CHAP 6 - "STAR"

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Michael n'ouvrait toujours pas. Il semble hésiter. Et si c'était un piège ? Il n'aurait pas accepté avec Mallow ! Ou alors pour faire d'une pierre deux coups... Je secoue la tête nerveusement. Tu débloques complètement ma pauvre Sue ! Michael semble soudain de nouveau parmi nous, comme s'il était sorti de sa réflexion par magie.

"Mallow, je peux te parler une minute ?"

Mallow aquiesce, malgré son angoisse visible. Ils s'éloignent pour discuter un instant et reviennent vers moi. Mon meilleur ami a un petit sourire aux lèvres, ça me rassure.

"Sue, pour que la surprise soit encore plus complète, nous allons te bander les yeux", explique Mallow.

Je ne sais pas quoi dire, je reste bouche bée. Tout me parait de plus en plus étrange. Mallow me chuchote que tout ira bien pendant que Michael noue un foulard autour de mes yeux. Je suis désormais aveugle. Mallow me tient la taille par derrière et Michael me tire doucement par les mains. Tous mes sens sont comme décuplés. J'entends le bruit de la vieille porte qui s'ouvre, les pas de Michael sur le carrelage, puis les miens et enfin ceux de Mallow. Le sol change. Il devient de la moquette. Chaque son est interprété d'une manière différente. Nous avançons comme cela pendant une bonne dizaine de minute, le tout entrecoupé par des "Attention, y'a une marche !" ou des "On va tourner à gauche dans 5... 4... 3..." mais encore des "Suzanne ! Escalier !". Et je peux dire sans beaucoup me tromper que nous sommes très drôles à regarder ! Le sol change encore, il craque, du parquet. Un beau parquet massif. Les mains de Mallow se crispent, le dénouement est proche. Je sens un grand vide autour de moi, Michael et Mallow s'éloignent. J'entends leurs pas de plus en plus lointains. Finalement, Michael s'exclame :

"Sue ! Tu peux enlever le bandeau !"

Ma curiosité atteint son apogée. Je me précipite sur le foulard que j'arrache sans pitié et que je laisse tomber au sol.

Soufflée. Stupéfaite. Pas un mot ne parvient à sortir. Les yeux grands ouverts. Ce spectacle s'offre à moi.

"Mi-Michael ?!"

Il rigole.

"Ça te plaît ?"

Je hoche la tête mécaniquement. Je tourne sur moi-même pour ne rien perdre. Cette immensité. Incroyable. Mallow affiche un large sourire. Je le comprends. Je suis tellement heureuse que je dois ressembler à une andouille. La surprise de Michael, c'est... Un théâtre ! Nous sommes à trois seuls dans un théâtre ! Une salle de concert ! Les décors sur les balcons sont magnifiques, les dorures sont impeccables, chaque recoin respire le luxe et le bon goût. Michael et Mallow dont affalés dans les fauteuils du premier rang dans la fosse.

"Et maintenant, chante ! demande Michael.
- Oui ! Chante ! renchérit Mallow.
- Moi ? Chanter ? Mais pourquoi ?
- Allons Suzanne. Tu as une voix merveilleuse ! argumente Mallow
- Je ne t'ai jamais entendue. Je t'ai ammenée ici. Tu pourrais au moins le faire pour me remercier !
- Dans ce cas..." je soupire.

Michael me montre un micro sur un pied, caché derrière un rideau. Je le ramène sur le devant de la scène et me racle la gorge. Je prends une grande respiration et... Aucun son ne sort. Je ne sais pas du tout quelle chanson chanter, il y en a tellement !

"Mais je ne sais pas quoi chanter !
- En bien... La dernière chanson que tu as entendue, propose Michael.
- D'accord."

J'ouvre la bouche une seconde fois, et cette fois-ci, des mots montent de mes cordes vocales. Faibles au début, ils se fortifient au fur-et-à-mesure pour former une jolie mélodie rythmée, entendue à la radio ce matin. Je fais de mon mieux pour que cela plaise à mon auditoire. La chanson s'achève et je tourne les yeux vers Michael et Mallow. Ils me regardent comme une extra-terrestre.

"Quoi ?" je demande.

Michael reprend conscience. Il se lève et m'applaudit, suivi de Mallow. Il escalade la scène en me criant des messages positifs.

"Oh Sue ! C'est encore mieux que ce que j'attendais ! Ta voix est... Sublime.
- Euh... Merci.
- Écoute. Je ne t'ai pas fait venir là par hasard. J'aimerais que tu chantes pour moi, enfin non, pas vraiment. Je m'exprime mal. J'aimerais être ton coach de chant, en quelque sorte. Sue, un grand avenir t'attend peut-être ! Je sais de quoi je parle !
- Tu sais de quoi tu parles ? Tu pourrais m'expliquer ? Mais je ne vois pas trop où tu voudrais en venir ?
- Suzanne. Avec la voix que tu as et un peu d'entraînement, tu pourrais sans problème sortir des albums, faire des tas de concerts !
- Je ne sais pas, Michael.
- Je te l'assure. Je sais de quoi je parle.
- Ah bon ? Et je pourrais savoir pourquoi ?"

Mallow s'efface complétement dans son siège. Pour une raison que j'ignore, je sens une sorte de rage intérieure montre en moi. J'essaye d'en trouver la raison, en vain. La proposition de Michael ? Certainement fausse. Peut-être que c'est cela...

"Tu sais j'étais une star. Mon nom de scène, c'était Mika ! Je collectionnais les tubes, tout le monde me connaissait !
- Oh Michael, te fous pas de ma gueule, s'il te plaît !
- Mais c'est vrai ! Je te jure !
- Tu me crois assez conne pour avaler ça ? Tu me dégoûtes !"

Et je pars en courant. Je me faufile dans les couloirs par lesquels j'étais arrivée à moitié en pleurant. J'extériorise toute cette rage à la provenance inconnue et je me retrouve rapidement dans une rue animée de Manhattan. Il est 18h26, ma mère va me tuer. Je vois un bus qui s'arrête, je saute dedans, prend un ticket et me jette dans un fauteuil, désespérée. Les larmes coulent seules le long de la joue, mon mascara est démoli, quelle idée d'en avoir un qui n'est pas waterproof.
Soudain, une voix m'interpelle. Une voix que je connais.

"Suzanne ?"

Je me retourne. Son visage ne me parle pas pendant les 5 premières secondes mais finalement je le retrouve, c'est Thomas ! Il me regarde, et moi j'ai l'air de quoi ? D'une baltringue !

"Oh euh... Thomas.
- Ça n'a pas l'air d'aller ?
- Ça n'a pas que l'air...
- Ce n'est pas grave, j'espère ?
- Non...
- Tant mieux. Qu'est-ce qui ne va pas ? Si tu ne veux pas en parler, je comprendrais.
- Ce n'est rien."

Et je descends. Tant mieux, car si j'étais restée quelques secondes de plus, j'aurais craqué. Il me plait ce Thomas.
Je marche 100 mètres et rentre dans mon immeuble. Ma mère m'attend, elle m'engueule mais je n'entends plus rien. Mon esprit est ailleurs, perdu entre Thomas, Mallow et Michael.

***
Nouveau chapitre !
Je suis motivée x)

♢ Qu'en pensez-vous ?

♧ Quel avenir pour les personnages de Mallow et de Thomas pour Suzanne ?

LE BANCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant