[ Point de vue Ella ]
Il faisait nuit noire dehors depuis déjà un bon moment et je n'étais toujours pas rentrée. Les jeux de lumières multicolores qui se reflétaient sur la fumée de ma cigarette m'aveuglaient. L'atmosphère lugubre me brûlait les yeux, et ma tête tournait de plus belle. Je ne saurai dire combien de fois mon verre fut rempli, mais ce n'était toujours pas assez.
Bien que je sois blanche de peau, mon âme était des plus obscures. Ma garde-robe, bien évidemment, reflétais ce mystérieux côté de moi-même que je vénérais tant. D'où me venait cet état d'âme ? Je n'en avais pas la moindre idée. J'avais toujours vécu ainsi. Même dans mes souvenirs les plus lointains.
J'aimais ce sentiment d'isolation du monde, et le Redrum était l'endroit idéal. C'était l'un des night club bars du port. Depuis que je l'avais découvert, je m'y rendais chaque fin de semaine. C'était le seul à passer du rock.
Pendant que les autres dansaient sur la piste, j'aimais me perdre dans mes réflexions ou carrément faire le vide dans ma tête. Cela dépendait des jours et de mes humeurs. Mais mon petit rituel du samedi soir restait inchangé.
- Ça va Ella ? Aller viens, on retourne à la maison.
Il me fut un bon moment avant de me souvenir que cette fois j'étais accompagnée.
- Eh! Tu m'entends ?
Je me tournais vers lui et l'embrassais à pleine bouche en guise de réponse. Il resta là, figé pour un moment. Me fixant ses fines lèvres entrouverte de stupeur. Ses yeux azur me transperçaient comme pour lire dans le plus profond de mon âme. Il dût sans doute deviner ma pensée puisqu'il détourna le regard aussitôt. Ses vêtements noirs faisaient ressortir son teint pâle, et laissaient apercevoir par endroits ses tatouages multicolores. Ses cheveux bruns ébouriffés allaient irrésistiblement bien avec ses piercings. Saoule comme j'étais, je ne me retenais plus.
Enzo et moi étions amis depuis quelques mois maintenant. Je lui avais trouvé quelque chose de très différents des autres, et la fille solitaire fut le premier pas vers ce Dieu des ténèbres qui faisait déjà chavirer les coeurs des fillettes de l'université. Tout le monde sait combien le badboy fait des ravages. Je découvris avec les jours, combien nous étions similaires. Nous avions les mêmes goûts musicaux, préférions rester seuls, et avions tous deux eu, un jour, le coeur brisé. Je découvris par la suite, que comme moi, Enzo dessinait sur sa peau à la lame. Et nul ne peut comprendre ce que c'est de se mutiler excepté un suicidaire lui même - ou plutôt une suicidaire dans mon cas.
Quand je rouvris les yeux, Enzo conduisait. Je m'étais sans doute endormie suite à l'alcool. Je tournais difficilement la tête vers lui. Il avait retrouvé son regard vide, et était surement perdu dans les fins fonds de ses pensés.
- On va où ?
Ma voix du le surprendre puisqu'il sursauta. Il me jeta un regard furtif puis refixa aussitôt la route.
- Chez moi. C'est plus près.
Je refermai les yeux. J'avais un mal de crâne atroce, et le moindre bruit devenait calvaire. J'entendais sa respiration, et n'avait qu'une envie me blottir dans ses bras et m'endormir. Mais il en décida autrement.
Quand nous arrivâmes, Enzo me porta jusqu'à sa chambre et m'installa dans son lit. J'attendais qu'il me rejoigne. N'est-ai-ce pas une logique suite des événements après tout ?
- Tu peux dormir dans le lit. Je me suis installé un drap sur le tapis. Je dormirai par terre. Bonne nuit Ella!
Déception mêlé de soulagement, ce fut un sentiment bizarre que je ressentis à ces mots. Je le regardais un moment. Il était allongé, torse nu, exposant ses tatouages et son corps aussi taillé qu'un diamant. C'était là, l'une des plus belles et des plus reposantes scènes que mes yeux eu vu un jour.
Je m'endormis, encore sous l'effet de l'alcool et d'Enzo, incapable de complètement rassembler mes idées.
**********
A mon réveil, Enzo n'était plus à sa place. Je me levai à mon tour, et me dirigeai vers la cuisine guidée par la douce odeur de café qui en émanait. Il était assis, à table, sa tasse à la main.
- Viens Ella, assis toi. Je te sers.
- Euh.. merci Enzo. J'ai la tête qui tourne. J'ai sans doute trop bu hier, je ne me souviens de presque rien.
- Oh ce n'est pas grave. Il ne s'est pas passé grand chose. Comme d'habitude quoi.
Il était clair qu'il mentait. Il ne fixait que sa tasse et évitait de me regarder droit dans les yeux. Je devinais clairement qu'il s'était mutilé les cuisses à sa façon de s'asseoir. Dieu sait ce que j'ai pu lui dire ou lui faire. L'alcool me dénue de toute raison. Je fini par m'interdire d'y penser, et m'assis à sa table pour partager son petit-déjeuner.
Nous décidâmes d'aller faire un tour à la mer. Cela nous permettrait de prendre un peu l'air.
Arrivés à destination, je m'assis sur un rocher à mon habitude. Enzo longeait la côte, se dégourdissant les jambes. Les vagues venait s'écraser juste à quelques centimètres de mes pieds. La houle jouait à me décoiffer le plus possible, tandis que mon regard se perdait dans l'océan. Je voyais l'eau former sans cesse de minuscules vagues au reflet noir. Même ce petit coin de paradis, qui m'avait si souvent servi d'échappatoire, commençait à prendre de mes couleurs - ou plutôt devrais-je dire de ma couleur.
Enzo n'allait clairement pas bien, mais je n'osais rien lui demander et ça ne faisait qu'empirer ma situation. Je voulais me rendre utile, partager sa peine, mais impossible de lui demander quoi que ce soit. Il était clair qu'il évitait ma compagnie depuis ce matin, et je me haïssais de ne rien pouvoir faire.
Si je pouvais savoir ce qui s'était passé la veille, peut être lui serais-je d'une quelconque aide. Hélas, j'eu beau me concentrer, j'étais incapable de me remémorer les événements passés.
Je refixais l'océan, essayant de calmer mon démon intérieur qui me criait de me noyer dans mon sang. Quand je vu cette chose briller à l'horizon. Elle fillait à toute halure en ma direction. Puis je sentis mes veines se refroidir et se serrer.
Je sombrais dans le noir...
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Enfer Blanc
Science FictionCes gens que tu redoutes. Tu sais, ceux qui ne portent que du noir et qui ne se parlent qu'entre eux. Oui, ceux qui fument, se droguent, et se mutilent. Que se passera-t-il si tu venais à découvrir que ce sont des démons rêvant de rejoindre le para...