Chapitre 38 : Introuvable

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  Ses membres sont engourdis, elle relève la tête pour tenter d'identifier celui qui la séquestre, sans y parvenir.
Laurent : J'ai conscience de ma faute, vous êtes juge, je pourrais plonger facilement. Mais vous verrez qu'avec un bon compromis, on va s'en sortir tous les deux.
  Ça y est. Elle le voit très bien. Son visage lui dit même quelque chose...
Laurent : Vous n'êtes pas bavarde, dites donc ! Si ça ne vous dérange pas, c'est moi qui vais engager la conversation. Croyez-le ou pas, j'ai bien réfléchi aux conséquences avant de passer à l'acte. Juge d'instruction. Vous faites chavirer les cœurs, non ? Enfin, je connais bien la réponse, j'étais à vos côtés durant quelques jours...
  C'est l'homme de la photo. Laurent, le photographe. Elle se sent impuissante. Comment une juge d'instruction peut-elle se laisser influencer de cette façon ? Son pouvoir, où est-il ?

Fred : Juliette ? Tu es...
Juliette : Depuis l'hôpital, j'ai eu du mal à venir te voir. Mais en même temps, rester avec maman, ce n'est pas plus agréable. Je me permets d'entrer, j'imagine que personne ne se cache dans ton placard ?
  Choqué que sa fille parle de lui si aisément et avec si peu de considération, il ferme la porte et lui accorde sa plus grande attention.
Juliette : Alors je ne vais pas te faire la morale, Alice a déjà du le faire. Mais franchement, je ne sais pas comment vous avez pu... Maman et toi, ça date de ma naissance ! Tu te rends compte ? Tu as tout gâché, je ne comprends pas comment tu as pu faire ça !
Fred : Je suis ton père. Je n'ai pas à parler de ça avec toi.
Juliette : Et parce que tu es mon père, je dois faire comme si de rien n'était et te laisser bousiller la famille que vous deveniez avec Alice ? Et Paul ! Ce pauvre gamin ! Heureusement qu'il a cinq ans, parce que si vous deviez tout lui expliquer, je ne sais pas comment il réagirait ! Alice, elle a tout fait pour toi. Quand je la voyais à l'hôpital, à prendre soin de toi, j'ai eu un déclic. Sérieux, comment vous avez pu ?
  Elle s'emporte dans ce long discours qui lui pèse depuis qu'elle a pris la route pour aller voir son père. Il la serre contre lui, même s'il sait qu'elle a tout à fait raison, et qu'à vingt ans, elle a plus de jugeote que lui. Il lui chuchote des excuses qu'il fera parvenir à Alice.
Juliette : Tu es bien habillé...
  Ses yeux sont rouges. Alors qu'elle dissuade ses larmes de couler, elle passe sa main sur le costume finement repassé de son père.
Juliette : Tu voulais aller où comme ça ? Tu vas voir... Lucie ?
Fred : Non, j'ai entendu dire qu'Alice était revenue.
Juliette : Revenue ?
Fred : Elle était partie.
Juliette : Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
Fred : Alice ne t'a tenue au courant ?
Juliette : Papa, elle est partie où ? Et c'est quoi ce visage décomposé alors que tu vas peut-être la revoir ?
  Hésitant, Fred va chercher la lettre. Il la déplie le plus délicatement possible et revient avec, Juliette la lit après avoir pris place sur le canapé.

Théo : Alors, ce commandant Marquand et toi, vous êtes nos sauveteurs ?
  Lemonnier le regarde avec beaucoup d'amour – et un sourire.
Édouard Lemonnier : On peut dire ça, oui.

Florence : Antoine, vous êtes là ? Vous savez, si cette affaire ne se règle pas entre le commandant et la juge, vous pouvez toujours travailler avec moi.
Antoine : J'apprécie cette proposition, mais quelque chose me dit que ce calvaire va bientôt prendre fin.
Florence : Ah oui ?

  Assis en face d'elle, il scrute chacun de ses traits pour s'en imprégner et les décrire le mieux possible à Mathieu, pour lui donner espoir qu'un jour, ils puissent vivre heureux ensemble.
Laurent : Je suis un ami de Mathieu Brémont, on n'a pas eu la chance de se rencontrer parce que je faisais partie de ses "mauvais contacts".
  Alice se demande comment cet être ignoble peut encore être en liberté alors qu'il a tout d'un délinquant.
Laurent : Je suis facilement passé au travers des mailles du filet, c'est pour ça que personne ne m'a encore chopé.
Alice : Jusqu'à ce que le commandant Marquand découvre votre identité, preuve que vous n'êtes pas si doué que ça.
Laurent : Ne soyez pas insolente, je ne sais pas encore ce que je vais faire de vous. Et c'est malpoli de me couper la parole. Je vous assure que ce récit vous intéressera bien vite, une fois que vous aurez compris pourquoi vous êtes là. Le marché est simple. Je ne suis pas connu des services de police. Si vous taisez notre entrevue, cette petite séquestration et la rencontre entre moi et le commandant, je ne ferai pas couler Mathieu. C'est un bon ami à moi, déjà qu'il a pris cher, je n'aimerais pas qu'il croupisse en taule. Il vous reste un minimum d'amour propre pour lui, j'espère ?

Alice Nevers, juge d'instructionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant