Chapitre 41 : Changements

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  Juliette est entre eux, elle mange très vite sans s'en rendre compte, et ni Alice ni Fred ne lui fait de réflexion. Ils reprennent la route sans rien se dire, sans échanger. À un certain moment, Juliette ne supporte plus et convainc son père de s'arrêter avant qu'elle ne descende de la voiture pour passer ses nerfs sur quelqu'un d'autre que sa sœur.
Une fois à l'arrêt, la voiture émet un dernier son avant de laisser place à un calme de courte durée.
Juliette : Sortez.
  Inquiets de la tournure que prennent les choses, ils sortent de la voiture, comme elle le leur a demandé.
Juliette : O.K. Je vais rencontrer ma sœur dans une heure. Vous faites des têtes d'enterrement, alors que c'est censé être un moment magique et inoubliable. Alice, tu étais heureuse et maintenant tu sembles porter sur ton dos toute la misère du monde. Papa, tu appréhendais mais tu étais ravi, et maintenant, tu as l'air de vouloir aller t'enfermer chez toi pour le reste des  années qu'il te reste à vivre. Maintenant que tout est dit, je vous écoute. Et si vous gardez le silence, on arrivera en retard : je ne vous le pardonnerai pas.

  Victor fait les cent pas dans son bureau. Il trie des papiers, range ses tiroirs mais rien n'y fait : cette migraine ne disparaîtra pas du jour au lendemain. Dérangé par ce comportement inhabituel, il prend la décision de rentrer chez lui. Le repos lui fera sûrement oublier le visage d'une femme qui le perturbe.

  Lucie quitte son domicile, pomponnée, elle lit et relit son texte dans le métro. Sa chanson tourne en boucle dans sa tête et il lui est impossible de s'en défaire. Fascinée par la beauté du parc, elle prend place sur une des lourdes chaises vertes du Jardin du Luxembourg et ouvre son livre. Sa lecture la fait rêver d'une rencontre merveilleuse qui se produira bientôt...

Alice : Je crois que je vais vous laisser y aller. Je ne me sens pas très bien et je ne voudrais pas être de trop.
Juliette : De trop ? Je ne veux pas de ton absence, je veux ta présence, je veux pouvoir t'avoir à côté de moi si j'ai peur, ou pouvoir te sourire si je suis heureuse.
  Ces paroles vont droit au coeur d'Alice. Fred est blessé de ne pas pouvoir la toucher, lui faire ressentir à quel point il l'aime. Il aurait tellement de choses à lui dire...
Fred : C'est moi qui vais partir. On pourra...
Juliette : Est-ce que je rêve éveillée ? On a la chance de s'aimer, d'être unis, et vous voulez qu'on se laisse parce que vous n'arrivez pas à surmonter votre colère ? Peut-être qu'aujourd'hui ça ne va pas, pourtant je suis sûre que demain vous serez de nouveau ensemble. Allez, on y va. Et souriez, un peu !

Chez Victor
Édouard Lemonnier : Victor ? Qu'est-ce que tu fais là ?
Victor : Oh...je pensais que tu étais au Palais avec la juge Larrieu, tiens.
Édouard Lemonnier : Tu es tout pâle... Victor ?
  Il s'effondre contre le par-terre froid, la fraîcheur du carrelage le fait s'évader. Édouard l'emmène à l'hôpital alors que Victor demeure dans le coma. Théo est très inquiet, il est des leurs, c'est un peu un Lemonnier, lui aussi.

À l'hôpital de la Pitié-Salpetrière
  Dans la chambre, Théo regarde Victor et observe avec peur l'oscilloscope. Ce petit appareil bruyant le fascine.
Édouard Lemonnier : Théo, tu veux quelque chose à boire ou à manger ?
Théo : Est-ce qu'il va se réveiller ?
  D'une voix tremblante et difficilement audible, il répond à l'enfant.
Édouard Lemonnier : Je ne sais pas Théo. Je ne sais pas...
Théo : Tu as appelé Alice ?
  Comme si c'était une solution, Édouard s'élève et saisit son téléphone.

Fred : On y est.
Juliette : Vite, dépêchez-vous, il est quinze heures sept ! Elle est plutôt du genre en retard ou en avance ?
Fred : Un peu des deux, je dirais.
  Fred tente un regard vers Alice, qui a les yeux rivés sur l'écran de son portable.
Juliette les devance largement, elle se rend à l'endroit indiqué. Fred fait mine d'attendre la juge, il guette son comportement. Elle arrête sa marche et répond.

Alice Nevers, juge d'instructionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant