Avant la cinquième lettre

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Niall passa sa main dans ses cheveux bruns teintés de blonds. Il se regarda dans la glace mais ne se trouva pas assez beau, pas assez bien, pas assez « comme il le faut ». Cela faisait déjà une bonne heure qu'il était devant son reflet, s'affrontant lui-même du regard. Il essayait de garder confiance en lui, mais toute celle qu'il avait s'envolait et se volatilisait de plus en plus depuis la mort de la brune. Il commençait à perdre toute la confiance qu'il avait en lui. Il doutait comme jamais.

Niall se mordit la lèvre inférieure alors que ses pensées se tournaient une nouvelle fois vers la jeune femme à la chevelure brune. Il l'imaginait derrière lui, le regardant avec un doux sourire sur les lèvres. Elle avait des étoiles dans les yeux et ce délicat souvenir embrasait les joues de l'irlandais. Il ne pouvait pas se permettre d'imaginer Jersey derrière lui en train de l'assurer qu'il était le plus beau de tous les irlandais, de tous les bruns teintés en blonds, de tous les hommes de la planète alors que sa petite amie du moment, Harika, était de l'autre côté de la porte.

Niall n'avait pas envie de mentir éternellement sur la nature de ses sentiments envers la jeune femme à la chevelure de jais. Mais il n'y pouvait rien, lorsqu'il se disait qu'il allait le faire, il baisse les bras et perds tout son courage. Il n'arrivait pas à lui en parler, puis elle ne l'aidait pas vraiment parce qu'elle ne lui permettait même pas d'en placer une. Harika commençait de plus en plus à exaspérer et à énerver le jeune homme, qui était au bord de ne plus en pouvoir. Il n'arrivait même plus à supporter lui-même et cette jeune femme ne l'aidait guère.

Harika entra subitement dans la pièce, sans même toquer ou demander la permission pour rentrer. Elle se plaça derrière lui, entourant le corps de l'irlandais de ses bras fins et un peu trop maigres pour qu'ils soient parfaits. Niall n'avait jamais réalisé à quel point elle était maigre et squelettique en réalité. Jersey était pire qu'elle parfois mais elle essayait de s'en sortir, en particulier avec l'aide du jeune homme mais la jeune femme était plutôt en train de sombrer que d'essayer de s'en sortir. Le blondinet se mordit l'intérieur de la joue, parce que c'était trop dur pour lui de voir quelqu'un ainsi, de voir quelqu'un sombrer sans essayer de se rattraper.

-Ca va ? Demanda soudainement Harika.

Niall écarquilla les yeux et se retenu de sursauter, il était tellement plongé dans ses pensées qu'il fixait le visage de sa petite amie. Il avait presque oublié comment il fallait faire pour respirer et il ouvrit la bouche pour respirer comme il se devait. Il inspira rapidement plus que par le nez et ferma la bouche alors que ses prunelles bleues se plongeaient dans celles d'un mélange de forêt pleine de sapin et d'un gris comme les nuages en période pluvieuse. Il secoua la tête de droite à gauche, la baissant et ensuite la releva pour affronter à nouveau le même regard, plein d'amour mais de peine en même temps. Harika était une mannequin et devait garder toujours la ligne, surveillée son alimentation et parfois, quand elle était jugée trop grosse, faire en sortir de maigrir encore plus.

-Oui et toi ? Murmura le jeune irlandais.

Niall savait très bien qu'elle allait mal et que lui aussi mais il devait se voiler la face et rattraper tout le monde dans la chute parce que si lui ne le faisait pas, ce n'était pas Harika qui le ferait. Elle ne se serait même pas capable de se rattraper elle-même alors qu'elle peut se montrer d'un égoïsme, parfois. Si l'irlandais ne le faisait pas, personne ne le ferait non plus pour lui parce que dans le monde dans lequel on vit, les gens préfèrent plus se sauver eux-mêmes que de venir en aide aux autres juste quelques secondes alors que cela ne leur ferait pas de mal.

-Oui, tu as l'air un peu ailleurs ces temps-ci..., chuchota la jeune femme dans le creux de l'oreille du jeune homme.

Niall se retenu de lever les yeux au ciel, de les faire rouler ou encore d'avoir un sourire narquois sur les lèvres. Il se retenu aussi sa bouche de dire ces pensées ; « C'est bien que tu le remarques, pour une fois que cela t'arrive, quel exploit ! ». Il essayait de rester impassible et en prenant une sorte de grande inspiration, il y arriva.

Il se retenait de sortir une phrase mordante et cinglante. Il n'avait pas envie de blesser sa petite amie avec une réplique cinglante et dure alors qu'elle était déjà assez mal. Il se sentait con aussi, parce qu'Harika n'en aurait rien eu à faire et aurait sortit ces mots, comme ça, telle une fleur alors que lui, altruiste maudit qu'il est, il se contente de lâcher un bref sourire et de retenir ses remarques plus dures et plus glaciales les unes que les autres en lui.

-Je suis juste un peu... préoccupé, articula-t-il avec difficulté.

C'était les seuls mots qui avaient réussit à passer la barrière de ces lèvres et il avait vraiment envie de se foutre une claque parce qu'il savait d'avance que cela attiserait la curiosité de la jeune femme. Harika n'était pas comme Jersey à voir quand elle était de trop, quand il ne fallait pas poursuivre dans un sujet ou quand elle allait dans un chemin miné.

Sa petite amie releva la tête qu'elle avait enfuit dans son cou et souleva les sourcils, de manière à le faire poursuivre mais il n'en avait pas la moindre envie. Il voulait juste qu'elle se taise, qu'elle disparaisse, être seul ou en compagnie de Jersey. Mais la brunette n'était plus de ce monde et il déglutit à cette pensée à laquelle il n'arrivait pas à se faire. Il n'arrivait pas à accepter cette réalité, à accepter un monde dans lequel elle ne faisait plus partie et qui, pourtant, était ce monde-ci.

Niall se retira de l'éteindre de la demoiselle et s'en alla de la salle d'eau, ne jetant pas un seul regard derrière lui. Il s'en foutait presque éperdument de ce que pouvait bien penser sa petite amie, malgré son altruisme. Il passa sa main dans ses cheveux, remit correctement sa chemise et son veston. Il regarda l'heure sur son cellulaire et sortit de la chambre d'hôtel sans même vraiment regarder l'heure qu'il était. Pour lui, c'était décrété que c'était l'heure de partir pour une énième cérémonie de remise de prix parce qu'il n'avait plus envie de rester auprès de la jeune femme ni même dans cette chambre d'hôtel un peu trop luxueuse à son goût, comme l'aurait été au goût de Jersey.

***

Musique ; Oh Honey - Until You Let Me


Dear Jersey//n.hOù les histoires vivent. Découvrez maintenant