Quand les esprits le poursuivent

Chapitre 1 : L'esprit de l'embauche.

Remarque : Jenissi = Kim TaeYang, Xero = Shin Jiho, B-Joo = Kim ByungJoo et SeoGoong = Park HyeonHo  

Le soleil se levait, encore une fois. Un jour supplémentaire à supporter, aussi ordinaire que les autres. Malgré moi, je demeurais en retard, comme à mon habitude. J'avais passé une dizaine de minutes scotché à mes draps, n'ayant point l'envie de rejoindre une communauté drastique qui n'avait pas besoin de moi. Je finis par quitter mon lit et enfiler le premier t-shirt que je trouvai dans l'armoire qui s'accaparait un espace considérable de ma minuscule chambre. Mon jeans du jour remporta autant de recherche. Un tour à la salle de bain et j'étais prêt pour mon service. Je me munis de mon téléphone portable vieux de plusieurs années ainsi que mon portefeuille puis quittait mon appartement.

Dehors, le ciel quelque peu nuageux se perdait entre son bleu habituel et différents rayons orangés tantôt rosés. Il parvint à me réconforter. Peut-être, si ma chance daignait montrer le bout de son nez pour une fois, qu'elle cesse de se faire désirer, cette journée se voudrait distincte.

Percevant au loin l'écho de cette société trop sélective, je m'approchais de l'axe routier principal. Je n'avais plus qu'un pas à faire pour les rejoindre, eux, les soldats de la vie active. Malgré cette heure fortement matinale, le trottoir se noyait sous l'afflux d'une population née dans la consommation et morte avant ses premiers pas. Séoul, capitale et plus grande ville de la Corée du Sud, beau rêve pour de nombreux individus, s'avérait semblable à une magnifique coquille creuse. Un Kinder Surprise vide, si vous préférez. Elle avait perdu toutes ses valeurs, et son âme par la même occasion, laissant derrière elle un hybride composé de cruauté et d'égoïsme. L'extérieur paraissait prodigieux alors que l'intérieur n'était qu'une balance capable de chavirer, du jour au lendemain, dans un gouffre sans fin, à la suite d'une pauvre erreur négligeable. Et personne ne prendrait la peine d'attraper votre main pour vous en sortir, exceptée la mort si généreuse, unique fidèle. Certains observeront même votre chute avec amusement.

À contre cœur, j'exécutai ce pas qui m'en séparait. Cet acte représentait ma tentative d'intégration qui, toutefois, ne suffisait pas. J'avançais parmi ces spécimens tout en restant de marbre. Ils ne voulaient pas de moi, nous demeurions homogènes. Ils progressaient dans une direction qui m'était interdite tandis que je m'éternisais dans leurs pattes, entre leur impatience et leur nervosité, incapable de suivre le même chemin qu'eux. Le mien s'arrêtait à la porte du café qui me faisait face. Je la poussai d'ailleurs et saluai poliment mon supérieur avant de passer par le vestiaire pour vêtir le tablier à l'effigie de l'entreprise qui me permettait de survivre dans ce monde corrompu. Les 11 lettres de « Stardom Café » bordés dans un design minutieusement établi, autant que l'organisation de l'établissement dans lequel je me trouvais.

Fermant mon casier, je remarquai qu'une grande partie de mes collègues ne lâchait pas son miroir et ne cessait de rectifier son aspect. Leur comportement légèrement plus matérialiste que coutume me fit arquer un sourcil. Je retrouvai HyeonHo dans la salle principale, absorbé par sa table et son chiffon. Il accueillit chaleureusement mon arrivée, comme à son habitude, puis m'informa de son audition du jour, les yeux pétillants, alors que je m'attaquais au meuble le plus proche. C'était son regard plein d'espoir qui me poussait parfois à croire que ce monde n'était peut-être pas aussi noir que je le pensais. Ensuite, j'observais mon entourage et me disais qu'il n'était qu'une exception, que l'on ne trouvait guère un tel cœur sur pied à tous les coins de rue.

— C'est bien que tu aies repris les auditions. Tu m'envoies un message quand tu as les résultats, je t'attendrai chez toi avec une petite bouteille de champagn si tu réussis, lui assurai-je, un sourire en coin.