Chapitre 3 : Midori

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Quand ce n'est pas l'un, c'est l'autre !

Bon sang, qu'est- ce qui m'a pris de voler au secours de cette pimbêche ! La nuit dernière elle se défendait très bien toute seule contre moi, adversaire plus sérieuse que cette espèce de boule de bowling sur pattes. D'un côté, si je n'étais pas intervenue, elle aurait tué la fille. Ça n'aurait pas été très bon pour ses affaires. Et d'après ce que j'avais pu apercevoir tout à l'heure, non seulement son frère est stupide, mais il a aussi besoin d'elle, tout comme elle a besoin de lui. Ils ont tous les deux mon respect pour ça. La famille, c'est sacré. Lorsqu'on a la chance d'en avoir une, il faut la chérir.

Quand j'ai entendu les paroles prononcées par boule de bowling et constaté les larmes naissantes dans les yeux de pimbêche, ainsi que la décomposition de son visage, mon sang n'a fait qu'un tour dans mes veines. Je ne sais pas comment, mais j'ai su. Qu'elle et moi on était pareilles. Bien sûr, je n'allais jamais lui faire le plaisir de le lui dévoiler.

C'est donc à ce moment-là que mon plan ingénieux entre en action. Il fallait à tout prix rattraper la tentative d'étranglement, que ça tourne en notre faveur, pour qu'on ne risque pas de sanction supplémentaire. Il allait falloir l'énerver assez pour qu'elle me frappe. Fort, si possible, pour que ça me laisse une marque. Une marque témoignant de sa culpabilité et de notre légitime défense.

Je commence donc par lui sortir un laïus très juste sur la politesse et lui demande de faire de plates excuses publiques à ma chère camarade ici présente. Évidemment, elle refuse et m'envoie balader chez plumeau. Je prends une grande bouffée d'air mental. Pas de coopération, comme c'est étonnant. J'essaie de l'avoir par la peur, mais elle est trop bête pour se rendre compte qu'elle a affaire à la chef de Bloody Sakura, alors que quasiment toute la prison juvénile est au courant. Les idiots pullulent.

Je passe donc à la manière forte et lui retourne les insultes qu'elle a proféré sur la famille de pimbêche. Tada ! Voilà enfin mon coup de poing qui arrive. Cette brute a au moins le mérite de taper fort. J'ai le goût du sang dans la bouche. Ne pouvant plus contenir ma colère, j'explose. Je saute sur boule de bowling telle un prédateur sans merci et la cogne. Pimbêche m'a suivie et s'occupe des « amies » de mon adversaire. J'assène un coup de pied en plein estomac à la grosse qui, le souffle coupé, s'affale par terre. Elle est hors d'état de nuire pour au moins un quart d'heure. Une bonne chose de faite !

La cantine est à feu et à sang. Tout le monde règle ses comptes ou prend plaisir à renouer avec les joies de la bagarre, sous les hurlements de l'alarme. Je ne m'attarde pas sur mon œuvre et vais aider pimbêche et ses cinq opposantes, avant l'arrivée des gardes. Il serait dommage qu'elle se tape une double fracture du nez ! Lorsque je surviens dans leur cercle de bataille, elles ont un moment d'hésitation. Elles ont peur de moi, elles savent d'emblée qu'elles n'ont aucune chance.

Elles n'ont pas le temps de prendre une décision que je vois les gardiens approcher de la cantine, par les grandes fenêtres. J'attrape pimbêche par le bras, avant qu'elle ne leur ressaute dessus, et nous éloigne de l'épicentre de la bagarre. Avec de la chance, ils ne sauront pas qu'on a participé à son déclenchement.

Pimbêche se dégage et me lance un regard noir. Elle ne semble pas contente que je l'aie arrêtée dans son élan et entraînée dans un coin plus calme de la salle. Décidément, elle est trop bête.

« Faut qu'on fasse semblant de se battre, sans s'amocher plus qu'on ne l'est déjà, crié-je pour qu'elle m'entende.
- Qu'est-ce que tu racontes comme connerie ?
- Tire-moi les cheveux et discute pas » m'énervé-je.

Elle fait ce que je dis en levant les yeux au ciel, comme si j'étais une imbécile de première. C'est le comble ! J'aurai dû la laisser se faire massacrer, tient.

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