 ans, du jour au lendemain, j'ai du essayé de passer à autre chose en rompant avec toi. Je pensais avoir réussis, mais en réalité, tu étais dans un coin de ma tête.

Tu étais là, silencieuse et délicate, comme tu l'as toujours été et maintenant, tu reviens à la charge comme jamais. Tu reprends possession de toutes mes pensées, autant des belles et des douces que des malsaines et des horripilantes. Tu prends toute la place, à nouveau et je ne suis pas sûr d'être capable de te faire taire à nouveau. Je ne suis pas sûr d'être capable de passer à autre chose, une nouvelle fois. Je ne crois pas être capable de te ranger de nouveau dans un coin de ma boîte crânienne. Je ne crois pas en être capable et c'est sûrement parce que j'en suis incapable.

Jersey, je crois que je vais en avoir le courage et la force. Je vais l'avoir juste pour toi, juste pour te dire ce qui me reste dans le cœur depuis si longtemps et que je n'ai pas eu le temps de te le dire assez souvent lorsque nous étions ensemble ou encore après. Tu ne peux pas savoir à quel point je m'en veux de ne pas avoir répondu à tes lettres, mais je ne voulais pas rajouter une couche à ta douleur, je n'avais pas non plus le temps d'y répondre et l'agent de mon groupe refusait de me laisser te répondre mais malgré tout, j'ai toujours tes lettres et il m'arrive de les relire.

Même si cela est important, ça ne l'est pas tellement que ça comparé à ce que j'aimerais vraiment te dire. Je suis encore amoureux de toi, tu me manques tellement et mes sentiments ne font que s'accroître encore et encore. Et tu avais raison, la vie est une garce mais faut la prendre telle quelle.

-Niall

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Musique ; Say Something - A Great Big World ft. Christina Aguilera




Dear Jersey//n.hOù les histoires vivent. Découvrez maintenant