Chapitre 4 - L'accouchement

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Tout était noir autour de moi mais je reconnu les pas d’Elijah qui s’approchait. Avec mon ouïe humaine, jamais je n’aurais réussie à l’entendre.

- Swanne, tout va bien ?

Comment il savait mon nom, celui là ? pensais-je.  

- Oui... ça a marché ?

- Oui ! C’est super ! s’exclama le loup.

Je percevais effectivement cinq petits aboiements de louveteaux différent... Mais il en manquait un. J’avais beau tendre l’oreille, je n’entendais aucun signe de celui manquant et mes forces étaient trop basses pour que je me relève et que je constate de mes yeux ce que je redoutais.

- Il vont tous bien ? Demandais-je pour en avoir le coeur net.

Elijah me fit un bref regard :

- Les cinq sont en pleine forme. Le sixième n’a malheureusement pas survécu... Ce n’est pas de ta faute, ça arrive souvent, m’avoua-t-il.

Puis il partit, me laissant à mon deuil de ce petit que je n’avais même pas connue. Anélia ne semblait pas si affectée et allaitait ses rejetons, regardant tristement le cadavre qu’une ou deux fois. L’âme en peine après le premier décès dont j’avais assistée, je me laissa vagabonder entre sommeil et l’éveil.

~~~~~

- Ça va ? Tu es prête pour profiter de ta forme de loup ? Me demanda Elijah. Ce serait bien que tu te changes un peu les idées.

J'acceptai avec peine et le suivit à l’extérieur de la tanière après les remerciements d’Anélia. Elijah avait sortit le cadavre pendant mon semi sommeil et la louve c’était complètement remise, contrairement à moi. Elle n’avait pas la même perception du monde que moi et Elijah, elle était plus sauvage, pensais-je.

- Je te propose trois choses : une partie de chasse, une galopade en forêt ou un baignade ? Me proposa mon nouvel ami.

Une chasse ? J’en était incapable. Une galopade ? J’avais bien envie de courir librement en pleine forêt, de profiter de mon nouveau corps et courir encore plus vite que d’habitude. La baignade ? J’avais bien envie de voir de nouveaux paysages, mais encore plus de me dépenser et oublier les derniers évènements.

- Galopade, dis-je neutrement.

Le loup partit aussitôt à la course les oreilles droit devant, fendant l’air. Je le suivis de près, profitant au maximum : mes griffes s'enfonçaient dans le sol, me projetant encore plus loin, mon corps était fort et rapide. Les branches essayaient de m'emprisonner mais j’étais libre, trop libre, et rien ne m’arrêtais. Je dépassa mon copain et m’élança encore et encore plus loin, oubliant tout et me concentrant seulement sur mon corps et ma vitesse. J’avais un plaisir fou à me fondre en cette forêt.

Quelques heures plus tard, je m’arrêta, haletante, sur le bord d’un ruisseau et m’hydrata. Il me semblait que mon corps avait un cardio et une endurance sans fin et j’adorais ça. Elijah me rejoignit peu de temps après.

- Dit donc, tu en avais besoin ! Tu es toute qu’une coureuse, me complimenta-t-il.

Je lui lança seulement un regard, sans vraiment lui répondre. J’avais des questions pour lui. Je me coucha au sol, accotée sur mes pattes et attendis patiemment qu’il ait fini de boire et il s’assit, devinant que j’avais à parler.

- Comment as-tu fait pour m’influencer à mettre mon collier ? Demandais-je sans détour.

Il sembla perturbé, probablement espérait-il que j’aie oubliée ce détail.

- Tu te souviens, j’ai dis que nous étions lié. Eh bien ça apporte autre chose, comme entrer dans ta tête, t’influencer. Mais rassure toi, me dit-il, voyant ma mine déconfite, je ne peux pas te posséder, juste t’influencer sur des choix anodins.

- Et moi, je ne peux rien faire de tel ? Voulus-je savoir.

- Oui, bien sûr, mais...

Il paraissait stressé, comme pris dans un piège à ours.

- Quoi ?

- Oui, tu peux. Tu dois juste te concentrer, comme pour la transformation. Tu as tout en toi, mais pour ce dont tu ignore, tu dois le chercher plus loin encore. Comme pour aller dans mon esprit, si tu ne savais pas que tu pouvais le faire, tu n’aurais jamais été capable, parce que tu ne l’aurais pas voulue.

- C’est flou. Si je comprend bien, je peux tout faire, mais pour cela, je dois le vouloir et croire en moi ?

- En quelque sorte...

Il ne m’aidait vraiment pas, là. Mais bon, je devais un peu découvrir tout ça par moi-même donc je décida de me concentrer, comme il le disait si souvent, et pensa qu’à ce que je voulais : entrer dans son esprit. Je l’imaginais, devant moi, les yeux clos. Un peu comme à l’accouchement je m’approcha, dans ce monde parallèle, pour poser mon museau sur sa tête et un puissant choc me traversa et alla en Elijah, d’un blanc intense. Je resta un peu sonnée avant de revenir à la réalitée et sentir quelques minutes après la différence : je pouvais accéder aux pensés de mon ami. Pas tout le temps, mais seulement quand je le voulais (saurait été trop perturbant avoir ses pensés à chaques secondes en même temps que les miennes). Elijah semblait lui aussi sous le choc, ne me croyant peut-être encore incapable de faire cela. Il me regarda longuement.

- Bravo... tu as réussie ! Me félicita-t-il sans vraiment d’entrain.

Il ne semblait pas bien. Quelque chose le tracassait. Que j’ai réussie à entrer dans sa tête ? Il le faisait bien, lui, alors pourquoi pas moi ?

- Bon, on y retourne. Ton père va s'inquiéter, me pressa-t-il en partant.

Je le suivis et nous arrivâmes quelques heures plus tard. Il me montra le chemin à prendre pour le retour et m’aida à me retransformer en humaine, et je le salua. À ce moment, je crus percevoir de la profonde tendresse venant d’Elijah à mon égard, mais ce n’étais aussi peut-être que mon imagination. Je jogga donc jusqu’à chez moi, où mon père m’attendait impatiemment.

- Il était temps que tu arrives ! Nous avons une urgence, dépêche toi et monte dans le camion.

Loups 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant