Chapitre 1

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Aujourd'hui est le premier jour de ma dernière année au lycée. Je me réveille lentement, profitant de mes dernières minutes de tranquillité, sans ce stresse permanent qui m'envahit lors de la période scolaire. J'ai passé la moitié de ma vie à me consacrer totalement aux études dans le seul but d'obtenir une bourse, sans laquelle jamais je ne pourrai intégrer une grande université et si jamais je venais à échouer toutes ces années de restriction auront été gâchées pour rien. Peut-être aurais-je dû faire comme la plupart des jeunes de mon âge -du moins ceux de mon ancien lycée-, m'amuser en allant à des « party », boire, coucher, fumer: être insouciante.

La lumière soudaine me tire de mes pensées, et mon père apparaît dans l'embrasure de la porte:

-Alice, chérie, tu vas être en retard si tu restes une minute de plus dans ton lit.

Je tourne la tête dans tous les sens à la recherche d'une quelconque horloge car bien évidemment mon téléphone est encore en train de charger à l'autre bout de ma chambre.

-Il est 8h20, dit mon père et je saute aussitôt de mon lit. Et merde, je commence à 9h00, or il faut compté 15 minutes de bus et en temps normal 30 minutes pour me préparer. Sauf que nous sommes en période hors « temps normal »: je dois être présentable puisque c'est la rentrée mais je dois être triplement plus présentable étant nouvelle au lycée Davidson. J'ai horreur d'avoir des regards posés sur moi bien sûr mais il est inévitable d'être reluquée un jour de rentrée et encore plus lorsque l'on est nouvelle.

Je me précipite rapidement dans la salle de bain et saute dans la douche. En trois minutes chrono, mes cheveux et mon corps sont lavés. Je me brosse soigneusement les dents, au diable l'apparence je mise tout sur la bonne haleine. Qui sait ? Peut-être que je vais miraclement avoir la « tchatche » après deux années de -quasi- total silence. Je laisse mes longs cheveux bruns mouillés retomber sur mes épaules et glisse dans un jean denim simple et un débardeur noir. Je ne prend pas la peine de me maquiller, je ne le fait presque jamais d'ailleurs. Pas que je n'aime pas me pomponner loin de là, je ne suis pas contre une bonne séance de relaxation au spa mais quand il s'agit de maquillage une incroyable... Fainéantise ? Torpeur ? ou tout simplement Flemme m'envahit. Je prend rapidement mon sac, enfile une paire de converses blanches et quitte la maison sans oublier mon appareil photo que je glisse à mon épaule. J'ai toujours adoré la photographie et je ne me gêne pas pour prendre en photo toutes les choses qui m'intriguent ou m'animent, vivantes ou inertes soient-elles. Dans mon ancien lycée, il m'arrivait de prendre certains élèves mais très discrètement et je ne me suis presque jamais fait prendre. Je dis « presque » car une fois, un gars de l'équipe de foot, Jackson je crois, m'a prise en flagrant délit. J'ai eu le malheur de lui dire que c'était par ce que ma grande soeur, Liliane, l'admirait secrètement et qu'elle m'avait envoyé en mission pour le prendre en photo afin de l'imprimer en format poster et la collée sur le mur de sa chambre. Plutôt inventif et incrédible, je sais, mais ce fou ne m'a pas lâché de toute l'année en me demandant des infos sur ma soeur à longueur de temps. J'ai dû encore faire appel à mon incroyable imagination pour qu'il me lâche et lui sortir une photo bien dégeu de ce qui semblait être une femme très excessivement refaite. Enfin bref tout ça pour dire que j'aime la photo.

Je descend du bus et marche les quelques dizaines de mètres qui me séparent de mon nouveau lycée. Cette année est la dernière, je vais suivre les 3 règles capitales que je me suis imposées: Travailler, n'aller à aucun party et ne jamais remettre en cause ma réussite. Je veux rendre mon père fier et lui prouver que je ne suis pas comme ma mère.

Je monte les quelques marches du lycée et pénètre dans le grand hall où se trouvent la plupart des casiers. J'ignore les regards malsains d'un groupe de filles maquillées avec excès et vêtues de vêtements -si on peut appeler ça des vêtements- très courts et me dirige vers le bureau du proviseur. Il me donne brièvement le numéro de mon casier et le code ainsi que mon emploi du temps et un plan de l'école. C'est carrément gigantesque, elle est composé de trois bâtiments disposés autour d'un grand parc vert. Cela fait maintenant cinq minutes que la sonnerie à retentit et j'ai cours d'anglais à l'extrémité du lieu où je me trouve. Je cours, et arrive devant la salle essoufflée. Je m'adosse à la porte et glisse le long de celle-ci lorsque des bouffées de chaleur me prennent et que mes poumons s'encombrent d'air que je peine à recracher. Mes crises me reprennent et je les ai sous-estimées en laissant ma ventoline à la maison. Je ne fait pas d'asthme mais j'ai une légère malformation au poumon droit, tout ça parce que ma mère jugeait la cigarette plus importante que la vie de son bébé lorsqu'elle était enceinte. Peu importe, je tente de me relever mais c'est un échec, je retombe aussitôt au sol et ma toux s'amplifie.

Alice // HSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant