Anastatia
Cela fait environ deux heures que nous sommes dans la voiture. Je ne sais pas où l'on va mais je ne stresse pas. Je me sens bien et ces retrouvailles ont allumés un petit feu dans mon cœur. J'ai dormi juste après qu'il a arrêté de m'embrasser et qu'il a démarré la voiture. Je suis réveillée que depuis quelques minutes mais personne ne parle. Ce n'est pas un silence gênant, non, c'est un silence agréable. De temps en temps, il tourne la tête vers moi et il me regarde, alors je rougis et je baisse la tête et il sourit. Je n'ai pas pris beaucoup d'affaires, j'espère que nous n'allons pas rester longtemps ! J'ose écourter ce silence agréable par une question qui me brûle les lèvres depuis que je me suis réveillée :
- Où on va ?
Il ricane et me regarde droit dans les yeux avant de détourner son regard vers la route.
-J'en étais sûr !
-Sûr de quoi ?
-Ca fait exactement sept minutes que tu es réveillée et tu me poses déjà la question. Je pensais que tu allais me la poser directement mais je suis assez fière de toi.
Je le tape à l'épaule et je boude. C'est puéril mais je m'en moque.
-Allez, ne fais pas la tête.
-Hum...
-Anastatia...
-Hum...
-Tu es sérieuse ?
-Hum...
-Bon bah je fais demi-tour alors ?
Je sais qu'il ne le fera pas donc je continue mon petit jeu.
-Hum...
Lorsque je sens la voiture s'arrêter au bord de la route, je panique. Ne sous-estime pas ton adversaire ! Il coupe le moteur et il se tourne vers moi. Ses yeux me regardent et je fonds. Il est tellement beau. Ses cheveux partent dans tous les sens et je rêverai de passer ma main dedans. Il est habillé à la va vite mais il est tellement beau quand même. Je regarde ses lèvres et je me mords la mienne. J'aimerai tellement l'embrasser maintenant...juste un baiser...
-Ana tu m'écoutes ?
Il me tire de ma contemplation et je remonte mon regard vers le sien. Ses yeux brillent d'une lueur d'amusement. Il se moque de moi. Son sourire au coin montre qu'il a envie d'exploser de rire mais qu'il se retient. Enfoiré.
-Anastatia...
-Hum...
-Si tu continues, je fais demi-tour et on rentre. C'est ça que tu veux ? Je te rappelle que c'est toi qui as voulu partir.
Je repense à mon père et mes yeux deviennent humides. Merde, je suis partie alors qu'il a besoin de moi...
-Hey ma belle...
Il pose ses doigts sur mon menton et il me redresse la tête. Il plonge encore une fois son regard dans le mien et il me regarde intensément.
-Ne t'inquiète pas, tout va bien se passer. Je te ramène dans deux jours, promis.
Il m'embrasse doucement et je ne retiens pas mes larmes. Il me caresse le dos et il me colle contre son torse. Il m'embrasse le crâne et il pose son menton sur ma tête. Je me sens bien. Je me sens en sécurité. Mais j'ai envie de passer un moment avec lui, autre part que dans cette voiture. Je me redresse et je me remets dans ma position initiale.
-On peut y aller...Je voulais juste savoir...
-On va dans une maison que mon père a achetée il y a quelques années. J'ai piqué la clé. Il ne voulait plus qu'on y retourne.
-Pourquoi ?
Il souffle et je sens que j'aurai dû me taire pour une fois.
-Il y a eu un incident là-bas et...depuis je n'y suis plus jamais y retourner.
Je sens qu'il n'a pas envie d'aller plus loin mais j'ai envie de savoir. Sa sœur m'a dit qu'il avait besoin de moi et vu comment il n'est pas très bavard niveau confidences, il faut que je creuse moi-même. Il ne m'a jamais parlé de sa mère. Je décide de tenter.
-Tu n'a jamais évoqué ta mère...Elle est...
-Non.
Son ton est froid et sec. J'ignore la petite voix dans ma tête qui me conseille d'arrêter et je creuse. Pour l'instant, je suis face à une pierre très dure mais je sens qu'elle n'est pas si dure qu'elle n'en a l'air.
-Tes parents sont divorcés ?
-Anastatia, n'essaye pas de comprendre ma vie.
- Arrête-toi !
Je décide de prendre le taureau par les cornes et je joue le grand jeu.
-Tu sais pleins de choses sur moi ! Dis-moi des trucs sur toi, je ne savais même pas que tu avais une petite sœur !
Il s'arrête encore une fois et je me dis qu'on ne va pas arriver vers cette mystérieuse maison.
-Je ne sais rien sur toi ! Juste que tu t'appelles Anastatia Nikosvi, que tu as 18 ans, que mon meilleure pote t'aime plus qu'il ne le devrait, que ton père est a l'hôpital et que tu habites de l'autre côté de cette foutu de limite !
Et là, je tombe de haut, il ne sait rien de moi, tout comme je ne sais rien de lui. Il n'est plus un inconnu mais je ne peux pas le considérer comme quelqu'un que je connais réellement.
-Moi je sais que tu t'appelles Alexandre Marchand, que tu es le fils du directeur de Marchand&Co, que tu es le meilleur ami d'un dingue, que tu as une sœur et que ta mère n'est pas morte...
-Tu vois, n'essaye pas de comprendre.
-Et alors quoi !? On va rester comme ça !? A se connaître à moitié et c'est tout ?
-Je ne veux pas parler de ma vie.
Il ne me regarde plus et il est énervé. Mais je n'arrive pas à m'arrêter.
-Bah moi non plus ! Tu es encore un inconnu pour moi et vice-versa ! Alexandre réfléchis un peu !
Il se tourne vers moi et son regard me donne envie de courir loin de cette voiture. Il est froid et dur. Il me transperce le cœur. J'ai envie de ne plus parler mais les paroles sortent toutes seules.
-Si c'est comme ça, je te remercie de m'avoir sauvé la vie mais je n'ai pas envie qu'on reste comme ça. C'est soit on se connait soit on ne se connait pas ! Soit tu me dis soit tu me ramènes !
Je marche sur un fil fin, pas souple du tout, mais je tente, je veux savoir. Sa réponse sera définitive. C'est dangereux mais c'est comme ça. S'il tient à moi il ne dira pas non. Alexandre je t'en supplie...
-Alors je te ramène près de ton père.
Il est cassant dans ses paroles. Mon regard est dans le vague pendant qu'il redémarre et qu'il fait demi-tour. J'ai envie de pleurer mais mes yeux ne veulent pas. Mon cœur a été transpercé. Déchiré. Je ne le connais pas ! Ce n'est pas possible. Il me ramène chez moi et le silence est toujours là. Mais il est désagréable. Il est rempli de tension. Mes yeux cèdent et une larme tombe. Une larme d'amour. Je ne voulais pas mais c'est arrivé...Il ne tient à moi, il ne m'aime pas, il me reste cas l'oublier. Tu es amoureuse de lui...me souffle doucement ma conscience.
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L'impossible devient possible
Romance2015, les attentats font rage et la peur règne dans les quartiers. La société est divisée. Le racisme augmente et les chances de s'en sortir sont minces. Et Paris n'est pas une exception. Anastatia, 18 ans, vit dans un quartier où la drogue et la vi...