Reflet-miroir

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Tu es mon reflet miroir,

L'être que je refuse de voir,

Mais qui, dans l'ombre, me toise.

Tu es tout ce que je hais,

Et à qui je suis à jamais lié.


Je suis toi, tu es moi,

Cela te fait mal, n'est-ce pas ?

Tu fuis mon regard, apeuré.

A quoi cela te sert de me haïr ?

A quoi cela te sert de te haïr ?


La glace, impure, me renvoi ton ombre :

Moi, au sourire carnassier, étrange,

Semblable au plus vil des anges,

Qui attire et repousse en même temps

D'une façon trouble, séduisant.


Tu es si ordinaire, cheveux désordonnés

Qui résistent futilement à la gravité,

Yeux noisette et sourire sans saveur.

Sais-tu pourquoi suis-je là, dans le noir ?

A te guetter, cynique reflet-miroir ?


Tu existes sans être présent ;

Sinistre fantôme dont je suis le réceptacle.

Tes mains tuent, torturent, détruisent, et j'en fais autant.

Je suis contrôlé par cet autre-moi fait de cruauté

Qui n'est que l'écho de mon fade passé.


Je suis tout ce que tu fuis.

La haine humaine, les nuits d'insomnies,

La fausse lumière qui dans le noir luit,

Ont contribués à faire de toi aujourd'hui

Ce que tu es, ce que je suis.


Et d'un coup de poing désespéré

Je brise le miroir et son sanglant reflet.

Dans la fissure, telle une toile d'araignée,

Je me vois enfin, parfait, entier,

Sans toi, ma création folle, abhorrée.


Je suis toi Tu es moi

Telles les deux faces d'une pièce ancienne

De théâtre maudit, dont la scène

Aurait brûlé comme une étoile sans foi

Nous étouffant, brasier de colère et de sang.


J'aurais beau briser tous les miroirs

A jamais, mon reflet, tu me guetteras

La mort sera la seule rédemption. 

Reflet-miroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant