Alice Nevers, juge d'instruction

Chapitre 44 : Transfert

Marquand déambule dans ce grand Palais. S'y rendre le rend quelque peu mélancolique. Il croise certains de ses vieux amis. Sur un banc, une petit fille de sept ans attend patiemment le retour de l'un de ses parents. Il lui adresse un léger sourire et reprend sa course.

Alice quitte les lieux avec le cœur lourd. Elle se demande comment recourir aux problèmes de son fidèle ami greffier, Victor. Présentement, ce qui lui fait le plus mal, c'est qu'il lui ait caché cette douleur. Celle d'un frère qui a perdu sa sœur très tôt.
Dans sa voiture, elle hésite entre deux destinations. Rentrer chez elle et remettre ses idées au clair, ou retourner au Palais pour persuader quelqu'un de ne pas faire de bêtise. Elle a deux jours pour convaincre Romance de ne pas se mêler de cette histoire qui concerne Laurent et elle. Deux jours pour le persuader de ne pas susciter chez Laurent trop de colère.
Elle a choisi. Alice se dirige vers le Palais. Et puis, voir Romance ne peut pas lui faire de mal...

[Conversation téléphonique]
Fred : Flora ?
Flora : Commandant Marquand !
Fred : J'ai du boulot, Flora.
Flora : Je comprends. C'était juste pour te dire qu'on partira demain et que Juliette aurait voulu te revoir.
Fred : Vous partez déjà ?
Flora : J'encourage Juliette à faire des études qui lui plaisent.
Fred : Venez vous installer ici !
Flora : J'y ai songé, mais ça risque de la déstabiliser.
Fred : Oui, mais retourner dans une maison dans laquelle elle a fait une dépression, ce n'est peut-être pas...
Flora : Pour l'instant, on vivra comme ça. Elle pourra venir vivre chez toi, si tu t'en sens capable...
Fred : Si c'était non il y a quatre ans, c'est toujours non. Elle ne sera pas heureuse, je ne suis jamais là.
Flora : Fred. C'est plus une ado ! Juliette a vingt-deux ans !
Fred : Ouais... J'en parlerai avec elle, on verra. Et toi ?
Flora : Quoi, moi ?
Fred : Tu viendrais t'installer ici ?
Prise de court, Flora se pose la question à elle-même, une question qu'elle ne s'était jamais posée avant.
Flora : C'est pas une si mauvaise idée que ça. Ça faciliterait tout...j'y réfléchirai.
Fred : Fais des bisous à ma Juju. Bonne journée !
Flora : Bonne journée Fred.
[FIN]

Engagée, elle sait où il travaille et quels sont ses horaires. Elle toque à la porte, l'entraîne dans sa marche et le dirige vers un coin isolé de la cantine du Palais.
Romance : Qu'est-ce que... ?
Alice : J'ai à vous parler.
Il fait mine de masquer son désir de la serrer contre lui. Malgré ses efforts, Alice perçoit dans son regard qu'elle lui manque. D'ailleurs, son regard est insoutenable, elle peine à le regarder en face.
Alice : C'est à propos de...l'homme que vous...vous avez appelé. Celui qui m'a..."enlevée".
Il se redresse immédiatement et se penche vers elle, intéressé.
Alice : Je sais que vous voulez bien faire et que vous ne supporteriez pas qu'il me fasse du mal, mais c'est en essayant de m'aider qu'il risque d'arriver quelque chose de grave.
Romance : De grave ? Alice, dites-moi, vous savez que si vous avez besoin de moi...je suis là.
Elle réfléchit à deux fois avant de lui annoncer toute l'histoire. Mais c'est Romance, et elle n'a aucune envie de lui cacher des choses. Surtout que d'une façon ou d'une autre, elle tient à lui.

Marquand revient sur ses pas. La petite fille de sept ans l'intrigue beaucoup. Elle a les larme aux yeux et lui sourit. Il la prend par la main et affirme à l'avocat chargé de la garder qu'il la connaît.
Lou : Où on va ?
Fred : Je ne sais pas encore. Tu as faim ?
Lou : Un petit peu.
Fred : Alors je sais où on peut aller.

L'histoire a été longue à raconter, Alice est arrivée au bout et Romance l'observe, bouche bée, perdu entre rêve et réalité.
Alice : Vous comprenez pourquoi il ne faut pas que vous le menaciez ?
Malheureusement, ça risque de tomber sur moi. Ce serait dommage...
Romance : Je ne ferai rien, si vous me l'ordonnez. Mais, sincèrement, vous croyez cet homme capable de...
Alice : C'est un contact proche de Mathieu, je ne préfère pas me poser la question. J'exécute ses ordres, ça me suffit.
Un silence s'impose dans la discussion. Il ne résiste plus à ses beaux yeux, et tente une approche...