La douzième lettre : Famille

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Chère Jersey,

Je suis dans ma chambre. Ça fait bizarre d'y retourner après tout ce temps. Habituellement je dormais chez moi lorsque je revenais au pays, ou chez toi lorsque nous étions encore ensemble. Je suis sur mon lit dans lequel j'ai dormis pendant je ne sais combien d'années et je peux te dire que je ne l'ai jamais trouvé aussi confortable. Il est tellement mieux que ceux des hôtels à plusieurs étoiles, alors que normalement c'est censé être l'inverse. Mais à force de dormir dans des lits tout plus confortable les uns que les autres, retrouver un lit dans lequel on y a passé le plus de nuit durant toute sa vie fait du bien. Si tu étais là, tu serais capable de me dire que le matelas à mon odeur.

Les souvenirs affluent, en très grand nombre. Je me revois encore, avec Greg mon grand frère que tu aimais bien et qui t'aimait bien aussi, faire les autre cents coups au point de rendre folle notre mère. Nous étions vraiment des sales gosses, je te laisse me croire. Mais sûrement que sur ton petit nuage du jour, tu dois voir toutes les bêtises que j'ai faite avec et sans mon frère. Et toi qui croyait que j'étais un enfant sage et respectueux alors qu'il ne pouvait pas se passer une seule journée sans que je fasse une connerie et que ma mère ne m'engueule quand elle apprenait ce que j'avais fais. Bon, je vais être franche ce n'était pas vraiment de grosses conneries puisque je ne me suis jamais retrouvé dans le bureau d'un policier, ce qui fait que je suis un « gentil garçon chiant » mais je n'étais pas non plus un ange, loin de là. Je ne l'ai jamais été, d'ailleurs.

Jersey, je me souviens de toutes les fois où tu m'as appelé « mon ange ». Même si je souriais comme un con la plupart du temps où tu m'appelais ainsi, je détestais ce surnom parce que je trouvais et je trouve toujours qu'il ne me va pas. Il ne me correspond pas. Il ne me correspondra jamais de toute façon, même lorsque je partirais dans le ciel. Puis, je trouve que « mon ange » est devenu trop impersonnel. Tout le monde le dit à tout le monde. C'est devenu comme « je t'aime » ou encore « je t'adore ». Tout le monde le dit à tout le monde et cela m'exaspère. Dès qu'une personne quitte ce monde, elle devient un « ange » alors que si cela se trouve, cette personne était la plus gros connard qui puisse exister –ou la plus grosse pétasse si c'était une femme. « Ange » et « mon ange » sont devenus des mots généraux, que l'on dit à tout le monde parfois sans même le penser véritablement.

Jersey, je t'en prie si je t'appelle « mon ange », c'est parce que c'est la vérité. Tu étais déjà un ange avant de mourir. Puis, tu étais sûrement déjà morte depuis des années, peut-être même avant de me connaître. Tu n'avais plus aucun but dans la vie, tu errais dans ce monde en cherchant cette petite étoile. Tu croyais l'avoir trouver en me trouvant moi mais je pense que tu t'es gouré. Je ne pouvais pas être cette personne qui allait te redonner le sourire. Je ne pourrais jamais être cette personne. Je n'étais pas le bon, même si j'essaye de m'en convaincre. Je ne pouvais pas être celui qui te fallait, sinon je ne serais pas parti, sinon nos chemins ne se seraient pas séparés. Si nous étions vraiment fait l'un pour l'autre, strictement rien n'aurait réussit à nous séparer, pas même la mort comme elle est en train de le faire. La mort nous sépare, m'éloigne encore un peu plus de toi parce que j'ai tellement été con que je ne saurais jamais te récupérer.

Jersey, je ne serais jamais un ange et encore moins ton ange. Tu étais un ange, toi, par contre. Tu en avais le sourire, l'éclat, la lumière, la beauté. C'était presque si je n'en voyais pas des ailes aussi. Tu as toujours été ainsi. Tu ne savais mais rien que de ta présence, tu illuminais mes journées. Tu arrivais à me rendre heureux et à mettre le bonheur –que tu dois continuer de détester même si tu es dans le ciel- dans mes veines. J'en étais rempli et je redonnais aux autres le surplus que j'avais. Tu étais une petite étoile dans mon ciel tantôt sombre tantôt éclatant. Mais mon ciel ressemblait à un paradis face au tien qui devait être un mélange entre l'apocalypse et l'enfer.

Jersey, tu ne peux pas savoir à quel point ta mort à toucher le monde entier. Ils ne parlent plus que toi, enfin presque plus que toi. Ils ne font que cela et j'aimerais vraiment pouvoir me faire à ton absence définitive tranquillement tout seul dans mon coin sans qu'ils ne me rappellent 24 heures sur 24 que tu n'es plus de ce monde. Tu sais, c'est douloureux d'entendre de la bouche de quelqu'un d'autre ; « Jersey est morte ». C'est tellement dur d'entendre quelqu'un autre que moi-même le dire. J'ai eu difficile à le dire à Louis et maintenant, tout le monde entier le crie sur tous les toits comme si la douleur n'était pas assez grande, comme si la plaie béante que j'avais dans le cœur n'était pas déjà assez grande que pour encore en rajouter une couche, que pour encore l'approfondir.

Jersey, ma famille fait partie des ces personnes qui sont le plus touchés par ta mort. Ils ne te l'avaient jamais dit même s'ils laissaient passés quelques signes, mais ils t'adoraient et t'aimaient plus que tout. Tu as fais partie de ma vie pendant 3 ans et tu as avais mis moins de temps que cela pour te faire adopter, pour te faire aimer mais surtout pour faire partie de la famille. Pour mes parents, tu étais déjà leur belle-fille. Pour mon frère et sa femme, tu étais déjà leur belle-sœur ; la flemme de mon frère fait partie de la fille. Pour mon neveu Théo, tu étais déjà sa tante. Nous t'aimions tous et cela leur a fait un choc quand ils ont apprit par les médias, puis qu'ils ont eu la confirmation par moi, que c'était finit entre nous. Je te laisse imaginer –à moins que tu ais assisté à la scène ?- du choc qu'ils ont quand ils ont apprit, par les médias en premier lieu encore une fois, que tu étais morte. Puis, ils ont eu la confirmation par moi, plus tard encore.

Les médias m'ont le plus souvent devancé lors de grandes annonces ou de grandes nouvelles. Lorsque Théo était né, ils n'ont pas su me devancer ou quand j'ai annoncé que j'étais en couple avec toi et je crois que c'était les seules fois où j'avais réussis à dire avant qu'eux ne le fassent et démontrent des preuves tout autant plausibles qu'imaginaires. Mes parents n'arrivaient pas encaisser la nouvelle et je crois que, comme moi, ils n'arrivent toujours pas à s'y faire. Malgré toute la douleur qui stagnait ton être, ton regard, tes prunelles, ton cœur ; tu paraissais éternelle aux yeux de quiconque. Tu étais éternelle. Tu rayonnais cette « éternité » partout où tu allais, si bien que j'avais l'impression d'être à mon tour, aussi éternel que toi. Mais l'éternité n'existe pas, bien sûr, la mort ta toucha en pleine poitrine alors que je croyais que jamais rien ne pourrait t'arriver. Je me suis trompé et je m'en excuse du fond du cœur. J'ai merdé, encore une fois.

Jersey, tu étais la plus belle femme que j'ai eu le droit de voir, de croiser le regard. Je ne sais même pas comment cela pouvait être aussi possible d'être détruite derrière un minois si beau et rayonnant. Ton sourire volait la vedette autant à la lune, aux étoiles, au soleil et aux nuages. Tu voulais même la vedette à toutes les plus belles célébrités pour les quelques fois où j'ai réussis à te faire accepter de monter avec moi sur les tapis rouges malgré que tu sois sûrement aussi la femme la plus têtue que je n'ai jamais connu de toute mon existence. Tu étais la plus belle personne, pas que physiquement. Tu étais tellement détruite que tu comprenais tous les autres cœurs brisés, que tu comprenais l'intérêt d'une personne pour les choses. Je crois que tu prenais plus facilement conscience de l'importance des choses, que moi malgré que ta mort m'y aide.

Jersey, je t'en supplie, reviens-moi. J'aimerais tellement savoir le vœu que tu avais fais une fois, auquel tu m'en avais parlé durant tes lettres. Je crois que c'était dans ta dixième lettre. En faite, je ne sais même pas si tu avais vraiment fais un vœu. Si ça se trouve, tu me mentais pour attiser ma curiosité. Mais j'en doute fort, parce que ce n'est pas dans ton genre. Ce n'est pas dans tes habitudes. Tu ne m'avais mentis qu'une seule fois et cela nous à mener à notre perte, certes, mais c'était juste une fois. Tu ne pourrais pas me mentir une seconde fois, même avec les mots, même avec l'écriture. Tu ne pourrais pas le faire, tu ne saurais le faire. Je viens de lever les yeux et j'ai vu une étoile filante passé devant ma fenêtre. Coïncidence ? Je ne crois pas, mais on va dire que c'est le hasard pour ne pas dire que tu as encore fait quelque chose depuis ton étoile. Sauf que moi, je vais te dire mon vœu ; « J'aimerais que tu reviennes ». Je sais il est irréalisable.

-Niall

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Musique ; Still - Daughter


Dear Jersey//n.hOù les histoires vivent. Découvrez maintenant