Vingt-Neuf • « On s'aime plus fort »

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« - Julia, c'est moi... Je sais que toute la bande est venue te rendre visite tout à l'heure et je sais aussi que tu n'es pas venue avec nous à la pizzeria ce soir... Tu m'as beaucoup manqué, mais c'était maladroit de ma part de les envoyer chez toi pour te faire passer le message, j'aurais dû te dire que je repartais demain. Je ne veux pas rester ici plus longtemps, j'en ai assez entendu, j'ai besoin de réfléchir à tout ce qu'il s'est passé et surtout je dois pardonner à ma mère. Je ne sais pas comment je vais y arriver, mais je suis persuadé qu'avec le temps, ma colère s'estompera. Je rentre donc à Miami demain, je vais vivre là-bas jusqu'à ce qu'obtienne mon diplôme de fin d'études secondaires, je vais rattraper l'année que j'ai perdu. Il y a de la place pour toi, Julia. Dans mon cœur et dans la maison de mon père. Je sais qu'il faut attendre de savoir si tu as eu assez de points à ton Leaving Certficate pour intégrer l'université à Miami, mais je suis persuadé que tu as validé assez de crédits. Viens passer l'été avec moi. Je t'en supplie. Je t'aime Julia, tu le sais. »

Julia écoutait encore et encore le message vocal que lui avait laissé Zach plus tôt dans la soirée. Il était presque minuit et elle n'avait pas trouvé le courage de le rappeler. Tout allait si vite, elle avait eu envie de le suivre, de tout quitter et puis elle s'était rappelé combien sa vie était confortable à Dublin et combien elle avait peur de quitter ses parents. Et puis, elle avait eu l'impression d'avoir raté ses examens, et si tel était le cas, elle resterait étudier à Dublin car aucune université prestigieuse outre-Atlantique ne voudrait d'elle. On dit souvent que la nuit porte conseil et Julia décida d'écouter ce vieux proverbe et se coucha, en pensant encore et encore à Zach.

Le lendemain matin, la jeune femme fut réveillée par les rayons de soleil qui se glissaient à travers les rainures de son store, elle ouvrit alors les yeux et s'assit dans son lit. Elle avait pris sa décision et il fallait à tout prix qu'elle voie Zach. Elle se leva alors d'un pas décidé, fit son lit, s'habilla, mit une touche de maquillage, avala un rapide petit-déjeuner et envoya un message à Aileen afin qu'elle la renseigne sur l'heure de départ de Zach. La petite blonde répondit très vite et Julia jeta un coup d'œil à l'horloge de la cuisine avant de boire une dernière gorgée de thé. Elle se précipita dans la salle de bain, acheva sa préparation et redescendit les escaliers quatre à quatre.

Elle fouilla dans les affaires qui se trouvaient sur la commode dans le couloir, ouvrit un carnet, arracha une page, griffonna un mot pour ses parents, pris son sac à main, enfila une paire de chaussures, un gilet et sortit de la maison en prenant le soin de fermer la porte à clés. D'un pas énergique, Julia traversa le quartier, bientôt, elle atteignit l'arrêt de bus, elle attendit cinq minutes et il pointa le bout de son nez, elle monta à l'intérieur, fit biper sa carte, s'installa à l'arrière et regarda le paysage défiler sous ses yeux fatigués.

Le bus arriva bientôt au centre de la ville, Julia en descendit, regarda l'heure sur sa montre, traversa la route, une rue, puis deux et arriva face à un autre arrêt de bus, elle regarda l'horaire afin d'être sûre qu'elle ne s'était pas trompée, puis attendit dix minutes. D'autres personnes affluèrent à l'arrêt de bus, toutes chargées de valises et des gros sacs. Bientôt, le bus fit son apparition, tous montèrent à l'intérieur, Julia resta debout, coincée entre une vieille dame et une poussette. Le trajet lui sembla durer une éternité, comme si chaque feu rouge durait une demi-heure. Le bus s'arrêta finalement à l'arrêt désiré, Julia en sortit, regarda à sa gauche, puis à sa droite et enfin en face d'elle et courut vers l'immense bâtiment blanc qui se dressait droit devant.

Elle fit attention à ne pas se faire renverser par une voiture, évita un couple de personnes âgées, slaloma entre des enfants qui jouaient, et ne cessa de courir lorsqu'elle fut devant les portes en verre de l'aéroport. Elle jeta un coup d'œil à sa montre, passa les portes, courut dans l'immense bâtiment, se précipita vers la partie où on enregistrait ses bagages, arriva à la limite de là où les personnes extérieures pouvaient se tenir, son regard glissa sur l'immense file d'attente et ses yeux s'arrêtèrent sur Zach.

Photo [Réécriture en cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant