The Curious Case - Cas 6: Celle qui renaît

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« C'est qui cette morveuse? »

L'accueil de Akimi au sein du FCC est plutôt mitigé. Il y a Aurore, qui est ravie de l'accueillir car il faut plus de collègues pour elle, Yoru, qui se fiche un peu de qui vient et qui part, Kaito qui s'en fiche aussi tant qu'on lui pique pas son argent... Et il y a Élisabeth et Nina, qui ont surtout peur de perdre leur boulot par sa faute.

« T'es sûrement plus jeune que moi, alors tu me dois le respect, sale conne! s'exclama Akimi.
- Je t'emmerde, tu es petite et tu as une apparence de gamine! Et les gamines ne sont pas les bienvenues! grognait Nina.
- Sérieusement, qu'est-ce qui t'as pris de ramener une gamine au FCC, Error?! râla Élisabeth.
- Je suis plus occupée à réparer ce qui me reste de mon bras, en fait, moi. »

Tss, si elles savaient que Mister Pig a été tué grâce à Akimi. Moi, je n'ai pas été capable de le tuer... Et j'ai encore foiré à la protection d'un de mes clients. Endou, qui plus est. J'ai une dette de vie envers Akimi, mais il se peut que celle-ci m'en veuille... Qu'importe. Je... Quand j'y repense, je ne comprends pas le délire de mes sentiments envers Endou. Dès que je vois un brun aux yeux bleus, je divague et je ne suis plus maîtresse de moi même. Mais là, ce n'avait jamais été aussi loin... Je suppose qu'il va manquer à Akimi. À moi aussi, en tout cas... Pour le peu de discussions que j'ai eue avec lui, j'ai pu savoir à quel point ce gars est quelqu'un de bien.

« Eh, eh, que l'une de vous deux s'approche, lança Akimi, ramenant son doigt sur lui même pour leur faire signe. »

Nina et Élisabeth haussèrent les épaules. La brune approcha son visage en se baissant, avant de se mettre au niveau de Akimi.

« Je te préviens, le moindre coup perdu sera rendu, fit la brune, d'un regard noir.
- Mais je ne vais pas te faire mal, voyons! ~
- Alors quoi? »

Akimi racla net sa gorge, avant de gonfler ses joues. Dans un regard totalement neutre, elle cracha sans hésiter au visage de Nina. Celle-ci se recula au même moment, avec le mollard de Akimi dans le visage, coulant entre ses deux yeux.

« Espèce de petite pute...!
- Ah ah, rigolait Akimi, j'aurait tiré une balle, je t'aurait tuée!
- Et tu trouves ça drôle?! »

Nina leva le bras, prête à frapper, mais Akimi se leva au même moment. Lorsque Nina amena son bras, Akimi l'attrapa et le retourna, avant d'écraser le visage de Nina sur la table.

« Décidément, c'est un lieu de conflits, cette pièce... Quel que soit le pays où nous sommes, soupirais-je.
- Elles vont pas travailler en équipe, ces deux là... soupira à son tour Aurore.
- Fais des excuses! criait Akimi.
- Fais en autant! braillait la brune qui ne pouvait plus bouger.
- Ta gueule!
- Toi ta gueule, tu me fais super mal! »

Bordel, je sens qu'il va y avoir du boulot. Un jour, avec leurs caprices de ne pas vivre en équipe, un de nous va mourir, à ce rythme...

Rien n'est sûr dans notre métier.

« Sinon, je pense qu'il y a des pièces de rechange pour ton bras... Il faut que je trouve lesquelles sont à changer, j'en ai probablement pour une petite dizaine de minutes. Tu peux encore utiliser ta main, même si elle repose sur un bras plutôt fragile, alors pas de mouvements brusques.
- Sans problèmes, merci Aurore, fis-je.
- J'y vais! »

Aurore quitta la pièce, tandis que je demanda à quelqu'un si on pouvait me donner mon ordinateur portable. À l'exception de Akimi et Nina en train de se battre, mon appareil passa de mains en mains, arrivant finalement à moi. Je l'ouvrit, et poussa un cri, avant de le refermer. Tout le monde posa ses yeux sur moi, alors que j'étais gênée.

« Un problème? me fit Yoru.
- N-Non... Je... J'ai juste mal dormi... J'ai cru revoir une des creepypasta que j'ai fait disparaître...
- Laquelle?
- Le Sonneur... Par contre, je vais voir si on a pas de missions, donc si vous pouviez quitter la pièce, ça m'arrangerait. J'ai besoin de calme. »

Les membres quittèrent la pièce. Évidement, je leur ai menti...

« Laisse-moi, putain... Je ne veux plus te voir... sanglotais-je, doucement. »

J'en ai marre. "Elle" est toujours là, quelque part, attendant que je puisse la voir par mégarde. À la moindre erreur de ma part, elle surgit et me fait peur. Alors que les autres voient mon reflet normalement, le mien est mutilé, totalement dérangeant...

Je ne tiendrait pas longtemps, à ce rythme.

« Je vais lever l'écran supérieur, et tu ne seras plus là... chuchotais-je. »

Je releva l'écran.

« Je suis toujours proche de toi, Error ♥
- !! »

"Elle" était là, une fois de plus. Je pris mon courage à deux mains, et appuya sur le bouton de démarrage. Alors que l'écran devint plus clair, je pouvais voir mon reflet s'arracher les yeux, avec une pince qu'elle enfonçait en riant dans son œil droit en premier.

C'étais la première fois que ça arrivais.

J'écrasa ma main contre mon œil gauche, alors qu'elle s'arrachait le sien d'elle même. La douleur était accablante, mais mon œil était encore là. Le reflet éclatait de rire.

« Tu souffres, pas vrai?! »

FERME LA!! Je...

« Dégage de là, tu n'as pas lieu d'être! Tu n'existes pas! »

L'écran vira au blanc, supprimant mon reflet immédiatement. La douleur s'estompait doucement, mais restait intense. C'est la première fois qu'un truc pareil se produit... Je ne pensais pas ça possible.
Une fois la douleur partie, je me rendit sur plusieurs sites, sur Internet.

Finalement, après un petit quart d'heure de recherches, je parvint à trouver une personne se plaignant d'être victime de phénomènes étranges. J'aime beaucoup la crédulité des gens, dès qu'ils ont un truc en rapport avec une certaine creepypasta, ils se réfugient dans les commentaires, ou les forums.

« J'ai ce qu'il faut, fit Aurore, en rentrant dans la pièce.
- Ah, tu as du retard en fait.
- Je sais, j'ai finalement tout pris plutôt que d'hésiter.
- ... Le faire dès le début aurait été mieux, soupirais-je. »

Tandis que Aurore s'occupait de la réparation de mon bras - dont elle s'y connaissait plutôt bien, je parvint à prendre contact puis rendez vous avec la victime, qui devint ma cliente dès qu'elle accepta notre visite. Elle habite à deux heures de là, dans le Luxembourg, tout petit pays entre la Belgique et la France, si je me souviens bien. Aurore termina, et je l'alarma. Finalement, on parti tous en mission, dix minutes après avoir fait les préparatifs. La route fut longue, alors nous décidâmes de discuter sur la route. Ou plutôt, je les forçais.

« Akimi, j'aimerait savoir pourquoi tu es la première personne que je vois... Avec une telle teinte de cheveux, et couleur de yeux.
- Je suis albinos de naissance, fit-elle, j'ai normalement les pupilles blanches et les cheveux blancs. Je n'ai jamais voulu changer ma couleur de cheveux, qui est pour moi magnifique. Mais, mes yeux me dérangeaient... Et je n'étais pas la seule, énormément de gens me critiquaient à cause de ça. Endou et mes parents étaient eux, plus protecteurs, et voulaient trouver une solution autre que me voiler avec des lentilles de couleur.
- Alors pourquoi as-tu les yeux rouges?
- Faut pas être idiot, il n'existe pas d'opération pour changer la couleur de la rétine. Alors je me suis rabattue sur les lentilles de couleur, jusqu'à en trouver des rouges. Je n'aime pas spécialement les mettre, mais je me sens mieux en les gardant sur moi, constamment. Nous n'étions pas très appréciés dans ma famille au Japon, lorsque nous vivions à Yamaguchi. Alors lors de notre indépendance à moi et Endou, on a quitté ce pays pour se réfugier en Belgique, car comme tu le sais, la langue Française nous passionnait. Et après, il a pris connaissance des creepypastas, et en a écrit une qui s'appela Mister Pig... Et vous connaissez la suite. »

Finalement, l'histoire de Akimi est plutôt peu épaisse. En dehors du fait qu'elle était dégradée au Japon par les autres gens, elle a eu une vie plutôt calme. J'aimerait m'en vanter autant.

« Plutôt que de nous interroger, Error, fit Yoru, les jambes croisées, allongée sur la banquette arrière en lisant un manga, si tu nous racontais un peu ta vie... Je suis sûre qu'une grande fille comme toi a du vécu. »

Comme je ne conduisais pas, je posa un coude sur le bord de mon siège, avant de soupirer.

« Oh, ma vie a été aussi plutôt calme... Mes parents et ma sœur ainée sont morts dans un accident de voiture alors que je suis restée à la maison ce jour là, car j'étais malade... Le tout le jour de la rentrée scolaire de ma sœur, qui avait lieue un jour avant moi.
- C'est pas tout, n'est-ce pas?
- ... Ouais, mais je préfère que vous vous contentiez de ça, souriais-je.
- Oh, je vois, soupira Yoru, tu préfères garder une part de mystère aussi.
- Exactement... J'avais raison de dire que tu es une fille intelligente. Tu lis en moi comme dans un livre ouvert.
- Pour ton cas, il est plus chiant à ouvrir. Pour les autres personnes, comme Élisabeth, je peux tout lire sur la "préface".
- C'est ça, ricana Élisabeth, arrête de faire la maligne et dis-moi mon passé. On verra tes erreurs. »

Yoru jeta un coup d'œil sur sa voisine blonde, avant de souffler un grand coup, et de fermer son bouquin, après avoir pris soin de garder la page avec son index.

« Tu es ukrainienne, et tu t'es sauvée avec tes parents durant la guerre qui opposa l'Ukraine à la Russie. Tes parents sont morts durant un bombardement, et comme tu avais de loin l'âge de la raison, tu as réussi à fuir, et tu as fini parmi les déportés, lorsque ces derniers étaient acheminés en France, et puis tu as refait ta vie en France jusqu'à aujourd'hui.
- ... Tu sais que tu es vraiment... Bizarre? demanda Élisabeth, assez perturbée.
- Tu es juste facile à lire, soupira Yoru.
- Tu trouves? lançais-je, je trouve Yoru très bien pour me succéder. »

Yoru, sans doute touchée par mes paroles, me remercia, tandis que les autres tirèrent la tronche. Puis il y eut un gros silence. Qui dura environ un kilomètre. Yoru continuait de lire, Kaito vérifiait l'équipement, Akimi attendait en se reposant, tout comme moi, Aurore conduisait, Élisabeth écoutait de la musique, et Nina faisait de la console portable. C'était assez silencieux, et c'était reposant.

« Sinon, pourquoi les creepypastas prennent vie, comme ça? lança Nina.
- Hein?
- Pourquoi des récits d'Internet prennent soudainement vie, au bout du vingtième lecteur?
- Je l'ignore plus ou moins, soupirais-je, mais j'ai ma petite idée dessus.
- Ah?
- Je ne suis pas sûre, mais ce doit être l'œuvre de quelqu'un... Ou de quelque chose. »

Oui, quelque chose. Quelque chose, qui tire les ficelles de cette histoire grotesque derrière nous. Qui nous manipule comme il le souhaite, nous fait courir de droite à gauche. Je suis sûre que c'est ça... Sinon le nombre de victimes n'aurait pas augmenté autant ces derniers jours. On a plus une journée pour nous.

