J'ouvrai les yeux lentement par peur d'être à nouveau éblouie par cette lumière aveuglante. Les nuages se déplaçaient lentement dans le ciel et il me semblait difficile de respirer. Je me redressai délicatement avec une migraine atroce, et les souvenirs de ma rencontre avec Gabriel me revinrent en mémoire. Je regardai alors autour de moi mais n'y vit rien de ce que j'espérais y trouver :plus de puits et surtout plus de Gabriel!
J'étais seule. Seule dans ce qui ressemblait à une immense forêt où le nombre d'arbres ne me permettait pas de reconnaître les environs .
La panique me submergea. Qu'est-ce que je faisais ici ? Où étais-je?
Une bouffée de chaleur étouffante m'envahit et je sentis une goutte de sueur descendre le long de ma nuque. J'inspirai lentement et essuyais mes mains moites sur mon pantalon. Mais au contact de mes paumes, je ne sentis pas le tissu rugueux de mon jean mais quelque chose de soyeux et long. Je baissai les yeux sur ma tenue et en fus estomaquée.
Mes vêtements n'étaient plus les mêmes ! Je portais une longue robe de soie bordeaux, agrémentée de ce que je pensais être un corset qui m'écrasait la poitrine et me comprimait la taille. C'était donc à cause de cette chose que je respirais difficilement !
Je remarquai que mes cheveux ne pesaient plus sur ma nuque. Ils étaient relevés en un chignon. Lorsque je posai ma main sur ma tête,celle-ci rencontra un bijou attaché par des pinces et qui descendait le long de mon front.
J'essayai de me relever et une fois debout, je soulevai ma robe pour y examiner mes pieds . Non seulement je découvris que je portais des jupons sous ma robe, mais mes talons compensés avaient eux aussi été remplacées par des petites bottines blanches à lacets.
J'étais littéralement transformée ! Mais le pire, c'était que je prenais petit à petit conscience d'une chose : j'étais absolument habillée façon XVI ème siècle !
Mes idées s'embrouillaient dans ma tête, ce n'était pas possible !Je ne pouvais pas avoir été transportée au XVI ème siècle!
Bien que la dernière image qui me revenait en tête était ma projection dans le puits, ma raison ne pouvait pas l'admettre. Gabriel avait forcément manigancé tout ça. Il devait m'avoir drogué avec son thé pour me donner des hallucinations, et avait fini par me faire porter ce costume, dans le seul but de me convaincre ! Je préférai chasser l'idée qu'il avait dû me déshabiller, j'étais déjà assez tourmentée comme ça .
Où m'avait-il emmenée ? Je décidai d'avancer dans l'espoir de trouver quelqu'un qui puisse me ramener chez moi. Même si les chances de tomber sur quelqu'un dans cette forêt restaient minimes, je devais garder espoir.
De toutes les personnes que j'aurai pu croiser, il avait fallu que je tombe sur un vieillard fou à lier, qui voulait à tout prix me faire croire qu'il m'avait fait voyager dans le temps!
Ma panique se fit de plus en plus grande,d'autant plus que je ne pouvais pas compter sur mon portable qui était resté dans mon sac près du puits .
Après plusieurs minutes de marche, j'entendis un bruit. On aurait dit des bruits de sabots. Le son se fit de plus en plus proche et j'aperçus non pas un groupe de cavaliers qui faisaient une promenade, mais un carrosse noir tiré par quatre chevaux blancs.
Deux hommes étaient postés assis à l'avant tandis qu'un autre était debout à l'arrière. Plus surprenant encore, ces hommes étaient aussi habillés en tenues datant du XVI ème siècle avec des pourpoints beiges, des bas blancs et des petites bottines noires. Et pour couronner le tout, ils portaient chacun une perruque blanche arrangée en catogan .
Gabriel avait dû me déposer dans une sorte de parc d'attraction version XVI ème siècle, avec tous ses acteurs au grand complet.
Lorsqu'ils m'aperçurent, le carrosse fut stoppé et l'un des hommes s'adressa à moi :
- Madame que faites-vous seule ici ? Avez-vous perdu votre attelage ?
