« Cette lettre est pour toi, Aurore. Je t'écris aujourd'hui cette lettre pour te dire adieu. J'ai beaucoup réfléchi et je ne peux plus rester ici. C'est trop dur pour moi d'être dans ce monde. Tu sais que je t'aime plus que tout au monde depuis toutes ces années. Tu es la seule vraie amie que j'ai eue et la seule qui soit restée à mes côtés tout ce temps. Mais je ne peux plus vivre tout ça. Quand tu la trouvera je ne serai plus de ce monde. Je t'aime petite tortue. Amanda »
Sa mère m'avait appelée en rentrant de son travail. Elle avait la voix qui tremblait et ses mots étaient presque incompréhensibles. Elle m'avait juste laissé comprendre quelques brides de phrases. J'avais laissé mon téléphone tomber au sol et en attrapant ma veste d'une main je mis mes chaussures en un seul geste brusque. Je m'étais mise à courir dehors le plus vite que je ne le pouvais. Mon cœur battait si fort que même mes voisins auraient pu l'entendre. Plus j'avançais et plus la peur s'emparait de moi. Je savais seulement qu'il était arrivé quelque chose, qu'Amanda allait mal. Leur maison était à seulement deux cent mètres de chez moi. En entrant je me précipitais vers l'étage en criant pour savoir si quelqu'un était là. J'entendis la voix de la mère de mon amie émaner de la salle de bain. Je m'y précipitais alors, essoufflée. C'est la que je l'ai vue. Son corps flottait dans l'eau, le sang coulait de ses bras ouverts. Sur le mur, il était écrit dans son propre sang « désolée ». Je tremblais, mes mains s'étaient plaquées sur ma bouche pour étouffer le moindre petit cri qui voulait en sortir. Les larmes ne cessaient de couler. Sa mère était effondrée au sol, pleurant toutes les larmes de son corps, criant au secours comme si elle ne rendait pas compte de ce qu'il venait de se passer. Mon corps, tel un automate, s'était jeté vers Amanda. Je l'avait secouée, prise dans mes bras et tout en criant mettait mes mains sur ses bras pour cesser l'écoulement écarlate. Mais rien n'y faisait. Les voisins, alarmés par nos cris avaient accourus. Et avec un regard d'effroi à la scène qui se présentait à eux, ils avaient appelé la police et les urgences.
Les heures étaient passées, le temps était devenu pluvieux et mes larmes coulaient toujours. Nous étions deux aux urgences, presque seules dans la lumière d'une fin d'après-midi. Mes parents, d'un coup, entrèrent et se précipitèrent vers nous. Ma mère, tout en disant des mots qui me semblaient venir de loin, me prit dans ses bras. Mon regard était vide, dans le néant. Un médecin sorti d'une porte en envoyant dans notre direction un courant d'air aussi froid que l'étaient les murs de l'hôpital. Il se dirigeait vers nous et dans un soupir continu nous annonçait la triste nouvelle. Elle était morte. Elle avait succombé à ses blessures. La perte de sang lui avait été fatale. Le docteur nous annonça aussi que c'était un suicide, quelque chose de récurent chez les adolescents. Il ajouta qu'elle était sûrement dans un état de dépression et qu'elle ne supportait plus de vivre, que c'était quelque chose qui était devenu habituel chez les jeunes et qu'elle devait être très mal dans sa peau. Je ne croyais pas aux mots que je venais d'entendre. Elle s'était tuée, elle même, de ses propres mains. Cette personne que j'avais connue si heureuse, qui me paraissait toujours bien, qui était si souriante, que tout le monde l'aimait. Mais pourquoi elle? Pourquoi cette fille merveilleuse?
N'arrivant pas à supporter ce que l'on venait de me dire, je me levais et je partais tout en criant : "Vous la connaissiez pas, arrêtez de mentir sur elle!". Je courais, aveuglée par mes larmes. Je ne voulais plus voir ces personnes qui calomniaient sur mon amie. Il était pour moi inconsidérable qu'elle aie délibérément mit fin à sa vie. Je courais, sans souffle. Je ne pouvais plus entendre des mensonges, les infamies qu'ils disaient sur elle. Je courais, pour me réfugier. Arrivée dans les toilettes, je me mis à frapper les murs de toutes mes forces tout en criant. J'étais passée d'un état de choc à celui de la haine. Mes pensées s'emmêlaient, me poussaient dans la folie. Elle allait mal et je ne l'avais pas vu, elle m'avait abandonnée, elle était morte. Je criais toujours, je pleurais, je m'égosillais, j'asséchais mes yeux à cause de mes larmes. Je voulais qu'elle se lève, qu'elle revienne vers moi et qu'elle me dise que ce n'était qu'une blague. Je voulais encore rire avec elle, je voulais encore faire des dessins de paysages en riant pour après se dire qu'ils étaient moches. Mais ça ne semblait pas vouloir se passer selon mes volontés. Quelques instants plus tard, mes parents, la mère d'Amanda et le médecin entrèrent en trombe dans les toilettes. Ils me prirent par la force, me calmèrent puis m'emmenèrent dans la salle d'attente où nous étions auparavant.
Décidant qu'il s'était passé trop d'horreurs, ma mère décida que nous allions rentrer chez nous. Nous nous sommes dirigés vers la voiture. Mes jambes tremblaient et une sensation de froid intense s'était emparée de moi. En voyant le paysage défiler à travers les vitres, mes pensées vides ne m'embêtaient plus du tout. Je ne pensais à rien, mon cerveau n'analysait rien, je restais comme une plante dans son pot. Arrivés chez nous, mon père, d'une voix très basse annonça qu'il allait préparer le repas. Ma mère de son côté appela mon frère et ma sœur. Elle voulait leur expliquer la raison de leur absence et pourquoi ils ne devraient pas m'ennuyer. Quant à moi, je montais dans ma chambre et m'effondrait sur mon lit. Je m'endormit aussi, fatiguée des événements du jour.
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Aurore
RandomAurore a 16 ans. Sa vie paraissait banale mais un jour sa meilleure amie va se suicider. Tout en sombrant dans une dépression, elle va découvrir des secrets sur la vie d'Amanda qu'elle pensait jusqu'alors connaître...