Texte 6- Recherche

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La pluie s'abattait sur le sol nu et gris de Paris. Les passants et les visiteurs couraient sous ce déluge pour trouver un abri. Tandis que moi, recouvert d'un manteau noir sans capuche, et tête basse, j'accélérais le pas. L'immeuble que je cherchai se trouva enfin devant moi, sa grandeur égalait celle des entreprises célèbres mais, contrairement à celles-­ci, il était un peu plus petit. Une quinzaine d'étages. Une jeune femme entra dans le bâtiment, composant le code de l'entrée.

J'observais le mouvement de ses doigts : 1.5.3.7.9, ouvert. Elle regarda un instant autour d'elle puis entra en entendant le bruit d'ouverture.

Elle s'engouffra dans le hall, et disparut dans l'ascenseur. Je la suivis, tapant moi aussi le code. La porte s'ouvrit et je pénétrai dans le hall à mon tour.

Ah, il faisait plus chaud à l'intérieur ! Je remis mes cheveux bruns en arrière, de fines gouttelettes perlèrent sur mes doigts graciles, et je dû m'essuyer sur mon mouchoir en soie tellement j'étais mouillé. J'entendis un bruit métallique venant des escaliers, un jeune garçon d'une dizaine d'années descendit en trombe.

Ses cheveux étaient noirs comme la nuit et ses yeux, aussi bleu et pâle que les plages de Tahiti, semblaient se remplir de larmes. Il me regarda, intrigué, et son visage se fendit d'eau salée.

– Je... J'ai perdu ma voiture ! dit­-il en sanglotant.

Je le fixai un moment, puis je me dirigeai vers lui. Devant mon silence, il recula, sa peur était palpable. Je m'accroupis, regardant autour de lui. Je vis, un peu plus loin du garçonnet, la petite voiture rouge qu'il devait chercher. Je la pris et lui tendis.

_ Celle­-ci ? lui demandais-­je.

Son visage s'illumina instantanément.

_ Oui, merci, Monsieur, merci ! s'exclama-­t­-il.

Il prit avec précaution le petit objet rouge, et avec un sourire pur et innocent, s'en alla gaiement vers une porte où il toqua et disparut. Je soupirais, mais une mimique amusée se dessina sur mon visage. La joie des enfants contaminaient beaucoup de monde, moi­-même je m'adoucissais devant leur présence et leur comportement naïfs.

Ce petit garçon s'appelait Andy Rives, fils d'un ancien sportif disparu depuis maintenant cinq ans. Sa mère s'occupait de lui, alternant vie de famille et travail. Ils vivaient au troisième étage de ce bâtiment. Leurs voisins, le couple Eagle, n'avaient jamais été vu depuis leur arrivée. Tout le monde se connaissaient ici, mais personne ne pouvaient me dire qui ils étaient ni à quoi ils ressemblaient. Un vrai mystère.

Mon téléphone sonna, doucement mais insistant. Je répondis, ne préférant pas faire attendre mon interlocuteur que je connaissais, et qui n'était pas patient.

_ Oui ? Répondis­-je.

La personne au bout du combiné répondit :

_Ah ! Raisen, enfin ! Ça fait cinq fois que j'essaye de t'appeler, et tu ne répondais pas. As­-tu remplis ta mission ?

_ Non, pas pour le moment. Ils ne sont pas encore revenu. Mais ne t'inquiètes pas, ils ne vont pas tarder. Je vais les attendre, terminai-­je dans un sourire.

_ Bonne chance, Raisen. N'oublie pas que le chef te donnera les renseignements dont tu as besoin en échange.

Et elle raccrocha. Je regardai autour de moi, et je finis par prendre l'ascenseur. Je me dirigeai vers le troisième, chambre 312. Le couloir était recouvert d'un tapis rouge bordeaux, quelques cadres trônaient sur les murs blancs. Rendant l'endroit attrayant. La chambre où je voulais me rendre semblait fermée, mais pas pour longtemps. Je sortis un petit gadget très sophistiqué de ma poche de pantalon, permettant d'ouvrir les portes, et je l'insérais dans la serrure. Un petit clic retentit, et l'accès céda. Je pénétrai dans la pièce. Il faisait sombre et ça sentait le renfermé et la sueur. La pièce n'était franchement pas accueillante, et en plus de l'odeur désagréable de sueur, une autre s'insinuait dans mes narines. La puanteur, et l'exhalaison du sang. Le mélange subtil de la mort.

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