Trouvée

601 26 8
                                    


Je suis Camille, j'ai à ce jour, 15 ans. Je vis dans la maison où j'ai passé mon enfance, une énorme maison, trop grande pour une seule personne. Mais je lutte. Je vis en campagne, par chez moi, il n'y a pas beaucoup de rôdeurs. Je vais le plus rarement possible en ville, c'est dangereux, et pour l'instant je n'en ai pas besoin. Mais je vois que mes réserves commencent sérieusement à diminuer, ça me fait peur. Au début, lors des premiers cas, j'avais neuf ans, j'étais très jeune et innocente. Je vivais avec ma mère. Nos voisins avaient tous désertés et heureusement, nous avions eu accès à leur réserves. L'un de nos voisin était psychotique à l'idée de la fin du monde. Il avait, dans sa maison, une pièce remplie de boîtes de conserves, c'est grâce à cela que je vis encore aujourd'hui. Ma mère est morte, lors d'une expédition en ville elle s'est fait mordre, j'ai dû moi-même faire en sorte qu'elle ne revienne pas un fois partie. C'est horrible de perdre sa mère. Et encore plus d'avoir à lui mettre un coup de couteau dans la crâne. Mais je m'en suis remise. On fait avec, de toute manière je n'ai pas le choix, si? J'ai donc creusé un trou et je l'y ai mise, tant bien que mal. J'ai cloué une croix, bien que je ne sois pas croyante, juste histoire de dire, que quelqu'un est enterré ici. Pour avoir un point de repère, où me confier, où déposer des fleurs. C'était il y a maintenant deux ans et demi. Elle me manque, c'est sûr, mais d'un autre coté je me dit qu'elle a de la chance, de ne plus avoir à vivre dans un monde pareil, de ne plus avoir à tuer pour survivre, à être constamment dans la peur, de se faire mordre, éventrer, déchiqueter. J'espère qu'elle est en paix. J'espère qu'un jour je la reverrai. Mais d'un autre coté, je ne sais pas pourquoi, quelque chose me pousse à vouloir survivre.

Là où je vis, je suis seule, depuis que ma mère est morte je n'ai été en ville que sept fois, je n'y ai jamais croisé quelqu'un qui ne soit pas en décomposition. J'aimerais faire partie d'un groupe, avoir des personnes sur qui compter, pour me protéger, bien que je puisse me protéger seule, cela me manque d'avoir quelqu'un à qui parler quand ça va mal, quelqu'un qui pourrait me serrer dans ses bras, me réconforter. Mais pour trouver un groupe, je devrais sortir, et me mettre à la merci des rôdeurs. C'est trop dangereux. Quand je n'aurai plus de reserves, ce sera fini, j'attendrai la fin, et quand je commencerai à souffrir, je me planterais on couteau dans la tête. Je ne veux pas finir comme eux. Avoir à me nourrir de chair humaine, avoir à tuer des personnes, à errer sans autre but que manger. Mais d'un autre coté, j'ai envie de voir le monde, s'il y a une chance qu'il redevienne comme avant je voudrais le voir, si j'ai une chance de retrouver des personnes que j'ai connu, je veux les revoir. En fait, je veux retrouver ma vie d'avant. Mais c'est pas possible et je le sais.

Aujourd'hui j'avais fait mon inventaire. Il me restait vingt-quatre boîtes de conserves chez moi, et soixante-sept chez Martin, le voisin qui faisait des réserves. Je n'avait pas encore compté celles qui reste chez les autres maisons du village. Ce serait important de le faire. J'étais dans ma chambre, les murs peint en rose bonbon et violet pastel, les photos sur les murs de mes amis et moi, de mon père, de ma mère. Ils me manquaient terriblement. J'observais les photos, je me remémorais les souvenirs. Finalement, mon père était chanceux. Il est parti bien avant nous. Exactement un an avant le premier cas, il n'a pas eu à connaître ce monde. Et ce soir dans mon lit, seule, comme tout les autres soirs des deux dernières années, je m'endormais. Le couteau sous l'oreiller, pour éviter les mauvaises surprises. Je garde tout de même, au cas où, l'ancien revolver de ma mère, dans le tiroir de ma table de nuit, on ne sait jamais. Ma mère m'avais appris à m'en servir le jour où elle s'était faite mordre, elle savait que j'en aurais besoin, avant que la fièvre ne l'emporte, elle m'avait appris tout ce dont j'avais besoin de savoir sur le monde dans lequel j'allais vivre, seule.

Je me réveillais, il ne devait pas être loin de midi, je le voyais car la lumière traversait mes rideaux. Je me levais et me dirigeais vers la cuisine, comme d'habitude, je finissais la boîte de conserve de la veille, quand bien même c'était du cassoulet ou du pudding, cela m'étais égal, j'avais perdu le goût de la nourriture fraiche, des fruits pleins de sucre et du chocolat chaud. Hormis le pudding au chocolat, j'avais l'impression que tout le reste avait le même goût. C'était quand même mieux quand c'était du pudding. Après cela, je me lavais et m'habillais, je vaquais à mes occupations, aujourd'hui était le jour de la lessive, je faisait donc le tri du propre et du sale, et j'allais à l'étang le plus proche, pour ne pas gâcher d'eau potable, avec mon savon et mon seau. Il n'étais pas très loin de chez moi cet étang. Je m'y rendais une fois par semaine. En ce moment j'évitais d'y aller l'après-midi, à cause de la chaleur. On était en plein mois de juillet, et une fois rentrée, j'étendais le linge sur le fil pour qu'il sèche le temps de trois ou quatre heures, il sèche vite à cause de la température extérieure,et je rentrais, puis montais dans ma chambre, afin de m'occuper d'autres choses. Je faisais des calculs, combien de jours j'allais tenir avec autant de conserves, combien de jours j'avais survécu. Ce que j'aimais faire aussi, c'étais noter mes raisons de sourire. La première était "Je suis en vie.", la seconde "J'ai à manger et à boire.". J'avais beau chercher, je n'en trouvais jamais de troisième. Ma famille était morte. Mes amis étaient morts. J'étais seule. J'allais sans doute mourrir d'un morsure.

Je posai mon carnet et me couchai, mes yeux se fermaient et je m'endormais. Un bruit me réveilla. Le bruit de la porte d'entrée, je trouvais inutile de fermer une porte à clé, les rôdeurs ne baissent pas les poignées et toute personnes vivante et non-infectée était la bienvenue, mais cette fois, ci je me dis que j'aurais dû la fermer. Je restait dans mon lit, de peur que l'on m'entende, j'attendais, si c'était un mort, je l'entendrais grogner, alors je descendrais l'abattre au couteau, si c'était un vivant, j'attendrai et j'agirais sur le moment, dans un moment pareil, il m'était difficile de réfléchir. Pas de grognements. Je tire alors discrètement le revolver du tiroir, je le place contre moi et inspire et expire doucement, je me répète les étapes pour tirer, il ne fallait pas gâcher de balles. J'entendais des pas dans l'escalier, et des chuchotements, mais j'étais trop stressée pour pouvoir déchiffrer ce qu'ils disaient et ils parlaient trop bas. Je commençait à transpirer, j'avais du mal à respirer. Je comptais le nombre des pas dans les marches. Un... Deux... Trois...

Seize. 

La personne était arrivée en haut.




Him & IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant