Le jour est venu.
Je suis tendue.
Je suis foutue.
Je suis perdue.
Mon esprit passé en revue,
Ce fauteuil à peine aperçu.
Le jour est venu.
Première peur entrevue :
L'horreur des lieux exigus.
Entassés comme des volailles
L'une de mes failles.
Se trouver un coin dans cette pagaille.
Ce contact me tiraille.
Ces corps inconnus,
Ces espèces d'individus,
Ces formes plus qu'aperçues.
Laides, la proximité les a rendues.
Il n'y a pas d'issu.
Seul le droit de respirer obtenu.
Car dans ce flux continu,
Il n'y a pas d'issu.
De mouvements, mon corps est dépourvu.
Mon regard est perdu.
Faute de spectacle, il est perdu.
Un grand tout en ce lieu pue.
Et puis il y a sur moi ces regards ambigües.
Ça doit m'aider à être détendue ?
Je n'aime pas cette relation tordue...
Entre moi et ces jugements étendus.
J'ai l'impression d'être mal perçue,
Enfin ! Ces pics lancés, c'est de l'abus.
Tant d'attention ne devrait pas m'être due.
Mais tout le monde est fixé du dessous au dessus.
Comme pour identifier qu'ici, tous ont des failles.
Le glissement sur les rails.
Mon arrêt, good-bye.
Poursuivons sans impunité.
Voilà la deuxième difficulté :
Le manque de sécurité.
Seule dans l'obscurité,
Je suis plus que paniquée.
Seulement le touché pour me guider.
Vient un lieu illuminé
Par le soleil retrouvé.
Une nouvelle raison de m'inquiéter.
Un gouffre loin d'être bouché.
Pas de sureté.
Moi et cette passerelle abîmée
Mais rien à quoi m'agripper.
Je ne suis que plus horrifiée.
Sur le vide, mon regard ne doit se poser.
Ne pas sauter.
Mais je vais tomber.
Je me sens tomber.
Je suis tombée.
Après une étape achevée,
Une autre ne fait que commencer.
Augmentant le niveau de difficulté,
Et au passage l'angoisse apportée.
Les plaies ne sont pas refermées.
L'horreur coule comme ce liquide coloré.
Bon sang, bon sang.
Mal comme je me sens.
J'observe mon corps tremblant.
Le rouge le tachant
Est d'un sombre surprenant.
Le sombre de l'inconscient.
Ne pouvant bouger et tremblant,
Je vois s'étaler des filaments de sang.
Ces fleuves pour moi angoissants.
Un autre soucis me vient à présent.
Le long de mes jambes, couler, je le sens.
Mais dans mon corps je ne ressens aucun mouvement.
J'ai l'impression d'être un pantin sans liens.
Les ficelles me permettant de bouger ne sont plus rien.
La paralysie est totale. De mes pieds à ma tête, à mes mains !
C'est donc une autre peur qui vient ?
Sans la possibilité d'agir, j'attends.
J'attends pendant ce qui me paraît vraiment longtemps.
Trop longtemps. Mais qu'est-ce que j'attends ?
Rien, puisque je suis une statut, c'est évident.
Revient les fissures, les coupures, mon corps d'un ton sanglant.
Ces images me font un effet important.
Et dans l'évanouissement apaisant,
Mes yeux se ferment en pleurant.
Le vide invisible agit comme un vaccin.
J'espère voir arriver la fin.
L'impression de me battre en vain.
Laisses aller le destin.
Laissons aller notre destin.
Tout va bien...
Tout va bien...
Ce n'est rien.
Mes yeux font leur chemin.
L'horreur leur vient.
Du sang sur mes mains.
Je ne sais d'où il provient.
Est audible un rire malin, mesquin, malsain.
Je dirais plus, sinique, sadique.
Un sourire horrifique ?
Celui d'un scientifique... maléfique.
Ce rire est mien.
Ce sourire est mien.
Rien, je ne sais faire de bien.
Je détruis tout ce qui m'appartient.
Je ne fais que du mal aux miens.
Je suis un venin.
Je suis malfaisante.
Et tout ça, long de là m'enchante.
Mais ce n'est qu'une peur opprimante.
Belle et bien vivante.
Loin d'être la seule survivante,
Car mes peurs me hantent.
Mais je remonterai cette pente.
Car je suis belle et bien vivante.
Car c'était une épreuve importante,
Car je suis désormais divergente.
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