« Bon, on arrive, fit Aurore.
- Déjà?
- N'oubliez pas, reprit la brune, notre cliente est peut être fragile psychologiquement, après ces derniers jours. Elle a du passer de mauvais jours, donc évitez d'être trop brusques. Et toi Akimi, contente toi d'observer notre façon de faire. Tu pourras agir quand la bestiole nous attaquera.
- Entendu, soupira celle aux cheveux blancs. »

On sorti tous de la valise. Alors que les autres s'occupaient de l'équipement, je vint causer à Aurore.

« Tu n'as toujours pas trouvé ton successeur?
- Hein? Si, je pense, marmonna-t-elle.
- Qui, selon toi?
- Akimi, je pense qu'elle remplira la tâche.
- Parce que tu vois bien Akimi et Yoru bosser ensemble?
- Ouais, soupira Aurore, mais qu'importe, je veux Akimi que successeur. »

C'est son choix, je ne le juge pas, car elle n'a pas jugé le miens. Mais je doute fortement que Aurore mourra aussi facilement. C'est une fille qui sait ce battre, et qui ne renonce pas. Elle est forte, et n'hésite pas à tirer pour protéger ses clients. Au final, avec Mister Pig, elle n'aura pas trouvé le réparateur... Celui-ci parti quelques jours. Heureusement que Akimi est là. Je pense que c'est parce que Akimi nous a tous sauvé la vie qu'elle la veut en tant que successeur. Akimi est elle aussi une fille courageuse, à la manière d'Aurore. Je pense qu'elle fera une parfaite sous-chef, si Aurore venait à me quitter. Je ne sais pas comment je réagirait si Aurore mourrait.

« Comment s'appelle notre cliente? fit Kaito, venant vers nous.
- Elle s'appelle Meredy Weiss, elle a 25 ans, expliqua Aurore.
- Oh, elle est plus vieille que moi, riais-je. »

Après une petite discussion, nous partîmes toquer à la porte de la maison de la cliente. Cette dernière nous ouvra peu de temps après, et nous fit entrer, reconnaissant que c'était moi grâce à ma voix. Elle a l'air plutôt futée. Blonde, yeux verts, avec un ruban violet accroché dans la tête. Elle portait des vêtements violets aussi, et était plutôt fine, et à peine plus grande que moi.

« Donc, tu devrais nous expliquer comment tout ça se passe, depuis que tu as lu la creepypasta.
- C'est... plutôt particulier, fit Meredy.
- Développe, relançais-je.
- Eh bien, ce n'est pas elle qui vient à moi, mais tout l'inverse.
- Tu viens à elle? m'étonnais-je.
- Sans le vouloir, ouais. Parfois, le soir, vers vingt et une heures, alors que je vaque à mes occupations habituelles, je ne peux pas m'empêcher de tout arrêter brusquement, d'enfiler une veste, et d'aller dans l'immeuble abandonné dans le terrain vague dans face. Je ne contrôle que mes yeux, mais pas mon corps. Il se déplace de lui même, et ce met en plein dans l'immeuble, une fois rentré dedans, soit au quatrième étage, il me laisse reprendre le contrôle. Et je dois redescendre le tout, le plus vite possible. Car je sens que quelque chose rôde, là, quelque part... Et pourtant, je ne peux rien faire! Je veux juste me réfugier chez moi.
- Attends, fit Nina, ça fait combien de temps que ça dure?
- Hm... Deux jours.
- Alors si la limite des vingt quatre heures n'est pas passée en deux jours, ça veut dire que la creepypasta apparaît elle aussi sur un certain arc de temps.
- Je vois, soupirais-je, le plan est tout fait. »

Je me leva et vint m'asseoir contre un meuble. Je croisa les bras, et reprit ma phrase.

