Partie I

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Il était trois heures du matin. L'orage faisait rage. Et j'étais allongée sur mon lit ne trouvant pas le sommeil. À vrai dire, cela faisait des mois que je ne dormais plus comme avant. Il y eut trois mois de cela que ça s'était produit. Trois maudit mois où je me sentais comme maudite, hantée mais tellement seule. J'étais comme un enfant abandonné ne sachant plus quoi faire. J'étais là, dans la chambre, une fois dans le noir puis éclairé par les éclairs. Je ne savais plus quoi faire. Je pouvais éventuellement appeler mes amis, mes parents ou mon frère mais même appeler quelqu'un voire prendre mon téléphone me terrorisait. J'avais tellement peur de ce jour où mon portable allait vibrer et qu'on m'annonçait une nouvelle quelconque. Je m'étais comme enfermée, isolée dans une bulle où personne ne pouvait éclater.

Soudain, j'entendis mon malheur vibrer. Mon cœur s'était mis à s'accélérer comme pas possible. Comme inconsciente, j'attrapai mon téléphone d'une main tremblante et les battements de mon cœur s'accéléraient encore plus quand je reconnus le numéro de l'hôpital.

-Allô ?
-Mademoiselle Müller. Vous devez venir...

Je n'avais même pas voulu en savoir plus. J'avais immédiatement raccroché, m'étais jetée sur mon armoire pour prendre les premiers vêtements qui me tombaient sous les mains, habillée en moins de deux pour partir en panique totale à l'hôpital. En temps normal, je serai partie en voiture mais au vue des circonstances, je courais sous la pluie battante. Conduire fut quelque chose que je ne faisais plus depuis trois mois. Alors malgré la pluie, le vent qui soufflait fort, je courais aussi vite que je pouvais. L'hôpital était à environs cinq minutes en voiture et à pied, quinze à vingt minutes. Tant pis, je continuais de courir.

J'arrivais enfin à l'hôpital en trombe. J'avais même failli tomber en entrant dans les lieux. J'étais complètement trempée. Mes pieds inondés dans mes baskets faisait presque couiner le sol de l'hôpital, ce qui interpellait la majeure partie des infirmiers donc un que je connaissais et qui m'avait reconnu.

-Amy ?
-Kevin... On m'a appelé pour...
-Attends, t'es trempée. Viens avec moi, je vais te...
-J'ai pas le temps, le docteur m'a appelé pour Tom !

Le visage de Kevin se tendit par l'inquiétude et la peur. Il m'emmena immédiatement dans la salle d'attente. Il eut aussi la gentillesse de me ramener un chocolat chaud et une couverture pour me réchauffer de ma course mouillée et glacée. Il était vrai que j'avais peut-être attrapé froid durant mon marathon.

-C'est aussi grave que ça ?
-Je ne sais pas. Quand je l'ai vu, tout allait bien.
-Dis moi qu'il va se réveiller parce que sinon je ne me pardonnerai jamais...

Mes mains se crispaient autour de mon verre de chocolat et les larmes ne tardaient pas à me brouiller la vue. Vous vous demandez sûrement de qui je parle. Qui était Tom ? Qui était-il pour moi ? Eh bien... Tom était mon petit ami. Et pour faire simple, on eut un grave accident de voiture. Cela s'était passé tellement vite. Mais ce soir là, je dormais et j'avais seulement réalisé l'accident en entendant les klaxons et puis plus rien. Vous vous demandez également comment ça se faisait que je ne sois pas dans le même état que Tom. Rien n'était sûr mais il se serait jeté sur moi pour me protéger de l'impact. C'était lui qui a pris le plus grave. Moi, j'étais comme miraculée. Et depuis, Tom était dans le coma. Le médecin était formel, il n'y avait aucun espoir pour qu'il se réveillait ou alors, il serait un légume avec beaucoup de graves séquelles. Amnésie, paralysie des jambes voire de tout le corps, perte de la vue ou de l'ouïe... Et j'en passe.

Donc après un tel moment, vous comprenez sûrement mon état et ma situation...

Alors que je craquais en larme, je sentais la main de Kevin caresser mon dos. Il me disait que Tom allait s'en sortir, qu'il fallait garder espoir, que je devais rester forte pour lui... Mais vivre dans l'angoisse pendant trois mois ne fut si pas évident.

You're Not AloneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant