Quatre ans avant la préface
Elles étaient enfin visibles, les immenses portes de Konoha. Les enceintes qui protégeaient le village devaient mesurer dans les quinze mètres et semblaient s'étendre à perte de vue. Une jeune femme à la chevelure charbon marchait tranquillement en direction de l'entrée,les mains dans les poches. Vêtue le plus simplement possible, elle portait une tunique informe beige et des chaussons marrons. Seule une fine ceinture en lin noir venait trancher la fadeur de son habit. L'adolescente se stoppa à quelques mètres des portes, ne voulant pas se faire repérer par les gardes. Elle en oublia les quelques courbatures qui la faisaient souffrir tant elle était soulagée d'avoir atteint son objectif. Elle souffla intérieurement, dire qu'elle se trouvait ici à cause de sa génitrice, cette dernière voulait la punir pour « mauvaise conduite ». Cela n'avait aucun sens, Izanami savait mieux que quiconque à quel point la brune détestait se mêler aux populations humaines. Si elle souhaitait pouvoir retourner d'où elle venait une fois son exil terminé, il fallait qu'elle remplisse à bien la mission qu'on lui avait confié. La brune trouvait cette histoire barbante, elle n'allait pas pouvoir s'amuser beaucoup.
« La poisse, pesta-t-elle en shootant dans un petit caillou. J'espère au moins qu'ils ont du thé. »
Le thé demeurait l'une des rares choses qu'elle appréciait en ce bas monde, il n'y en avait pas chez elle, ce qui était très regrettable. Cette boisson pourtant simple avait des vertus très étranges et permettait à la jeune femme de contenir son courroux. Soudain sujette à la fatigue, elle fit craquer ses épaules en étirant ses bras engourdis. Un feulement étouffé attira alors son attention.
« Oh !Je te remercie Yuto*. »
La brune se tourna doucement vers son animal et ami, un sourire dessiné sur les lèvres. Elle avait presque oublié la présence de son fidèle compagnon. Il s'agissait d'un grand léopard noir qui l'avait accompagnée durant ce long périple. L'imposante bête s'assit dans l'herbe verte puis commença à laver son pelage soyeux, frottant son museau avec sa patte. L'adolescente le délesta des trois sacs solidement accrochés à son dos, ainsi que d'une curieuse housse blanche et dorée dont la forme rappelait celle d'une épée. La richesse de l'étoffe jurait avec les haillons que portait la brune. Cette dernière posa les bagages par terre avant de s'allonger sur la pelouse encore fraiche, rapidement imitée par le fauve. Maintenant qu'elle avait trouvé Konoha, elle pouvait s'accorder une petite pause. Encore peu habituée à la douleur physique, il lui fallait souvent se reposer pour panser ses blessures.
La brune constata avec surprise qu'elle venait de somnoler pendant plusieurs heures. Les membres encore engourdis, elle se sentait cependant plus sereine, mieux reposée. A ses côtés, Yuto dormaitlui aussi. Etalée sur le ventre, la bête approchait les trois mètres en longueur totale – en incluant sa queue. Tandis que son visage affichait une expression décontractée, presque rieuse, le corps de l'animal était secoué de légers soubresauts et sa queue s'agitait par moments. Bouger de cette manière lui arrivait souvent lorsqu'il dormait, il semblait que Yuto soit capable de rêver. L'adolescente attendit que le Soleil soit à son zénith pour réveiller la bête. Elle lui caressa délicatement le flanc et apprécia la douceur de son pelage corbeau.
« Tu vas pouvoir te reposer maintenant, je ne crois pas qu'ils accepteront que tu entres dans leur stupide village., déclara-t-elle avec un fin rictus. Cependant, ne t'éloigne pas trop, je pourrais avoir besoin de toi d'ici peu. »
La panthère inclina respectueusement la tête et sembla comprendre la requête de l'adolescente, puisqu'elle se releva quelques secondes plus tard. Alors qu'elle se redressait, l'estomac de la brune cria famine pour lui rappeler qu'elle n'avait rien avalé depuis plusieurs jours. Tout comme la douleur, cela faisait partie des inconvénients auxquels la jeune femme devrait s'accoutumer. Elle papillonna plusieurs fois des yeux pour ne pas tomber dans les pommes, puis se leva avec l'aide de Yuto. L'adolescente replaça chacun des sacs sur le dos de son compagnon, serrant au maximum les sangles. Elle tapa sur le flanc de la bête pour lui indiquer que tout était prêt. L'animal ronronna et se frotta contre la brune, avant de s'éloigner lentement d'elle en agitant la queue. La mystérieuse inconnue l'observa partir, immobile, jusqu'à ce que Yuto disparaisse totalement de son champ de vision. Elle pouvait maintenant entrer dans la peau du personnage qu'elle s'était créé. Ce fut avec un sentiment de légèreté qu'elle leva les yeux vers le ciel bleu, inspirant une grande bouffée d'air frais. Le Soleil brillait particulièrement fort et une légère odeur de magnolia mélangée à celle de l'herbe coupée lui chatouillait les narines.
