III

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 Les soldats me jetèrent dans une cellule. Ils refermèrent la porte rongée de rouille derrière eux. Un calme plat envahit le souterrain. Je regardai autour de moi. Derrière mon dos se trouvait une minuscule fenêtre à barreaux qui laissait à peine la lumière du jour passer. À gauche et à droite d'autres cellules. Le sol en pierre était parsemé de paille dons l'odeur pestilentielle faisait tourner la tête. Le plafond était jonché de fissures et de toiles d'araignée. La robe déchirée et la peau recouverte de sang, je me sentis défaillir. Virgile est mort. Mes mains tremblaient et mes yeux ne pouvaient s'empêcher de pleurer. Je me passai les mains dans les cheveux et fermai les yeux. J'apercevais dans la noirceur de mes paupières closes le visage de mon petit frère. Il souriait et chantait à tu tête, tournillant sur lui-même. Sa douce voix ricochait dans mon esprit telle une pierre plate sur la rivière. Ses beaux cheveux dansaient dans les airs. Tout est de ta faute ! Je prenais les barreaux de la porte qui donnai sur un couloir sale et puant entre mes mains. Je me tapait la tête contre ces barre de fer rouillées.

- Il faut que je sorte d'ici, chuchotai-je.

J'entendis soudain un bruit dans ma cellule morbide. Déjà droite sur mes pieds et les poings serrés, j'étais prête à attaquer. Une immense silhouette, qui semblait mesurer deux fois ma taille, apparue au coin de la pièce. L'ombre avança dans la lumière. Je devais pointer le menton vers le ciel pour apercevoir le visage de l'inconnu. Il était chauve à la peau bronzée, munis d'une mâchoire puissante et d'un regard plus transparent que de l'eau de source. Son corps était sculpté dans la pierre. Il semblait avoir été dessiner par un artiste et amener à la vie. L'armoire à glace fit un pas vers moi. Je reculai automatiquement , les sens en alerte. L'homme plaça ses mains devant lui.

- Ne t'inquiète pas, annonça-t-il d'une voix grave et étonnement calme, je ne vais pas te faire de mal.

- C'est ce qu'ils disent tous, répondis-je, méfiante.

L'homme fit deux pas de plus. Je reculai de nouveau et me heurtai contre les barreaux de la cellule voisine. 

- Mais...Murmura-t-il.

Il plissa les yeux, m'empoigna sauvagement par le bras et me plaça dans la lumière.

- Tu es...une femme ! s'écria-t-il.

Une porte claqua. Quelque chose était traîner sur le sol. Je poussai l'homme devant moi et posai mon visage contre la porte de la cellule. Je réussit à apercevoir les soldats en armure de fer, au bout du long couloir, et également le mort qu'ils traînaient. Mon corps fut submergé de spasmes incontrôlables.

- Virgile! Hoquetai-je de vive voix. Virgile !

Je ne cessai de répéter le prénom de mon petit frère. Je frappai les barreaux comme un animal en cage. Les deux soldats s'arrêtèrent devant ma cellule.

- Regarde, ma belle, déclara l'un d'entre eux, un cadeau de l'empereur !

Il se mit à rire. L'autre soldat baissa la tête, le regard fuyant. Je fixai Virgile. Le sang sur son cou était sec et ces yeux grands ouverts. Sans vie.

- Espèce d'ordures ! Crachai-je.

Le soldat cessa de rire.

- Il vas aller nourrir les tigres ! Annonça-t-il en secouant le bras de mon frère.

Les deux hommes continuèrent leur chemin. Mon visage était inondé de larmes. Je continuais de frapper les barreaux de plus belle.

- Je vous tueraient ! Hurlai-je. Je vous tueraient tous !

Mes poings étaient en sang, mais je continuais de frapper cette porte qui me condamnait. Ma gorge était en feu, mais je ne cessais de hurler. L'homme derrière moi me prit par les bras et me tourna face à lui.

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