VI - Retour à La Dure Réalité

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Comme le temps passe vite.

Tu ne savais plus quel jour vous étiez ni même le mois. Ta seule certitude était l'année, et encore ! Tu te méfiais car on le sait tous: le temps est un traître. 

Il peut s'écouler lentement, tel un escargot en surpoids, dans les pires situations, dans les moments d'ennui extrême ou d'excitation totale à l'idée d'un événement prochain: bref, quand on veut que le temps passe rapidement il fait tout le contraire.

Et à l'inverse il peut défiler à la vitesse de la lumière quand on est heureux, menant plus rapidement l'individu à sa chute, mais aussi quand on veux profiter pleinement de chaque instant qui passe et qu'en un clignement de paupières, nous voilà propulsé plusieurs mois après, tous nos rêves brisés et échoués quelque part sur une île.

Un peu comme toi en fait. Comme vous.

Le temps est une chimère ... Oui, c'est ça: une chimère. Une chose inventée par l'homme et qui pourtant rythme la vie de chaque Homme sur Terre et ce depuis la nuit des temps.

Mais vous aviez trouvé un moyen simple de compter les jours passés sur cette île: tu traçais à l'aide de boue un trait sur ton magnifique tee-shirt blanc ...

Je vous l'avais bien dit qu'il ne survivrait pas !

Conscience: la ferme !

Bien, je disais donc que tu traçais un bâton sur ton haut à chaque jour qui passait puisqu'en tant que nomades ça aurait été compliqué de les tracer sur une surface extérieure comme le font bien souvent les personnes piégées sur une île déserte. T'es d'accord avec moi Conscience ?

Ah mais moi je la ferme, hein !

Oh boude pas ... Tu peux parler, très chère Conscience !

Ah c'est mieux là ! Je suis donc totalement en accord sauf dans le cas où ...

Merci Conscience pour ton intervention !

Tssssss ... Biatch ! T'as de la chance que je sois la meilleure des consciences !

Merci la meilleure des consciences !

Reprenons: vous en étiez actuellement à 96 jours en partant de votre première journée sur l'île, Eden avait une excellente mémoire du temps !, soit environ 3 mois et 4 ou 5 jours. Déjà tant de temps à passer ... Ta famille s'inquiète-t-elle ? A-t-elle cessé de te rechercher ? La police a-t-elle fait le lien entre la disparition simultanée de 30 personnes ? Ton frère te hait-il toujours malgré la situation ? Sûrement ... C'est bien la seule réponse à tes questions que tu puisses formuler avec certitude. 

Tu étais déjà épuisée mentalement alors que tu le savais: ce n'était que le commencement. 

Et la fin risquait d'être lointaine.

Vous étiez toujours 23 en course. En enlevant la personne dévorée la première semaine de jeux et l'homme que tu as tué, 5 étaient morts dans des affrontements. Vous déduisiez ces informations du nombre de corps que vous croisiez, et c'était pas beau à voir. La première fois vous aviez été surpris et avec Tiphanie vous aviez immédiatement caché la vue des enfants. Désormais, vous vérifiez toujours les lieux et lorsqu'il y avait un corps vous faisiez un détour. La majorité des corps étaient des femmes à part 1 homme filiforme et maigre à l'extrême: il n'avait aucune chance de survivre. Heureusement vous ne croiserez jamais d'enfants ayant moins de 16-17 ans environ puisque Tiphanie avait bien observé les personnes présentes lors du lancement du jeux des armes et les seuls "enfants" étaient Eden, Crystal, Eddy et Esthelle. De plus d'après ses informations les autres jeunes semblaient un peu plus âgé que toi d'où la moyenne de 16-17 ans. La dominance d'âge restait tout de même, à vue d'œil, la vingtaine. Vous aviez donc, certes, plus d'ennemis dangereux mais au moins cela vous évitait une confrontation avec un innocent petit enfant.

La situation semblait presque calme: les coups de feux étaient devenus rares et les participants encore plus. En résumé: tout le monde se cachait, certains espérant survivre, d'autres espérant attirer une malheureuse proie près de leur planque et l'éliminer sans remords. 

Vous étiez de la première catégorie évidement. 

Vous sortiez de moins en moins, ne le faisant que par nécessité lorsque vous manquiez de nourriture ou d'eau ou bien que les feuilles constituant vos "lits" avaient fait leur temps. Les enfants eux étaient confinés à l'intérieur, sortant encore moins que vous. Vous bouchiez les entrées et les camouflaient lorsque vous deviez vous absenter. D'ailleurs vous étiez en pleine excursion avec Tiphanie afin de récupérer de l'eau. Vous aviez repéré un point d'eau non loin de là où vous étiez cachées. Tiphanie s'écria tout en chuchotant, oui c'est possible, soudainement


- Là ! On est arrivées !


Tu suivis la direction qu'elle pointait du doigt et aperçu effectivement la petite source. Vous vous regardèrent en souriant avant de vous mettre en position défensive, reprenant tout votre sérieux. Il fallait être très vigilant lorsqu'on est dans une île/jungle avec 17 personnes dont certaines prêtes à tuer pour le plaisir. Surtout prêt d'un point d'eau. Vous aviez donc adopté votre technique habituelle: Tiphanie remplissait les sortes de bouteilles en feuilles et lacets que vous aviez fabriqué tandis que tu surveillais les alentours, prête à tirer ou à dégainer ton couteau. L'opération ne devait pas durer plus de quelques minutes puis vous deviez rentrer par un chemin indirect, en faisant de grands détours, et en effaçant vos traces afin d'éviter à votre planque d'être repérée si jamais vous étiez suivies. 

Tu jeta un coup d'œil par dessus ton épaule. Ouf, elle avait presque terminé de remplir vos récipients. Tu ne vis pas l'ombre passer et sentis seulement une douleur fulgurante à la joue. Tu retins un cri et avertis Tiphanie. Tu rageais intérieurement d'avoir baissé quelques secondes durant ta garde. Tu passas ta main sur ta joue tout en suivant la blessure sans appuyer. Ça ne devait pas être beau à voir: il s'agissait surement d'une blessure faite au couteau. Elle saignait abondement, devait faire environ deux ou trois millimètres et se situait sur ta pommette droite. Même pas fichu de viser droit ! En effet la petite balafre était en travers de ta pommette. 

Tiphanie t'avait rejointe en courant, tenant fermement l'objet de votre excursion et vous partirent en courant, ignorant l'horrible douleur qui te lançait. Le vent dû à votre course empirait les choses. Fait chier ! Tu l'as dis ma petite Isalyss ! Vous couriez toujours, slalomant entre les arbres, sautant les souches d'arbre et les racines dépassant du sol. Vous alliez vite et évitiez la zone où se situaient les enfants. Vous étiez parties pour un long détour !


{ ... }

La nuit était tombée et vous ne voyiez plus très bien. Vous aviez semé votre adversaire si jamais il vous avait suivi, ça c'est sûr ! Vous marchiez en direction de la souche qui fort heureusement se trouvait désormais à quelques mètres de vous. Vous déblayèrent donc l'entrée et rentrèrent après avoir fait le signal aux enfants. Il s'agissait de trois sons produits en collant la langue au palet supérieur et en la décollant. Simple et efficace. A peine arrivée à l'intérieur tu t'effondras au sol, haletante et brûlante de fièvre. Tu avais perdu pas mal de sang et ta plaie avait dû s'infecter. Tu voyais les autres s'agiter autour de toi mais n'entendais plus rien. Tu finis par plonger dans un doux sommeil, échappant ainsi à la douleur.

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