En prose, j'explose

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   Ce n'est que lorsque l'on commence à ressentir son cœur que l'on se voit un peu ailleurs. J'ai débuté une étude sur les Humains sans jamais la terminer. J'avais bien trop de bains à prendre à la place. Si par hasard vous ne comprenez pas cette addiction à l'eau. Laissez-moi vous inonder de liquide incolore. Laissez-moi vous prouvez qu'une fois immergé votre corps semble hors-monde. Que toutes choses ne sont plus. Qu'il n'y a que le « glouglou » de l'eau vacillant dans la vasque. Et quelques bruits mineurs non identifiables. Je voudrais vous glisser quelques mots pendant cette période. Vous dire au combien l'Humain est complexe mais qu'au final il ne court que vers un seul but. L'ultime objectif qui coule dans ses veines. Parfois consciemment, d'autres fois non. Au final ce qui m'éveilla en premier lieu ce sont les expressions faciales. Un peu comme ce spécialiste d'une série américaine qui détecte les mensonges à travers l'analyse des microexpressions. Celles qui se cachent malgré nous sur notre visage. Sauf que je ne suis pas experte, l'empathie m'aide beaucoup. J'imprime l'expression sur mon propre visage puis il me suffit d'essayer de la vivre, de la faire jaillir à travers mon corps pour la transcrire en véritable émotion. C'est via ce stratagème qu'on effeuille l'Humain intérieur. Il reste évidemment des mystères que seule une omniprésence pourra découvrir. Cependant dans cette ville, on se moque bien de la vie des autres. Les robots sont programmés sans émotion. Il n'y a que le rythme qui est intégré au réseau. On se lève, on se prépare, on va bosser, on revient, on dort. On recommence. Heureusement pour la vie, ce n'est qu'une infime partie de la population. Ce qui m'intéresse, ce sont ces gens qui ne marchent pas sur les lignes, qui s'amusent à sautiller sur les passages piétons, qui sourient parce que la vie parfois est drôle ou même tragiquement drôle. Je vois encore ces rires qui me chatouillent l'oreille. Moi la fille en pleurs qui examine en mode yeux brouillés les passagers de cette rame. Accolée à la barre, le monsieur lambda qui regarde son téléphone itruc. Un peu plus loin, le monde enfin. Des originaux avec des habits pas copié-collé de la famille Tout Le Monde . Des vrais qui portent ce qu'ils sont, qui exhibent sans retenue leurs goûts. Des petits points sous les yeux, de jolis sourires à la pomme rouge, des cheveux maintenus aux 3ème ciel par des barrettes en-nouées. Vous pouvez me dire que ce n'est pas cela qui fait que nous sommes accrochés au fil des lambdas ou pas. Et je suis entièrement d'accord. La différence peut se cacher absolument partout, même en dehors du textile. Un regard peut suffire. Un mouvement peut envenimer le discours. Un grand geste peut aussi tout réduire à un nulle part. Après tout se perdre c'est se retrouver. Alors voguer en Terre inconnue c'est chercher son étoile dans le ciel. L'Humain a beau dire qu'il n'est qu'un corps, en fait non il ne dit jamais ça. Même les légistes se battent pour la dignité des corps. Alors oublions cela, pensons juste au fait que c'est le fait que nous avons une conscience unique que nous sommes à la fois différents et communs. L'Humain est ce qu'il est. Quoi qu'il arrive, quoi qu'il exprime, on ne pourra aller au-delà de ses idées. Et pourtant on pourrait perdre des heures à valser entre ses pensées. Vous me direz sans doute que nos propres pensées nous suffisent amplement. Regardez, moi par exemple, je ne sais que me noyer par hasard dans des marres de ballons troués. Je ne sais pas ce que je traverse mais chose est sure ça me prend bien plus que le corps. L'âme vogue entre divers états. J'ai le mal de mer. Je ne comprend pas. En même temps j'avais bien conscience de ne pas avoir régler mon problème, d'avoir juste attendu que le temps passe. Et finalement c'était passé, revenu, passé, revenu, passé. Pour revenir encore. C'est de la lumière qui est aspirée. C'est un poignard invisible qui s'enfonce encore un peu. Puisque je vous dis que je suis cassée. Je ne mens pas. Je repense à cette période où je ne faisais que nager dans l'océan. La vie était belle sans tornade. Puis j'ai suivi innocemment les poissons,jusqu'à danser avec eux, me faire bouffer par un requin, recoller les morceaux, me faire rebouffer, re-recoller les morceaux et refoncer dans le requin. Puis accumuler les petits poissons qui n'avait pas de quoi manger sur leur dos. C'est à croire que même guillotinée je voudrais entendre la lame tombée une nouvelle fois. Sauf que tout ceci est loin, la coquille a évacuée les horreurs accumulées, elle a reconstruit ces entrailles. Alors pourquoi, pourquoi j'ai toujours ce poignard qui enserre mon cœur à n'importe quelle heure ? Je suis las de ces vagues qui me plongent dans les abysses pour ensuite me mettre le nez dans les nuages. Y aurait-il un moyen de vaincre à jamais cette ombre qui erre ? Je ne parle pas du requin. Lui je l'ai découpé, brûlé, digéré depuis des siècles. Mais de cette douleur qui se veut nouvelle depuis l'hiver dernier. Cette maladie chopait un jour dans le métro. Entre le chanteur et le père à poussette. J'avais les yeux trop loin pour voir le chien qui voyageait dans un sac à main. Et puis sans prendre garde, un truc me chatouillait les yeux. Ce n'était pas vraiment une lueur. Ni un regard. Simplement un mélange des sentiments qui un soir de larmes a vu le jour. Rien d'important, rien d'urgent. On traîne. On flâne. On oublie le temps, on s'oublie soi-même. Parce qu'au final repenser au fil de notre vie ça enserre encore plus l'humeur. La pression est de rigueur. J'ai le harnais qui ne retient plus mes chutes. Je suis dans le vide à valser entre les nuages. Certains me voit les pieds hors monde. Nul ne réalise vraiment ce qui se trame. Ce n'est pas la rupture avec le loup. Ni le départ du monde vert. C'est le monde lui-même. Ou du moins c'est moi qui me suis perdue entre les lignes de métros. J'ai vogué les yeux fermés. Mes pieds continuaient de marcher pendant que moi je m'emmêlais. Et cette nuit, les lumières de rue m'ont éblouis. J'ai ouvert les yeux. Je savais bien que tout ne tournait pas rond. Qu'il y avait des vagues dans mon aquarium. Que j'avais mis un casque de moto sur ma tête d'huître. Alors j'ai mis des pleurs dans la douche. Pas de temps pour les mauviettes j'ai essoré mes cheveux. Et j'ai sorti les effluves du monde. Voilà longtemps que mes cellules n'avaient pas laissé les ondes les pénétrer. Comment décrire la sensation ? Une simple douceur au creux de la colonne vertébrale. Mes épaules fatiguées ont même pris plaisir à chasser les miettes humides de mes iris. Évidemment la lampe de poche n'a pas tenu le choc. L'eau a envahit mon ciel, les piles ont rouillées. Alors j'ai sorti l'éponge. Jeter mon corps à la Seine. Me voilà revenue d'entre les morts. Je suis toujours morte parmi les vivants certes mais cette fois je veux revivre. Je dois reprendre le cours du monde. Ressaisir l'autobus. Ne plus le rater faute de pluie. Et réhabituer mon corps à côtoyer ces autres corps inconnus. Ces Humains qui se démarquent, se tiennent la main ou se plongent dans le noir obscur de l'invisible. Alors je me concentre sur moi-même. Aujourd'hui je sais bien que si je suis parvenue à chasser la peur de mes veines, le chagrin demeure toujours. Rien n'est à faire contre le mal d'un jour. Tout est à construire contre le mal de toujours. J'ai eu de la peine coincée dans le cœur. La foule a croisé ma route. Je me suis perdue dans des tunnels pour me retrouver face à mon reflet. Si j'étais si ailleurs c'est que j'avais depuis la nuit des temps les yeux fermés sur la réponse. Depuis, le temps s'écoule de manière quasi synchrone avec mon propre temps. Je ne veux plus devenir cette autre qui mouille les mouchoirs blancs de ses humeurs absurdes de désespoir. D'autant plus que je ne suis qu'espoir, je ne veux revoir cette partie noire. Bien qu'en me retournant, l'encre coule toujours après elle. Alors écrire ou aller mal, je ne peux choisir. Quoi qu'il en soit je dois vivre. Alors j'enlève le voile de mes yeux, je lève lentement la tête. Je me suis assouplie en plein trajet. La lumière vacille, je fais mine de savoir quel jour on est. Je ne sais plus quoi vous dire pour alimenter vos vies. Sans doute que mes mots deviennent trop lourds. J'en sais rien, je doute un peu de cette couleur. C'est que mon décodeur a pris un coup dur les derniers jours, je ne vous raconte pas en détails mais c'est bel et bien de la douceur qui s'est faite désirée... M'en voulais pas, j'ai comme le cœur qui frétille parfois. J'ai arrêté de compter les heures depuis toi. C'est pas vraiment le moral, c'est l'état. Quatre points dans une phrase, y a le sens qui cloche. On s'en veut pas d'être loin puisqu'on est là. J'ai chassé mes envies pour finir sous un plis. Enfin n'ouvrons pas encore la boîte de Pandore. Revenons à ces Humains qui m'entourent. Et que dire ? Hors mis qu'ils ont tous des priorités. Certaines dévient de mon chemin. D'autres sont en plein dans mes habitudes et .. Non en fait pardon. Je ne peux dire que leurs priorités sont exactement similaires aux miennes. Ça me heurte le cœur d'être un copié-collé. J'en ai mal au chignon. Je détache la chevelure qui se veut crinière moche des temps modernes. Va falloir introduire des reflets, des mouvements, des waves plein la mélanine. Je ne vous en veux pas de ne pas ressentir cette folie douce. C'est que j'aimerais danser devant toi sans penser. Puisque je sais qui je suis. Je peux penser à l'autre. A quoi bon creuser dans le corps d'un inconnu si on a pas d'abord creuser en soi ? J'en sais rien, je veux pas savoir. Ceux sont des principes que j'adopte. Des choses que je conçois comme étape logique de la vie. Contrairement à vos regards non fixes qui ne sont que secondaires. Quelle est laide cette superficialité ! Qu'on m'épargne, pitié. Un jour, l'humain sera sauvé de toutes ces horreurs trop absurdes. Non pas, que nous ne devons être stupides. Non. Mais avoir conscience que parfois nous pouvons l'être et le reconnaître. Parce qu'avoir 4 ans quand on a dix fois plus, ça peut faire du bien.

En prose, j'exploseWhere stories live. Discover now