Chapitre 15

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Un froid mordant s'était installé en quelques semaines dans le château. Les murs de pierre qui donnaient l'avantage en été de conserver la fraîcheur, semblaient maintenant retenir tout le froid extérieur dans chaque recoins. Les élèves serraient leurs capes contre eux dans les couloirs et de la buée se formait au rythme de leur respiration. Les armures semblaient elles aussi avoir gelées, et on entendait parfois des éternuements provenant de certains tableaux. La neige commençait à tomber à l'extérieur et Hermione dû dégeler la fenêtre de la salle commune pour apercevoir les quelques flocons qui tombaient du ciel. Les vacances de Noël approchaient et plus personne ne semblait préoccupé par la montagne de devoirs qui les attendait. Le lac gelé offrait la plus grande distraction aux élèves qui organisaient des tournois de glisse, avant que le professeur McGonagall ne les interdise suite à un trop grand nombre de bras et de nez cassés. Les cours, en revanche, étaient devenus assez pénibles. La main d'Hermione semblait pétrifiée par le froid et elle ne parvenait plus à prendre aucunes notes. Le jour précédant leur départ, elle savourait un chocolat chaud à la table des Gryffondor en compagnie de Harry et de Ron.

- Ça ne te manque pas trop qu'on t'appelle Ron-Ron ? Demanda-t-elle à Ron avec un sourire.

- Même Rogue me manquera plus que Lavande. J'ai pu lui offrir le meilleur cadeau de Noel de sa vie. Dit Ron.

Il avait enfin rompu avec Lavande quelques jours plus tôt et sa relation avec Hermione s'en était nettement améliorée. Lavande ne s'était toujours pas remise du choc de cette rupture et faisait demi-tour à chaque fois qu'elle le croisait dans les couloirs. Les journées de Ron semblaient s'illuminer dès qu'il la voyait repartir au moindre contact visuel. Personne ne semblait regretter cette relation pour s'en plaindre. Hermione n'avait pas encore terminé de préparer sa valise pour le lendemain et s'excusa auprès de ses amis avant de remonter dans le dortoir. Elle y trouva Lavande, en pleurs, qui lui adressa un regard noir derrière sa pile de mouchoirs. Avec un sourire vaguement dissimulé, Hermione rangea soigneusement ses affaires et retrouva une pile de manuels entassée au pied de son lit qu'elle s'empressa de fourrer dans son sac pour les ramener à la bibliothèque. Il lui semblait avoir plongé dans l'ère glaciaire lorsqu'elle quitta avec regret la tiédeur de la salle commune. La bibliothèque était déserte à cette période de l'année et elle n'entendit pas l'habituel grattement de papier de Mme Pince. Hermione dû parcourir chaque rangée pour remettre au bon endroit tous les livre qu'elle avait emprunté. Vérifiant la tranche de l'avant dernier livre de sa pile, la jeune fille entendit soudain des bruits de pas résonner derrière elle. Elle ne reconnût pas les habituels claquements de talons que faisait Mme Pince lorsqu'elle effectuait sa ronde. Le silence autour d'elle se fit pesant et Hermione eut la désagréable sensation d'être observée. La Gryffondor tourna lentement sur elle-même et fût surprise de se trouver face à Pansy, immobile telle une chatte aux aguets et fixant sur elle un regard perfide. Celle-ci tenait sa baguette dans une main et ne laissa pas le temps à Hermione de chercher la sienne.

- Stupéfix !

La force du sortilège projeta Hermione sur l'étagère remplie de livres, et cette dernière se laissa glisser sur le sol, incapable de faire le moindre mouvement. Son cœur se mit à battre frénétiquement dans sa poitrine et les muscles de son dos explosèrent de douleur. Le visage de Pansy apparut au dessus du sien et elle se mit à ricaner.

- Voyons Granger, je ne pouvais pas te laisser partir comme ça. On a quelques affaires à régler toi et moi.

Hermione fronça les sourcils. Ses lèvres ne parvenaient plus à remuer.

- Jamais je ne laisserai une Sang de Bourbe m'humilier en public. Tu n'es rien face à moi. Je suis une Sang Pur, tu m'entends ? Je pense que je vais bien te mettre ça dans le crâne.

Elle leva sa baguette, un regard féroce pour sa victime et lui érafla brusquement la joue. Hermione sentit soudain une entaille profonde se creuser dans sa chaire et ces quelques secondes d'agonie lui firent monter les larmes aux yeux. Un cri de panique se noya dans sa gorge et du sang chaud s'écoula de la plaie, mélangeant un goût métallique à sa salive. 

- Je t'ai vu observer Drago pendant le cours d'Histoire de la Magie alors qu'il dormait. Jamais je ne te laisserai poser tes yeux sur lui. Drago est à moi, et je te conseille de t'en souvenir car dans le cas contraire... Je te ferai goûter à la vraie douleur. Dit elle.

Son regard exprimait une haine profonde. Hermione n'était plus qu'un objet en sa possession. Elle l'observa longuement, comme si elle essayait de l'étudier avant de planter sa baguette dans la poitrine de la Gryffondor. Une lueur de folie s'alluma dans son regard tandis qu'elle dessinait des cercles au dessus de sa peau, décidant du prochain maléfice qu'elle pourrait utiliser. Hermione pria de toutes ses forces pour que quelqu'un vienne la sortir de là, ses espoirs vains dans le silence inhabituel de la bibliothèque. La jalousie maladive de Pansy prenait une toute autre dimension qu'une simple querelle entre étudiantes énamourées. Comment lui expliquer que sa curiosité envers le Serpentard n'était pas de cette nature lorsque le sortilège dont elle était victime lui scellait les lèvres si fermement? Hermione n'aurait jamais pensé que ses prières se réaliseraient aussi vite. Quelques secondes plus tard, elle entendit quelqu'un hurler le nom de Pansy et celle-ci se figea aussitôt, comme si elle avait été soumise au même sortilège qu'Hermione. Une deuxième voix au timbre plus doux résonna dans lecouloir et des bruits de pas précipités s'approchèrent de la bibliothèque.

- Drago, détend-toi. Elle ne lui a rien fait. Bon sang qu'est ce qu'il t'arrive ?

Le yeux d'Hermione s'élargirent sous la stupeur. Pourquoi Drago Malefoy venait-il la sauver ? A quel enchantement avaient-ils donc tous été soumis? 

- Pansy, je te jure que si tu lui as fais quoi que ce soit... Fulmina-t-il.

Blaise le retint par le bras mais Drago s'arracha à sa poigne aussitôt, le regard braqué sur son amie, réduisant la distance entre eux rapidement. 

- N... Non Drago, je l'ai juste égratigné. Je ne lui aurais rien fait, Drago... Plaida la jeune fille dont la peur faisait trembler les membres. 

Le blond la saisit par les épaules et Pansy se retrouva plaquée contre la bibliothèque si violemment, que des livres furent projetés hors des étagères autour d'elle. Elle blêmit à vue d'oeil, comme si toutes les couleurs avaient quitté son visage. Blaise repoussa enfin Drago pour le forcer à lâcher Pansy.

- Depuis quand est-ce-que tu protèges les Sang de Bourbe? Cracha-t-elle en se mettent hors d'atteinte. La voilà sa place, c'est là qu'elle doit être.

Drago avait la respiration saccadée de quelqu'un qui se retenait de l'étrangler sur le champ. Hermione ne vit que ses deux prunelles métalliques et reconnût son regard pour y avoir déjà été confrontée deux fois.

- Cette Sang de Bourbe, comme tu le dis, m'a rendu un très grand service récemment. Et je t'interdit de la toucher encore une fois. Maintenant je te conseille de disparaître très vite où je vais vraiment t'éclater la gueule.

Le ton calme qu'il avait employé sonnait encore plus comme une menace. Humiliée, Pansy quitta aussitôt la bibliothèque, suivie de près par Blaise et Hermione entendit un faible sanglot s'évanouir dans le couloir. Elle n'entendait à présent que sa propre respiration mêlée à celle de Drago. Le jeune homme se tourna lentement vers elle et la libéra du sortilège qui la maintenait à terre. Hermione se redressa aussitôt, évitant à tout prix son regard et porta une main à sa joue. Du sang frais avait recouvert la moitié de son visage et elle observa sa main ensanglantée d'un air horrifié. Drago s'accroupit à sa hauteur et observa l'entaille que lui avait faite Pansy, son visage ne trahissant jusqu'alors aucune émotion. La Gryffondor semblait plus préoccupée à présent par l'attitude de Drago que par la douleur provoquée la plaie.

- Qu'est ce qu'il t'arrive Malefoy ? Tu joues aux héros maintenant ? Demanda-t-elle en réprimant une grimace de douleur.

- Ne crois pas que j'ai volé à ton secours Granger. Seulement... Personne n'aurait eu de pitié pour les Malefoy, mais toi -il eut un rire- tu as décidé de m'aider.

Pendant qu'il parlait, la plaie d'Hermione se refermait douloureusement, cicatrisant sans marque lorsqu'il passa sa baguette sur sa joue. Il laissa ses doigts s'attarder sur son visage avant de les retirer.

- En temps voulu, je n'oublierai pas, Granger.

Elle pût croiser son regard avant qu'il ne quitte la bibliothèque.

Tu n'es pas un monstre Malefoy..Où les histoires vivent. Découvrez maintenant