« Dès que ça te reprendra Meredy, on te suivra tous, accompagné de notre équipement. Il nous laissera rentrer, après tout, rien n'est spécifié dans la creepypasta en question, qu'il n'apparaît qu'à une personne.
- Mais rien ne nous dit qu'il apparaîtra à plusieurs personnes aussi, soupira Élisabeth.
- On ne sait rien sur cette creepypasta, soufflais-je, les chances d'être déviante sont à coup sûr de 100%. Je vous avait parlé des déviantes, alors il va être temps d'en voir une de vos propres yeux. Les déviantes sont dangereuses, et leur chance de nous tuer ou de nous blesser grièvement, au point de perdre un membre est majoritairement de 90%.
- Sérieusement?... »

La plupart faisaient une tête dépitées, assez dégoûtés de la situation. Les creepypastas, ça ne rigole pas. Les creepypastas déviantes, c'est mission suicide. J'y ai perdu mon bras, avec la dernière déviante, qui était le Sonneur de Portes. Je l'ai regretté, mais j'ai réussi à sauver ma cliente.

« Meredy, tu devras payer 50€.
- Heureusement que j'ai ce qu'il faut... soupira Meredy.
- Sinon comment s'appelle notre monstre ce soir? me demanda Yoru.
- Oh, lui? »

Je regarda la fiche sur laquelle j'avais noté son nom. Je releva la tête, et en montrant la feuille avec la photo qui était liée à la creepypasta, je prononça son nom.

« L'homme fil. »

Une petite heure passa. Le ciel était bleu foncé, la lune daignait se montrer alors que le soleil s'était couché. Il n'était que vingt et une heures, et pourtant il faisait nuit. Comme prévu, alors que Meredy regardait la télé avec nous, elle se leva, nous ignorant, l'air stoïque, et nous enjamba, avant de se diriger vers l'entrée. Elle attrapa sa veste rouge, tandis que nous prenions des valises, et nous répartissions nos habituelles armes, avec plus de précautions. Alors qu'elle sortait de la maison, nous laissant sortir avec, Akimi vint me poser une question.

« Maintenant que j'y pense, l'attacher aurait été plus simple.
- Akimi, on parle d'une creepypasta déviante. Dans huit heures, elle disparaîtra.
- Pourquoi huit heures? s'étonna Akimi.
- Car elle apparaît à vingt et une heures, et sur la photo de la creepypasta, on sait qu'il est encore là au delà de 4h30. Donc, comme ça fait deux jours qu'il reste autant de temps, il disparaîtra à 5 heures du matin. Huit fois trois, ça fait vingt-quatre, en toutes logique, c'est son dernier jour.
- Ce n'est pas con, mais je ne sais toujours pas pourquoi on n'pouvait pas plutôt attacher Meredy.
- Pour la simple et bonne raison que c'est la dernière chance pour L'homme fil de tuer sa victime. Il sera plus agressif que jamais, donc interdiction de le louper. Et si jamais il ne parvenait pas à faire venir Meredy, il serait venu de lui même... »

Les déviantes sont des plaies, elles sont bien plus stratégiques et intelligentes que les basiques. Ce qui en fait des adversaires vraiment redoutables. Finalement, après quelques minutes de marche, nous sommes arrivés devant l'immeuble en question. Quatre étages avec le rez-de-chaussé, et des étages très vastes. En toute vraisemblance, il s'agirait d'un immeuble de travail, et non pas de logement. Reste à savoir si il y reste des trucs dedans. Meredy ouvra finalement la porte, et l'ont pu rentrer, l'accompagnant. Elle grimpa rapidement les marches du fond, évitant les quelques piliers et bureaux sur son chemin. C'était sombre, mais il y avait des petites lampes dispersées ici et là, nous permettant de voir. Je ne savais pas que l'électricité était encore donnée ici. Meredy grimpa le premier étage, puis le second. Arrivés au second, nous étions plus que jamais sur nos gardes. Akimi était armée d'un gros révolver, Élisabeth d'une carabine, Nina de deux révolvers moins épais que celui d'Akimi, Yoru de son éternel fusil à pompe, ainsi que Kaito qui jugea bon d'en prendre un. J'avais moi, une carabine à précision, et Aurore était armée de deux fusils à pompe. Nous avions tous un couteau, et nous gardions une arme pour Meredy. Cependant, nous n'avions pas pu prendre d'explosifs comme pour Mister Pig, car la moindre secousse aussi forte ferait tomber la bâtisse, et nous tuerait dans les décombres. Meredy monta jusqu'au quatrième, et s'arrêta donc au centre de la pièce, et reprit ses esprits.

« Bordel! s'écria-t-elle.
- Tu es revenue parmi nous, ça y'est? soupirais-je, en lui tendant un révolver.
- Qu'est-ce... Pourquoi vous me tendez ça?
- Pour que tu survives! On est là pour ça, non? »

Meredy me remercia, et attrapa l'arme à feu, avant de se préparer.

« Bon, vous avez tous vu à quoi ressemble la bête, soupirais-je, c'est un monstre humanoïde fin comme un gros tas de fil. Il est évident qu'il tentera tout pour tuer Meredy, mais je suis presque sûre qu'il s'en prendra à nous. Donc pour l'amour du ciel, soyez le plus prudent.
- Compte sur nous, lança Yoru, on se battra dans le cas où nous serrions en danger de mort!
- J'aime cet esprit de survie, souriais-je, en grimaçant doucement. »

On se dirigea vers les marches pour descendre à l'étage inférieur. Jusque là, rien de bien folichon. Lorsque nous sommes arrivés au troisième étage, tout ce que nous avions à faire, c'était traverser l'étage pour en atteindre le bout. Hors de question de se séparer. Puis, un "BLOM" résonna derrière nous. On eut tous le réflexe de se tourner.

Rien. Ce n'était pas notre imagination, mais nous rassurer, on ne pouvait s'empêcher de se répéter intérieurement qu'on s'imaginait ce bruit. Mais c'est évident que non. Lorsque nous nous sommes retournés vers les marches du troisième, il y avait des meubles qui nous barraient le passage.

« Qu'est-ce que c'est que ce bordel?! s'écria Nina.
- Il n'a pas l'air décidé à nous laisser partir.
- Vous entendez? grogna Aurore. »

"TAC... TAC... TAC... TAC... TAC... TAC... TAC..."

Le bruit se répétait. Il résonnait, nous empêchant de nous repérer.

"TAC. TAC. TAC. TAC. TAC. TAC. TAC."

Rapidement, ça en devenait stressant. Répétitif, et rapproché. La peur montait.

"TACTACTACTACTACTACTACTACTAC"

Ça descendait les marches. Doucement, dangereusement. Ça voulait attenter à notre vie.

« MERDE! m'exclamais-je. »

Je me précipita sur les meubles qui barricadaient le passage, avant de tirer dedans avec ma carabine. Après quelques balles, j'en explosa un, qui me laissa dégager les deux autres. Nous étions tous à l'œuvre. Lorsque l'on parvint à dégager les meubles, on se précipita dans les marches, les descendant deux à deux. Nous étions presque en bas, bien qu'elles étaient super longues! Nous y étions presque! Meredy termina dans le second étage la première, suivie de Aurore, de Nina, d'Élisabeth, de Kaito, de moi, d'Akimi, et de...

Un coup de feu. Tout le monde fit un bond à l'entente de l'énorme bruit que faisait ce coup de feu.

« Yoru?! m'écriais-je.
- Bordel, ne me dites pas que l'homme fil l'a...
- Non, pas encore, sauf si je ne me dépêche pas! hurlais-je, en attrapant les deux révolvers de Nina contre ma carabine. »

J'ai peur, terriblement peur.

« Protégez Meredy jusqu'à la sortie, je vais chercher Yoru! »

J'enchaînait les marches une à une, prise de panique. J'avais le cœur qui battait à cent allures, et j'étais trempée de sueur. Je ne me suis même pas occupée de si les autres acceptaient mon ordre ou non, je voulais juste sauver Yoru. C'était tout ce qui comptait. Ça, et rien d'autre. Je priais de tout mon être pour qu'il ne soit rien arrivé.

« Je suis là!! »

Je venais d'arriver au troisième étage, prévenant mon arrivée, que je fut accueillie bien autrement que ce à quoi je m'attendais. Une odeur de putréfaction était en train de pourrir mes narines. De plus, aucune réponse de Yoru, ou d'un quelconque homme fil.













"TAC. TAC. TAC. TAC. TAC. TAC. TAC."

Ce bruit recommençait, et s'intensifiait à mesure que j'avançait dans la pièce.
Je posa pied au centre, et un liquide épais venait éclabousser sur mes chaussures.
Au sol, écrit avec le sang de je ne sais quoi, était écrit une chose qui m'étonnait au plus haut point, mais que je ne parvenais pas à comprendre.

"MADNESS REVIENDRA."

Qu'est-ce que ça veut dire? Qu'importe, je n'ai pas de temps à perdre avec les messages que veut me transmettre l'homme fil. Je reprit ma course vers les marches, ignorant les bruits qui m'angoissaient. J'arriva finalement au quatrième étage. Je voyais Yoru, accroupie au sol, en train de souffler.

« Yoru!
- Dégage. »

Son attitude était plus froide que d'habitude. J'étais inquiète.

« Hors de question, je ne te laisse pas seule, soufflais-je en m'avançant.
- Tu DOIS me laisser seule... Je ne veux pas que tu meures par ma faute.
- Qu'est-ce que tu racontes, nous nous battons ensemble! Tu es parfois insupportable, mais à mes yeux, tu es une amie, une des rares personnes que j'appelle ainsi. Donc je refuse de t'entendre vouloir partir, je te ramènerait, même si je dois y laisser la vie... Yoru. »

Celle-ci tourna doucement la tête, me laissant voir ses yeux. Il lui en manquait un, et elle saignait horriblement. Elle me souriait, d'un visage plein de gratitude, et de son œil restant, tombait quelques larmes. Je fus tellement horrifiée par ce que je vit de son œil, que je m'écroula sur mes genoux. Aucun cri ne souhaitait cependant s'extirper de ma gorge.

« Merci... fit-elle, en pleurant d'avantage, c'est ce que je souhaitais entendre, Error. »

Dans la pénombre, loin devant Yoru, apparu un corps fin. Il descendait de marches, après le court même bruit que l'autre fois. C'était des marches qui conduisait sur le toit du bâtiment. Une petite tête, un corps long et fin, relié à deux jambes très longues... Ainsi que deux membres supérieurs, d'où ne sortaient aucun doigts, ni aucune main. Il avait en revanche bel et bien des pieds. Son corps étaient entièrement souple, et il était marron cramé, entièrement. Comme sur la photo. Il s'approcha de nous, et alors que je me leva pour tirer, il évita chacune de mes balles avec une rapidité et une précision folle. C'était bluffant.

« Laisse tomber, il est trop fort, même pour toi, fit Yoru, sauve-toi! »

Hors de question. Je refuse de laisser un collègue sur le champ de guerre. Je m'arma de mon couteau, et lui fonça dessus. J'écrasa ma lame si vite, qu'il traversa l'un des membres supérieurs de la créature. Lorsque je ramena la lame vers moi, cette dernière tomba, cassée en deux.

« Qu'est-ce?! m'exclamais-je.
- Il faut le prendre par surprise pour le tuer... S'il te voit, il dévore tout tes projectiles et arme, en les dissolvant... Tout à l'heure, il a posé le bout de son membre droit sur mon oeil gauche, et il a disparu... »

Il se baissa vers Yoru, qui tomba à son tour sur ses fesses, appréhendant le mouvement. L'homme fil attrapa sa jambe droite, et commença à le ronger, tout en trainant Yoru vers les marches.

« Yoru!!
- Barre-toi putain! hurlait Yoru, s'en est fini de moi de toutes façons! »

L'homme fil disparut immédiatement avec Yoru, après s'êtres engouffrés dans les escaliers. Mon visage se décomposa, terrifiée.

« J'ai dit que je ne te laisserait pas crever! »

Je m'arma de mes deux révolvers, et couru vers les marches. L'homme fil est terrible, mais il crèvera si je le touche par surprise. C'est mon seul espoir! Je grimpa en courant les marches, les passant trois à trois. Finalement, je grimpa sur le toit, armes la main. L'homme fil entourait Yoru de ses membres, prêt à la "dévorer". Il lui manquait sa jambe droite.

« T'es sérieux?... lançais-je dépitée.
- Error, pour la dernière fois, sauve-toi! »

Je pointa mes deux armes vers l'homme fil, en particulier sa tête. Celui-ci écrasa son corps sur celui de Yoru, épargnant sa tête et une partie de son buste. Je l'entendais hurler, alors que du sang s'étalait partout. Mais parmi cet amas de fils, passant sur le corps de Yoru, je la voyait.

Sa salle tête, me regardant, me narguant. Me rappelant que quoi que je ferrait, ça serait inutile. Je ne pu m'empêcher de baisser les bras, totalement perdue.

Alors ça y'est? Yoru est finie? Je ne veux pas y croire.

Cependant, un coup de feu éclata. Je vis la tête de l'homme fil éclater, et son corps disparaître, laissant seule une partie du buste de Yoru, ainsi que son bras droit. Je me précipita sur elle.

« YORU!! Yoru, dis-moi que tu vas bien?!
- Error... haletais la pauvre, je t'avais dit... de te sauver...
- Raconte pas de conneries...
- Au final, il est mort... »


Il ne restait quasiment que de la charpie de mon amie Yoru. C'était un spectacle dur à voir.


« O-Oui... Mais, tu n'es pas finie, je vais te ramener, et te faire soigner... On arrivera à te donner un nouveau corps...
- ... Je n'en veux pas.
- P-Pardon?! Yoru, dis pas de conneries, tu dois vivre putain!
- J'ai eu ce que je voulais, soupira cette dernière.
- Non, c'est pas... Ce que je souhaitais, moi...
- De toutes façons... Je savais dans quoi je... M'engageais... en venant ici...
- Yoru... pleurais-je.
- J'ai du trop jouer... Mais au moins, je ne part pas seule...
- Hein...? »


Yoru tendit sa main, en la levant doucement. Je la prit délicatement, entre mes deux mains, alors que cette dernière était recouverte de sang.


« Je pars... Avec une amie... qui m'a sauvé... en tuant ce... monstre... »

Yoru ferma doucement les paupières, pleines de larmes et de sang. . La pression à travers la main de Yoru partait peu à peu... Et cette dernière me lâcha. J'étais à genoux dans son propre sang, tandis que les larmes coulaient de plus belle.


« Yoru... Yoru?... C'est une blague, hein? Allez, c'est jamais drôle... Je t'en prie... Yoru... C'est pas moi qui l'ai tué ce monstre, c'est pas moi... »

J'entendis un bruit synchronisé de pieds, touchant le sol.

« Nan, c'est moi, mon cabot. »

Je reconnaissais cette voix, mais je n'osais y croire.

Délicatement, je tournais la tête, avant que mon cœur ne fasse du cent à la seconde.

Je reposa ensuite mon regard sur le cadavre de Yoru. C'est trop gros!!

« Mais tu es... morte... Comment... bégayais-je.
- Oh, ça ce joue à ça. Nous ne sommes les mêmes... »

Je ne comprenais pas. Yoru est pourtant sous mes yeux.

« Je suis moi aussi Yoru, pourtant ♪ »

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