Ses yeux exprimaient une grande surprise, il avait l'air choqué . Et d'ailleurs il n'était pas le seul, ses deux autres compagnons me dévisageaient comme s'ils avaient vu un fantôme.
Tentant de ne pas me laisser déstabiliser par leurs regards, je lui répondit:
- Ecoutez, je voudrais vraiment sortir de cette attraction, on m'a déposé ici par erreur . Pourriez-vous me déposer en ville s'il-vous-plait ?
Il répondit instantanément, bien que ma réponse paru le surprendre encore plus qu'il ne l'était déjà :
- Mais bien sûr Milady, nous sommes à votre service. Je vous en prie laissez-moi vous aider à grimper.
Et ben dis donc! Ils prenaient vraiment leurs rôles au sérieux .L'homme de derrière descendit m'ouvrir la porte du carrosse et me tendis la main pour m'aider à monter . Une fois installée, le carrosse se remit en marche et je pus prendre cet instant de répit pour décompresser.
Quelques minutes plus tard, le carrosse s'arrêta. On m'ouvrit la porte et je descendis le marche pied avec une lenteur impressionnante. Ma robe étant très longue, je ne pouvais voir mes pieds et j'avais très peur de manquer une marche. Je remerciai l'homme qui m'avait fait descendre et regardai devant moi. La stupéfaction se peint alors sur mon visage.
Une foule de gens entourait le carrosse et ils étaient tous habillés façon XVI ème siècle avec quelques chevaux près d'eux . Je m'approchai du conducteur du carrosse et l'interpellai :
-Excusez-moi mais je vous avait demandé de me ramener en ville or nous sommes toujours dans le parc !
Il me fixa avec un air d'incompréhension et me rétorqua cordialement:
-Milady,vous êtes en ville ! Regardez autour de vous .
C'est ce que je fis . Chacune des personnes vaquait à son occupation comme si c'était la chose la plus naturelle au monde .
Des femmes faisaient leur lessive dans une grande bassine d'eau, des paysans vendaient leurs légumes ; un forgeron battait le fer sous cette chaleur étouffante, et plusieurs enfants faisaient l'aumône auprès de personnes habillés élégamment mais qui regardaient ces petits minois avec autant de mépris et de dégoût qu'on puisse imaginer.
Ce qui m'intriguait c'était que toutes ces personnes n'avaient pas l'air de jouer un rôle. J'essayai de repérer certains touristes munis d'appareils photos ou vêtus de leurs propres vêtements mais n'en trouvai aucun.
Ma tête me faisait de plus en plus mal et mes battements de cœur devinrent plus rapides. Non ce n'était pas possible ! Je ne pouvais pas.... Non c'était....
La scène qui se déroula alors sous mes yeux mis fin à mes interrogations.
Un homme d'environ trente ans et vêtu de haillons avait été attaché à une potence , ses mains étaient suspendues par une corde. Un autre homme habillé en officier vint alors vers lui et sorti un fouet de son sac.
Aucun doute là-dessus, il allait le fouetter ou du moins faire semblant . Mais alors que je m'approchai, l'officier fit claquer son fouet sur la chair du pauvre homme, lui déchirant sa tunique, et le sang se mit à couler,accompagné des cris effroyables de ce dernier . Du vrai sang !
Ce n'était pas de la comédie ! Si cet homme se faisait vraiment torturer... ça ne pouvait dire qu'une chose! Une chose que je m'étais refusée d'accepter jusque là:
J'avais bel et bien été envoyée au XVI ème siècle par un puits magique! Je n'eus pas le temps de paniquer car la scène des coups de fouet m'avait choquée et je m'évanouis.
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Le prix du puits
RomansaUn simple puits suffit à projeter la jeune Lydia à travers le temps. Envoyée à une époque qui n'est plus la sienne, elle est loin d'imaginer les aventures qui l'attendent. Si on lui avait dit qu'elle rencontrerait un homme qui n'aurait d'yeux que p...