Ses yeux étaient fixés sur le stylo qui, sans aucun sentiment, le mettait à mort. La main qui traçait, d'une écriture sévère, les lignes fatales, ne tremblait pas. Aucun sentiment, bon ou mauvais, ne semblait émaner de cet homme au visage grave et fermé. Ses sourcils broussailleux cachaient son regard.
Le condamné se laissa tomber sur une chaise. La machine était en route, et plus rien ne l'arrêterait. Il savait qu'il allait mourir. Il ne pouvait plus faire marche arrière. Deux hommes l'attrapèrent brutalement, le firent se relever et, d'un pas ferme et rapide, le menèrent au bout d'un long couloir, dans une pièce mal éclairée.
Ils le balancèrent là, sur un vieux lit en ferraille rouillée, avant de repartir avec la même démarche raide. La porte se ferma, renforçant encore l'aspect inquiétant de l'endroit. Une clé tourna dans la serrure. Celui qui, toute sa vie, s'était battu pour la liberté, se trouvait maintenant enfermé dans une pièce noire et close. La défaite était cuisante. Il s'assit sur le lit, attendant la sentence ultime.
Quelques minutes plus tard, une seconde porte s'ouvrit. La silhouette d'un homme en blouse se profila devant le rebelle prostré, résigné à attendre la mort. Ce dernier osa un regard vers celui qui s'apprêtait à prendre sa vie, comme il l'avait sûrement déjà fait pour tant d'autres comme lui. Un faible rayon de lumière se refléta sur l'aiguille de la seringue. Ce fut la dernière chose qu'il vit. L'image avec laquelle il s'endormit pour toujours, avec le fol espoir qu'un jour le monde serait à nouveau juste. Une lutte n'est pas une personne. Elle ne peut mourir dans un bain de sang. Ce que faisaient ces gens, c'était seulement de tenter en vain de l'étouffer. Mais elle résisterait. Elle tiendrait bon, coûte que coûte.La barbarie a toujours des ennemis, quels qu'ils soient.
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Textes en vrac
RandomQue dire de plus en point où on en est ? Juste un petit recueil de textes, et puis on verra bien le résultat :')