BAD LOVERS 1 (Sous contrat d'édition)

13 - Déstabilisation (version corrigée)

Caleb s'éloigne enfin de quelques pas et je baisse les yeux au sol, ma poitrine prête à exploser.

Je savais que venir ici était une connerie, je le savais.

— Heu... merci, bredouillé-je minablement, mes bras se croisant contre ma poitrine.

Il ne répond rien, il se contente simplement de fixer le mur en face de lui. Comme s'il avait peur que mon regard le déstabilise... Comme si c'était possible.

On dirait bien que si... Ferme-la, conscience.

De retour dans la salle de bains, j'enfile mécaniquement mon tee-shirt large et mon short de pyjama, la tête ailleurs. Le cœur lourd.

Qu'est-ce qui se serait passé si Caleb ne m'avait pas relâchée ? Est-ce qu'on... est-ce qu'on aurait fait une connerie ?

Rah, ce n'est pas possible ! Ce mec est le copain de Chloé, aka ma meilleure amie. Je ne peux vraiment pas penser à des trucs pareils !

Peut-être qu'il n'est pas trop tard pour faire demi-tour et rentrer chez moi... Tu parles ! Ça laisserait sous-entendre qu'il s'est réellement passé quelque chose et... que ce « quelque chose » m'a réellement atteint. Ça rendrait la situation encore plus bizarre.

Non, ma grande, tu vas retourner dans cette pièce et prétendre que ce moment d'égarement n'a jamais existé. C'est beaucoup mieux ainsi.

C'est ce que je me répète durant cinq bonnes minutes, avant de finalement prendre mon courage à deux mains et revenir dans sa chambre. Je retrouve alors un Caleb adossé au rebord de sa fenêtre, pensif. J'avale lentement ma salive en réalisant que sa tenue n'a pas beaucoup évolué depuis tout à l'heure. Un simple bas de jogging ? Sérieusement ? Il ne me facilite vraiment pas la tâche.

Je claque la porte dans mon dos, le tirant de ses pensées. Caleb se retourne alors, m'adresse un petit sourire puis se dirige naturellement vers son lit deux places. Ce qui me fait paniquer.

Attendez. On va dormir ensemble, là ? Genre... dans le même lit ? L'un à côté de l'autre ?

Quelle idiote ! L'argument du bus était tellement alléchant que je n'ai même pas cherché plus loin, je ne me suis même pas posé la vraie et bonne question, à savoir, où est-ce que j'allais dormir ?!

Bon, on se détend.

Ça peut très bien se faire ! Dans le passé, il m'est déjà arrivé de dormir avec des amis à moi, sans aucune ambiguïté !

Mais... il faut avouer que là, ce n'est pas pareil. Surtout si son torse reste à découvert...

— Tu ne veux pas enfiler un tee-shirt ? je lâche, sans réfléchir.

Caleb me regarde curieusement.

— Pourquoi ? Ça te dérange ?

— Non, non ! Mais... je ne sais pas, tu risques d'attraper froid... inventé-je à la dernière seconde.

Sérieux Julia ? Il n'y a pas pire excuse.

— Ah ! s'esclaffe-t-il. En fait, tu as peur de ne pas pouvoir te tenir si je dors à côté de toi dans cette tenue, c'est ça ?!

Sa petite blague, plus que véridique, me plonge six pieds sous terre et m'ôte toute envie de répartie. D'ailleurs, il ne tarde pas avant que son sourire charmeur ne disparaisse lui aussi, face à mon silence.

Il n'a pas pu dire ça ! Moi qui ne voulais pas rendre cette situation encore plus bizarre, qui voulais faire comme si rien ne s'était passé... Tu parles d'une réussite. Cette atmosphère ne pourrait pas être plus gênante !