Blessé

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C'était comme si on se connaissait depuis des années.

Bien que cela n'était évidemment pas le cas. Je me serais souvenu de quelqu'un comme lui. Il brisa la silence.

- Ça fait combien de temps que tu es seule?

- Deux ans et demi, depuis que ma mère est décédée.

- Je suis désolée pour toi. Tu n'as jamais vécu avec d'autre personnes après le début de l'épidémie?

- Si, mais, c'est assez compliqué. Elles nous ont abandonné moi et ma mère quand elle s'est faite mordre, enfin je n'ai pas trop envie d'en parler pour le moment.

- Ah. Ça va guérir vite, ma blessure?

- Si on s'en occupe bien oui. Elle n'était pas infectée, mais faudra pas trop pousser sur ta jambe non plus. Tu t'es fait ça comment?

- Dans une ruelle, on a été attaqué par des rôdeurs, on a dû se faufiler par une petite fenêtre dans un bâtiment et je me suis accroché la jambe dans un bout de verre qui restait à la fenêtre.

- Le sang n'a pas attiré les rôdeurs? 

- Au début ça ne saignait pas beaucoup.

Je ne répondais pas, il ne dit plus rien. Je cherchais quelque chose à dire pour ne pas laisser s'installer le silence mais c'est finalement lui qui dit quelque chose.

- Où est ce que je dors?

C'était, en effet, une chose à laquelle je n'avais pas pensé. Mais je disposait de deux chambres. Carl dormirait avec son père sans doute.

- Moi je dors dans ma chambre, et si tu veux bien, toi et ton père dormirez dans celle d'à coté.

- Oh, tu n'a pas un canapé où mon père pourrait dormir? Je ne supporte pas de dormir avec lui, il ronfle et prend toute la place!

Nous nous mirent à rire, il avait un rire charmant, et un beau sourire. Il était vraiment beau et sympathique.

- Oui, si ton père accepte de dormir sur la canapé c'est bon. Je te montre ta chambre?

- Vas-y.

Il était prêt à se lever, mais une douleur le plia en deux. L'expression de son visage montrait qu'il avait mal, très mal. Je lui demandai, affolée :

- C'est ta jambe?

- Oui...

Il tenait sa jambe tout en étant plié en deux. Je retira délicatement ses mains pour ne pas lui faire mal. Je tendis sa jambe sur le lit et retira vivement le bandage. La blessure se mit à saigner abondamment, je courrai chercher des serviettes. J'entendais Carl gémir. J'essayais de voir ce qui n'allait pas mais le sang coulait trop, je ne voyais rien. De plus Carl bougeait à cause de la douleur. Mais je cru apercevoir un bout de verre dans le coin de la plaie.

- Carl, ne bouges pas, il y a un bout de verre dans ta blessure, il faut que je le retires.

Il s'arrêtât net, il tremblait tout de même un peu. Je n'avais pas de pince, il fallait que je le retires avec les doigts. Il allait avoir mal, mais mieux ne valait pas le prévenir, je retira le morceau d'un coup, il était plutôt gros. 

- C... C'est bon? Tu... Tu l'as retiré?

Il tremblait de douleur.

- Oui.

La blessure saignait toujours, mais un peu moins, je la désinfectais une autre fois et je refit soigneusement le bandage, il faudrait le changer dans une ou deux heures.

- C'est bon, tu peux te lever? Tiens-toi à moi si t'as besoin. Je t'emmène dans ta chambre.

Il s'appuya sur sa jambe gauche et mit son bras sur mon épaule, je le mena jusqu'a son lit, où il s'assit. Il allait dormir dans la chambre de ma mère. Je venais de réaliser que je n'étais plus rentrée dans la chambre de ma mère depuis sa mort. Cela faisait bizarre.

- Merci beaucoup.

- C'est rien je t'ai juste faire faire une dizaine de pas.

- Non, pour m'avoir soigné.

- Ah, ben c'est normal.

- Par contre, il faudra changer ton bandage dans peu de temps, vu que tu saignes beaucoup.

- Je pourrais marcher demain?

- Si t'as pas mal, oui.

La porte d'entrée s'ouvrit, Rick était rentré. Il appela :

- Carl ?

- Je suis là p'pa.

Rick monta à l'étage.

- Qu'est ce qui s'est passé? Tu es tout pâle.

- Ma blessure s'est mise à saigner, il y avait un bout de verre. Mais Camille l'as enlevé. Elle m'a montré où je vais dormir.

- D'accord. Quant à moi, je dormirais dans le canapé cette nuit.

Pas un merci, ni un sourire, rien. Rick n'étais pas reconnaissant. Mais cela m'était égal, je n'avais pas soigné Carl pour lui. J'avais soigné Carl pour Carl. Il n'y avait que la reconnaissance de Carl qui m'importait. Mais il se faisait tard et je retournais dans ma chambre. Je me changeai et me mit dans mon lit. Je repensais à la journée que j'avais passé. J'avais rencontré deux personnes. Vivantes. J'avais enfin pu parler à quelqu'un qui me répondait, et pas par des grognements. Dans quatre jours nous partirions pour le Nord. Peut-être rencontrerions nous d'autres personnes. Je repensais aux dernières personnes que j'avais rencontré avant eux. Et que nous avions hébergées avec ma mère. Le moins que l'on puisse dire c'est que ça c'était mal fini. Bien qu'ils étaient très gentils. Au début. Je me rappelle que j'étais tombé amoureuse du garçon. Mais ça n'avait rien changé. Et je ne voulais juste ne pas faire la même erreur. Mais cette fois, il n'y avait plus ma mère pour me protéger et seule ma vie était en jeu.


Him & IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant