Prologue et Chapitre 1

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Prologue

Le corbeau fixait le paysage d'un œil noir et brillant.
Sa tête bougeait par petits mouvements secs. Perché sur la cime de l'arbre, il pouvait apercevoir toute la route. Scrutant cette dernière d'un regard acéré, il aperçu un cadavre de cervidés sur le bas-coté de la route. Lui et ses congénères décollèrent de leurs perchoirs à l'unisson et se posèrent à proximité de la dépouille.
Le corbeau s'approcha de la tête de l'animal en quelques petits bonds, fixa cette dernière avec intérêt, puis détendit son cou à une vitesse fulgurante pour plonger son bec dans l'orbite de la charogne pour en retirer le globe oculaire.
Après avoir englouti cette nourriture providentielle, il fixa l'orbite sanguinolent qui semblait le contempler. Il arqua son cou pour frapper à nouveau, mais un nuage de poussière et un vacarme insupportable l'interrompit. Il s'envola précipitamment avec un croassement de protestation, puis de nouveau à l'abri avec ses semblables, il fixa la raison de ce désordre d'un œil haineux. Il ne connaissait pas cette espèce de boite tirée par deux animaux écumants, il n'en venait que rarement par ici. Ces frères et lui restèrent là a fixer cet intrus qui venait violer leur territoire,, tels des vigies inébranlables et sans age.

Chapitre 1: Retrouvailles

"Bon Dieu, qu'est ce que je fous là..." maugréa Albéric.
Il fixait le paysage morne qui défilait sous ses yeux,mais son expression l'était encore plus que ce dernier. Une fois de plus, il se dit qu'il devait être l'homme le plus malchanceux au monde.
Tout avait commencé par le décès de son père.
L'accident regrettable qui en était la cause avait eu lieu environ il y a deux mois. La famille de Lewiston était aisée,mais pas riches.
Le travail d'ouvrier de son père et le métier de commerçante qu'exerçait sa mère suffisait à parvenir à leurs besoins, mais pas assez pour rouler sur l'or. Toujours est-il que son père cherchait toujours à augmenter son salaire, c'est à dire en travaillant de plus en plus tard.
Mais un jour, étant le dernier employé à travailler, sa main resta coincé dans la broyeuse qu'ils utilisaient pour les déchets miniers. Il souffrit le martyre durant de longues heures tandis qu'il se faisait broyer peu à peu le corps;L'affaire fit la une des journaux et les conditions de travail des ouvriers furent remises en cause.
Sa mère fut dévastée, mais lui ne ressenti curieusement aucune émotion. Certes, cette disparition l'avait chagriné, mais cela s'arrêtait là.
Ce manque d'émotion qu'il affichait, sa mère le prit pour une traumatisation aiguë de son fils et décida de l'envoyer ailleurs durant quelques temps, pour qu'il ne ressentit plus la présence omniprésente de son père dans la maison familiale.
Il fut donc envoyé vers l'ancien manoir familiale, tenu par une lointaine cousine à lui.
Et voila comment il se retrouva dans une carriole vétuste et grinçante qui aurait-on dit manquait de s'écrouler à chaque cahot.
Pour ses retrouvailles inattendues, il s'était vêtu d'un e chemise noire à jabot, mais appréciât porter un foulard rouge pour compléter le tout. Il portait le haut de forme et ne portait pas la moustache que tout les hommes arborait. Il portait donc les vestiges d'une barbe qui lui donnait l'air charismatique d'un trentenaire, bien qu'il eut 1O ans de moins. Il avait cru comprendre que sa cousine était de 5 ans son aînée et qu'elle se nommait...Morgane, oui c'est cela, Morgane de Lewiston.
Il fut tiré de ses réflexions par un bruit rauque au dehors,, il écarta le rideau et vit une nuée d'oiseaux qui décollait d'une charogne.
"Des corneilles...? Non, trop gros, ce sont des corbeaux." Il frissonna à cette pensée. Ils étaient tous allés à Londres il a quelques années de cela, visiter la Tour. Une chose l'avait choquée à l'époque, le regard des corbeaux mutilés qui étaient présents. Cette lueur haineuse et affamée qui brillait dans leurs yeux noirs avait suffi à le faire s'enfuir en hurlant. Se remémorer cet instant lui fut désagréable, surtout qu'il eut l'impression absurde que les charognards, du haut de leurs perchoirs, le regardait dans les yeux.
"C'est impossible..."se dit-il, "Ils sont beaucoup trop loin pour cela."
Soudain,il sentit l'attelage ralentir.
Il pointa la tête par la fenêtre et vit une chose qui le laissa pantois :
L'attelage s'était arrêté au beau milieu d'une foret, et là, devant lui, se dressait une grille immense noire. L'adjectif "immense" est ici justifié, cette ouvrage devait bien mesurer huit mètres de hauteur et six de largeur. C'était un ouvrage magnifique, en fer forgé de très bonne manufacture.
Il était hypnotisé par les entrelacs compliqués que formait le métal.
Cette grille était fascinante par son mélange de beauté et de menace : en effet la grille était hérissée de piques acérées à son sommet. Je me rapprochai de ce chef-d'œuvre architectural.
A mesure que la distance entre lui et la grille se raccourcissait, il se sentait de plus en plus minuscule par rapport à ce barrière titanesque. Il tendit la main vers le fer ouvragé, et à la seconde où ses doigts touchèrent le métal froid, la porte s'ébranla sur elle même et commença à s'ouvrir de l'intérieur.
Il sursauta violemment en sentant ce mouvement, et fixa ébahi les deux énormes battants en mouvement. C'est à ce moment qu'il remarqua les arbres. En effet,tellement focalisé sur la grille en elle même, il n'avait prêté attention à ce qui se situait derrière celle-ci.
Derrière la grille, les arbres se rapprochait, d'une manière à former une travée centrale. Chose impressionnante, les arbres étaient tous courbés les uns en face des autres, de manière à former une arche végétale. Cette image lui fit penser à des personnes se courbant pour chuchoter à l'oreille de l'autre un quelconque secret. Assez intimidé, il saisit ses bagages et s'engagea dans l'artère, sans se préoccuper du départ silencieux et invisible du cocher et de sa carriole.
Le chemin était assez sombres, les feuilles des arbres filtrant la lumière presque entièrement.
Plus il avançait, plus il se sentait mal à l'aise. Il se sentait épié, entendait des bruits furtifs dan le sous-bois. " Calme-toi" se dit-il,"Tu est dans une foret mon vieux, ce n' est pas les animaux qui doivent manquer dans ce trou perdu." Mais l'impression de se faire épier par des choses innommables et malsaines prenait l'avantage contre son esprit rationnel, et il sentit un filet de sueur froide lui couler le long du dos, le faisant frissonner violemment. Et soudain, il craqua. Indépendamment de sa volonté, il se mit à courir, la bouche ouverte en un hurlement silencieux. Ses yeux fous exorbités roulait dans ses orbites, et il était submergé par des vagues froides qui se répandait dans tout son corps. Ses talons martelait le sol, recouvrant de poussière son pantalon et ses chaussures. Et soudain tout s'arrêta. Il pila net, et s'appuya sur ses genoux pour reprendre son souffle, son rythme cardiaque ralentit, le froid reflua avec sa panique. Il n'avait jamais eu aussi peur de sa vie. Non ce n'était pas de la peur, mais de la pure terreur qui l'avait saisi. Il fut heureux de constater que malgré sa course effrénée, il n'avait pas lâché ses bagages. Il eut un froncement de sourcils en constatant l'aspect de son pantalon de satin noir, blanchi par la poussière du chemin. Après s'être minutieusement épousseté, il regarda autour de lui. L'arche se séparait en deux branches qui entourait une vaste clairière, et au milieu de celle-ci se dressait un manoir.
Après qu'il eu fait quelques pour l'observer sous différents angles, il constata que la maison était bâtie majoritairement en longueur. Elle possédait une tour à chaque extrémité, ce qui lui fit penser à un château fort. La façade étai parsemé de multiples fenêtres, telles les yeux multiples d'une créature arachnoïde.
L'entrée était bâtie de manière spectaculaire, une arche présentant de multiples sculptures encadrait la porte, et une porte assez gigantesque par ailleurs.
Il se rapprocha pour observer les sculptures et la porte en détail.
Une fresque était gravée sur l'arche, elle mettait en, scène d'étranges hommes-bêtes gesticulant en un simulacre de danse macabre. Pendant qu'il était en train d'observer la fresque, il entraperçu un mouvement du coin de l'œil et cela détourna son attention de la sculpture.
Il aurait juré qu'un des lourds rideaux derrière une des fenêtres avait bougé,comme écarté par une main furtive. Il scruta l'endroit en question,mais devant l'absence de réaction, il se reconcentra sur la porte,et découvrit un heurtoir représentant un crane de corbeau, ce qui lui rappela sa précédente altercation avec ces volatiles .Aussi saisit-il le heurtoir et le laissa retomber ce qui donna un son profond quand il heurta la porte, comme un de ces "gongs"dont il avait entendu parler. Il patienta, mal à l'aise devant la porte, triturant nerveusement ses gants, attendant une quelconque réponse. Voyant que cette dernière brillait par son absence, il recommença son geste. Après quelques instants, la porte s'entrebâilla en grinçant, retenue par une chaîne. Ils'exprima d'une voix peu confiante :
"Bonjour, excusez moi de vous déranger, mais j'aimerais m'entretenir avec Miss Morgane de Lewiston." Une voix légèrement rauque, mais bien féminine lui répondit, le ton légèrement méfiant :
-C'est moi même, que désirez-vous ?
- Morgane, c'est moi Albéric,ton cousin.
Un court silence s'ensuivit.
Il entendit la chaîne cliqueter, puis la porte s'ouvrit.
Et là, devant lui se tenait une magnifique jeune femme.
Il serra les dents, pour empêcher sa mâchoire de se décrocher.
Elle était plutôt grande, avait des longs cheveux noirs (ailes de corbeaux se souvint-il) encadrant
un visage fin et diaphane. Ses lèvres purpurines contrastait avec son visage tel le sang sur la neige. Il ne put s'empêcher de laisser aventurer ses yeux sur une poitrine plus qu'opulente, puis se reconcentra sur son visage. Elle avait des yeux...magnifiques. Il se noya dans ce vert émeraude, et il aurait pu rester ainsi des heures jusqu'au moment où il se rendit compte que la situation devenait légèrement embarrassante, du fait que sa cousine l'observait également (il espérait seulement qu'elle n'avait pas perçue son regard lubrique, mais son intuition lui disait le contraire).
Il se racla la gorge pour briser le silence qui commençait à vraiment le gêner.
"Tu...tu as bien changée, cousine." dit-il maladroitement.
"Toi aussi,Al." répondit-elle avec un lueur malicieuse dans l'œil, ce qui le conforta dans son intuition.
Il se rendit compte qu'elle aussi le détaillait de la tête au pied.
mal à l'aise, il dit la première chose qui lui vint à l'esprit :
" Tu as une très belle demeure."
Elle arrêta son observation, se rapprocha de lui, lui pris le bras et lui dit proposa d'entrer pour voir l'intérieur, qui était aussi beau que l'extérieur selon ses dire. Non content de cette proximité charnelle, il lui emboîta le pas.Elle le laissa passer en premier, et il entendit distinctement le bruit de la porte se refermant avec un bruit sourd, puis le cliquetis d'une clé tournant dans la serrure.






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