Ma vie.
Mon quotidien.
Ma monotonie.
Dès ma pure enfance, je me vois attachée aux médecins, aux infirmières, aux médicaments, aux injections...
Ma vie enfantine n'est pas semblable à la vôtre. Sans doute, existent-ils des cas pareils au mien, mais à chaque fois que j'essaie d'analyser les choses positivement, je ne constate qu'une seule évidence : Je suis diabétique; je suis isolée !J'ai atteint cette maladie à l'âge de deux ans. Ma mère tentait toujours de me persuader que c'est une grâce divine.
"Dieu t'aime bien, c'est pourquoi il t'a offert ce cadeau. Ces injections à vie et ces douleurs que tu ressens au fonds de toi, ne s'agissent que d'une tempête temporaire. Un jour viendra où ce brouillard disparaîtrait pour laisser place au beau temps... D'accord ma belle ?", j'entendais souvent ces mots de sa part. J'aimais cette tirade: ma clef de motivation.
Aujourd'hui, je me réveille très tôt. J'ignore complètement la raison pour laquelle je me lève de bonne heure bien que je n'ai pas cours. C'est vrai que le Bac est sur les portes, mais ce n'est pas un argument convaincant. Je quitte le lit paresseusement, puis me dirige à la cuisine, pas pour manger comme vous faites tous, mais plutôt pour "saluer" mon glycémie.
"La Merde !", hurlais-je en me maudissant. Maman vient vers moi tout en courant.
- "Qu'est ce qui se passe chérie ?", questionna-t-elle. Je lui montre l'appareil qui affichait sur l'écran le taux de glycémie.
-"Oh mon Dieu ! 3.30 !! C'est trop ça ! C'est hyper ... C'est..."
- "Arrête s'il te plaît, c'est pas le temps pour tous ces expressions hyperboliques !", l'interrompit-je furieusement. C'est vrai que je ressentis des maux de tête tout à l'heure, mais je n'ai pas prévu un résultat pareil.
- "Je prendrai un rendez-vous pour toi, et y a pas de non !" me lança-t-elle en posant son index sur ma bouche qui était sur le bout d'objecter.
Je prends mon injection d'insuline, puis je quitte la maison vers le parc voisin. J'entendis ma mère m'interpeller pour rester prendre mon déjeuner, mais mes kits oreillettes m'ont déjà délivré de mon monde.
****
Je m'assois sur un banc isolé, c'était mon préféré, surtout avec cet arbre qui gisait derrière, et qui me couvre d'ombre. Il me semble comme s'il m'aide à se cacher du monde externe.
J'ai intensément besoin de rester seule, surtout dans les matinées semblables.
''Allô... Oui oui, dans deux minutes... J'ai déjà raté le bus ce matin... Eh oui bien sûr que je ris... Hahah... La vie est belle! "
La dernière phrase de ce passant résonnait dans ma tête "La vie est belle", j'ai voulu l'interrompre, le prendre par la main puis l'emmener chez moi, lui ouvris-je mon tiroir et lui montrer mes seringues, mes comprimés, mes analyses, mes ordonnances, mes doigts qui devinrent abîmés à force de cette aiguille qui s'enfonce dans ma peau ...
Je m'ennuie au parc, il est déjà vide. Personne ne se réfugie dans un lieu pareil pendant un matin printanier, hormis moi. Moi Sarah. Je me mets debout, et avance vers je ne sais où. Mes pas me guident jusqu'à la porte de Sophie, je lui envoie un texto pour qu'elle sorte me voir, elle exécuta sur le champs.
Sophie et moi sommes de meilleures amies, ça fait cinq ans et quatre mois. Elle me comprend, comprend mon état sanitaire, comprend mes douleurs. Elle m'épaule et me console dans les pires moments de ma vie. Elle essaie toujours de jouer le rôle d'une soeur et non pas d'une amie. Si on me demande: "L'amitié existe-t-elle vraiment?", j'affirmerai tout de suite, et sans le moindre doute.
VOUS LISEZ
La Maladie nous rompe Jamais !
Teen FictionElle est diabétique. Il est diabétique. La maladie les a unit. Mais, jusqu'à quand ? "La maladie, nous rompt jamais !"