Chapitre 15 : Enfin.

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"Raconte moi, s'il te plait."

Après le repas avec Cody et nos parents, j'ai ressentis le besoin de venir me "purifier" dans la forêt, alors il a tenu a m'accompagner. Ça fait 5 minutes que l'on marche, à parler de tout et de rien, mais je sentais bien qu'il allait falloir lui expliquer. Comme je reste silencieuse, il prend ma main d'un geste doux et je tourne la tête vers lui. Je sais que je lui doit bien une explication. Alors je hoche la tête et je commence depuis le début. Comment ça a débuté après son départ, jusqu'à l'explication d'Eli pour ma damnation. Je finis mon récit dans la forêt, assise sur un tronc d'arbre couché, avec Cody qui fait les cent pas en m'écoutant.

"C'est de ma faute ?
- Qu'est ce qui est de ta faute?
- Si tu as commencé à tuer dans cette incarnation.
- Stop."

Il se sent coupable, et c'est vraiment pas le but, par ce que de toute façon j'aurai fini par accompli mon destin, d'une manière ou d'une autre. Je le lui dit, et il a une moue boudeuse. Et comme j'ai aucune volonté, mais genre rien du tout, je me lève et le prend dans mes bras. C'est vrai, quoi, il était tout adorable à faire sa moue de bébé ! Bref.

"Tu me montres ?"

Je le regarde avec incompréhension quand soudain je percute, eurêka, il parle de la poussière. J'ai un rire nerveux. Je ne veux pas qu'il voit la partie de moi qui tue pour survivre. C'est contre nature, c'est ignoble.

"Je ne préfère pas, Cody. Ça va être de la poussière noire, et je ne veux pas que tu me vois faire ça.
- Fin je t'ai vu dans pire que de la poussière noire.. "

Le sourire malicieux qui accompagne sa remarque me donne envie de lui enfoncer la tête dans un tronc d'arbre, mais avec beaucoup d'amour. Il fait référence à la fois ou j'avais eu la magnifique idée de vouloir courir après des marcassins. J'avais environ huit ans - et donc Cody en avait 15 - et on jouait au loup dans la forêt - la partie où les arbres sont espacés, à la lisière du pré - quand j'ai vu ces adorables boules de poils trottiner à quelques mètres. J'avais huit ans, d'accord ? Ma réaction a été de leur courir après pour les câliner. Sauf que je suis tombée sur leur maman. Oui, oui. Un sanglier. Et pas genre un mini petit sanglier, c'était THE sanglier, le machin avec des défenses et des yeux rouges. J'ai jamais courru aussi vite de ma vie. Comme je suis douée, j'ai hurlée comme une dératée et j'ai trébuché. Dans une marre boueuse, visqueuse.. J'étais tellement terrifiée que je l'ai traversée en mode survival, de la boue jusque dans les cheveux. J'ai ensuite grimpé dans un arbre en attendant que maman sanglier se lasse. Ça n'a pas trop trainé. Mais vous imaginez ma tête quand j'ai retrouvé Cody, qui me cherchait toujours ? Il aurait pu être inquiet, ou même dégouté. Bah nan, pensez vous. Il était tellement mort de rire qu'on devait faire des pauses en rentrant parce qu'il n'arrivait plus à respirer.

Alors je boude. Genre bras croisés et moue vexée. Quoi c'est vrai, il avait promis de plus m'embêter avec ça. Ce qui entraîne un fou rire. Alors je commence à partir et il essaye de m'attraper. Alors je cours, et j'essaye de grimper dans un arbre, sauf que monsieur m'attrape la cheville et je me viande sur lui. Et j'utilise le verbe "se viander" parce que ma chute est TOUT sauf classe.
Je me débat pour m'enfuir, parce qu'il est toujours en train de rire mais il a ses bras serrés autour de ma taille. J'atterris sur le sol et je rampe comme je peux et je le retrouve sur le dos en un clin d'œil, avec un Cody couvert de feuilles et de brindilles, mais souriant. Je dois pas être mieux, remarque. Il profite du fait que j'ai arrêté de bouger pour me chatouiller. C'est déloyal.

Fin ça dérape. Il pose son nez sur le mien et j'ai un rire neveux. Naturel, Alex, naturel. Mais il continue de me chatouiller et je suis rendue au point où je suis juste une loque épileptique sur le sol. Tant de sex appeal, pourquoi il continue de me regarder comme ça ? C'est vrai je ressemble plus à rien. Il fait que me regarder maintenant. Moi je reprend mon souffle (en mode gros buffle enrhumé, oui je respire la sensualité). Et ça y est. Il m'embrasse. Je vous fait pas de dessin. Il sent bon, ses lèvres sont douces, mon cœur fait des putains de bons.. Et ensuite il enfouit son visage dans mon cou, me respirant. Moi je regarde le ciel, à travers les branches. Et je me rend compte que c'est hyper romantique comme scène. Tous les deux allongés dans les feuilles, dans la forêt.. - Et non, je ne m'abandonne pas -(Ça c'est pour ma Loulou.. Elle se reconnaîtra).

"Tu te rends compte que je suis ton élève ?"

Il me donne une tape sur la hanche et je glousse, parce que non j'ai pas pu m'en empêcher.

"Tu devrais rentrer. Je te rejoins quand j'ai fini."

Cody soupire mais obéi. Heureusement. Je ne tiens pas à ce qu'il assiste à la scène.

On se relève et je lui enlève les feuilles qu'il a dans les cheveux, je l'embrasse rapidement et il rentre a la maison. Enfin. En fait, c'est pas vraiment que je veux pas qu'il voit ma poussière, c'est que ça pourrait être dangereux. Imagine que je vise mal ou que je perde contrôle ? L'image du petit oiseau que j'ai tué le première jour après mon réveil à l'hôpital me revient en tête et je frissone.

Mais d'un coup quelque chose change. Y a quelque chose de bizarre. Je regarde autour de moi et me rend compte de ce qui est étrange. Je n'entend plus le vent dans les arbres, ni les oiseaux.. On dirait que quelqu'un a mis pause sur le monde. Plus rien ne bouge. Et moi non plus je ne peux plus bouger. Ni respirer.

Je ne peux même pas me débattre. Et puis je tombe. Je ne comprend plus rien et mon esprit est dans le brouillard.

À mon réveil, croyez moi je suis sur le cul de découvrir un troupeau de gardiens. Et ils ont tooooous des sourires de débiles.

Sortez moi de la.

TinkerbellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant