The Curious Case

The Curious Case - Cas 9: Celle qui disparaît

« Aurore, vérifie toutes les parutions de creepypasta sur Internet! »

Nous n'avons pas traîné plus longtemps au manoir. Nous avons fait un dernier adieu à Nina, et nous sommes montés dans la camionnette. Le temps passaient, mais nous étions trop fatigués pour reprendre la route. C'était indispensable pour récupérer des forces, mais Madness a du facilement tracer son chemin jusqu'à la capitale...

Kaito semble s'être remis de la mort de Nina. Quand à moi, j'dois avouer que pour le coup, ce n'est pas le problème. Si on ne se dépêche pas, ce n'est pas une mais des millions de vies qui vont y passer. Bruxelles est une grande capitale, mais on parle de Madness tout de même. Elle n'aura pas de mal à mettre à feu et à sang la ville.

« Je déteste cette situation, grognais-je.
- Ralentis un peu, tu vas nous faire avoir un accident, lança Élisabeth.
- M'en fout, on a pas que ça à foutre! On va tous y passer sinon!
- Error, c'est la merde... fit Aurore, la voix tremblante.
- Quoi?! »

Aurore se tourna vers moi. Ses yeux étaient rougis par une peur qui m'était inconnue, et ses pupilles étaient dilatées.

« Je suis la vingtième lectrice d'une creepypasta... »

Putain! Cette situation...

« C'EST VRAIMENT LA MEEEEERDE!! hurlais-je, en accélérant encore, dépassant les autres voitures.
- Calme-toi! J'essaie d'écrire! s'exclama Kaito.
- Ferme-là incapable!
- Tu écris quoi? demanda Meredy au jeune homme aux cheveux longs.
- La même sorte de journal que celui qu'écrivaient Harmonie et Yume... Je me suis dit que ce serait bien si les gens savaient ce que nous faisions pour eux, de notre vivant.
- Tu plaisantes? fit Akimi.
- Quoi?
- Tu sais écrire, je veux dire, pour de vrai? Tu plaisantes pas hein? »

Kaito et Akimi commencèrent à se chamailler entre eux, à se battre. Ce n'est pas le moment, mais je suppose qu'ils évacuent leurs nerfs comme ils le peuvent. On va laisser couler la situation. Mais tout de même, c'est la merde. Non seulement on poursuit une ennemie capable d'anéantir la population de Bruxelles sans trop d'efforts, mais en plus Aurore va être poursuivie par une creepypasta... D'ailleurs, c'est quoi cette fameuse creepypasta?

« Aurore, quel est l'heureux élu qui va vouloir te brouter le cul? demandais-je, sans quitter la route des yeux.
- Euh, c'est le SlenderMan, me répondit-elle.
- Le SlenderMan? Dieu soit loué...
- Pourquoi tu dis ça?!
- C'est pas une creepypasta de base. C'est une image inventée pour un concours d'horreur par photos, et il a remporté le premier prix. Il est vite devenu un phénomène, et il a eu le droit à des jeux et des creepypastas, ainsi que des théories. Mais jusqu'ici, le nombre étonnant de creepypasta sur SlenderMan a été inoffensif. C'est pas une qui va changer, tu sais.
- Oh, dans ce cas, soupira Aurore, à moitié rassurée. »

Je reste inquiète. J'ai voulu remonter le moral de Aurore qui se fait maintenant attaquer par une seconde creepypasta... Mais moi même, je suis sceptique. J'ai deux théories sur toutes ses histoires. Soit notre Madness s'est pas faite chier, et elle a juste choisi de maudire les vingtièmes lecteurs de creepypastas, en leur créant un monstre dans la mesure de sa puissance...

Soit elle choisi en réalité soigneusement ses victimes. Elle créé un monstre en fonction du lecteur, et le laisse agir, car elle sait que ce dernier tuera sa victime et trouvera sa liberté d'elle même, pour faire bien plus de dégâts.

Mais SlenderMan est très puissant, c'est un fait. Peut être est-ce qu'elle le gardait que pour une grosse occasion? Comme nous? Soyons réalistes. Madness sait depuis quelques temps qu'on la poursuit, c'est sûr. Mais contrairement à "Elle", Madness ne créé par les creepypastas pour punir les gens, mais bel et bien pour faire du massacre. Pour tuer, juste tuer. "Elle" peut aussi en créer... Mais pas dans le même objectif. Elle a créé Eisophobia juste pour moi, pour me punir, après tout. C'est pourquoi Eisophobia est si différente des creepypastas normales, elle ne vient pas de Madness.

C'est ce que j'ai nommé une "Irregular". C'est le seul cas que je connais, mais, qui sait? Peut être "Elle" a décidé d'en créer d'autre, pour punir d'autres insolents qui lui on fait du mal. Qui est de Madness ou de Yoru Zéro est la plus folle?

« ERROR! hurlèrent une bonne partie des membres de l'équipe.
- Qu'est-ce que?! »

Je roulais pourtant si vite sur l'auto-route A10 en direction de Bruxelles... Mais pourtant, la camionnette, elle avait considérablement ralentie. Il n'y avait plus de voitures autour de nous. Le ciel était sombre, très sombre. Et plus loin, dans un halo de lumière fait par un lampadaire, se tenait quelqu'un, droit. Il était grand très grand... Non loin de trois mètres, peut être? Les bras si longs qu'ils partaient des épaules jusqu'au genoux. Le corps extrêmement fin, les mains blanches... Il portait un costard cravate. Sa cravate était rouge, rouge comme le sang. De son dos se dégageaient quatre étranges mandibules, qui ondulaient fièrement sans rien faire d'autre. Et son visage, lui... était blanc. Blanc, vide, sans bouche, yeux, nez, oreilles... Ni le moindre trait qui permettrait d'exprimer un quelconque sentiment. C'était réellement terrifiant.

C'était SlenderMan.

« Très bien, on va écraser un monsieur très très grand, vous êtes prêts?! ricanais-je, en serrant les dents.
- Achève-le ! crièrent Akimi et Kaito en chœur.
- Achevez la... soupira Meredy.
- T'es complètement cinglée ou quoi?! s'exclama Élisabeth.
- Seigneur... fit Aurore, en vérifiant sa ceinture de sécurité. »

Je pressa le champignon, et la voiture décolla de plus belle. Elle traça la route, fonçant sur le SlenderMan, à toute vitesse.

C'était étrange.

Plus nous nous approchions, plus ma vue était trouble. Les autres criaient des trucs, mais je n'arrivais pas à distinguer ce qu'ils me disaient. Peut être d'arrêter? Ou des trucs du genre? J'aurait aimé m'arrêter, mais un bruit vrillait mes oreilles au point que je n'arrivais pas à me concentrer sur autre chose. Soudainement, le bruit me fit revenir à moi.

J'entendis un énorme 'Crack', avant de nous voir quitter la route. Je ne lâcha enfin la pédale que lorsque nous nous étions trop éloignés de la route, et que la voiture s'écrasa contre un arbre. Les airbags de la voiture nous empêchèrent des dégâts à moi et Aurore, mais les autres derrière étaient sens dessus dessous.

« Error... T'as fait l'con.
- Ta gueule, grognais-je en réponse à Kaito.
- Putain, la voiture nous a sûrement quittée, là.
- Probablement. »

Toute l'équipe quitta la voiture, moi y comprit. On ne fit pas vraiment attention à l'endroit où nous étions tombés. Non, en vérité, on fonça surtout voir les dégâts de notre camionnette. En effet, il allait être dur de se déplacer jusqu'à Bruxelles... Et encore plus d'échapper au SlenderMan. Quelle idée que de foncer dedans... Mes expériences désagréables ne m'ont-elles rien apprises? Qu'importe, il va être dur de reculer maintenant.

Tandis que les autres tentaient de réparer -en vain- les dégâts, je me surprise à regarder tout autour de moi. J'ignore comment, mais ce moment qui parut durer deux secondes entre le moment où j'étais sur la route et celui où nous nous écrasions, semble avoir apparemment duré plus longtemps. Car je ne voyais pas de route. Nous étions au fin fond de la forêt, dirait-on. C'était digne d'un cliché de films d'horreur.

« Bon, les gens, on se sépare pas surtout, soupirais-je.
- Pourquoi donc?
- C'est la dernière erreur à faire face à quelque chose comme le SlenderMan. Se séparer, c'est signer notre arrêt de mort.
- On s'est pourtant séparés en deux groupes contre Eyeless Jack... reprit Akimi.
- Tu as vu les dégâts? Tu as failli y passer avec Aurore, et Nina et notre client sont morts.
- Pas tord, souffla lourdement Meredy. »

Je retourna à l'arrière de la camionnette, et avec l'aide de Élisabeth, je descendit toutes les valises qui étaient présentes. Elles étaient toutes en bonne état, bien heureusement. Cependant, quelque chose clochait. Le ciel était si sombre, si noir, qu'on aurait presque cru qu'il faisait nuit. C'est plutôt étrange, alors que nous ne sommes qu'en début d'après midi.

« Bon, récapitulons. Le SlenderMan, c'est pas un tendre. Vous l'avez bien vu. Mais pour ceux qui doivent l'ignorer, genre Kaito qui ne doit pas savoir lire autre chose que le Japonais...
- Répète un peu?
- Ta gueule, le coupais-je, donc, le SlenderMan, il est plus malin et plus dangereux que ce que vous croyez. Déjà, s'approcher trop de lui peut nous faire perdre la boule. Raison de plus pour pratiquer les attaques à distance. Le corps à corps c'est la mort immédiate, sachez-le. Ensuite, ce petit bâtard peut se téléporter. Mais selon mes souvenirs, il se livre plus à un jeu de peur que de massacre. Il préfère de loin instaurer la peur avant de tuer que de foncer dans le tas et de tuer. Ce qui fait que nous avons une marge de chance, sinon, il nous buterait sans trop hésiter. De plus, cet enfoiré ne va pas nous laisser sortir, je pense surtout qu'il va essayer de tout faire pour que nous nous éloignons de la sortie de la forêt. Donc, il va falloir rester soudés les enfants. Des objections? »

Tous se regardèrent, avant de répondre plus ou moins en même temps "Aucune". Parfait, on va pouvoir foncer! Un par un, nous sélectionnons une arme au hasard dans la valise. Je me retrouva avec un fusil à pompe. Oh, je pense que ça devrait le faire! Sans plus nous hâter, on prit la route dans le chemin inverse. Le ciel était noir, comme si un orage allait nous tomber dessus... Quand aux arbres qui nous entouraient, c'était généralement des sapins, et parfois de grands, très arbres. Probablement des ifs, qui sait? Quoi qu'il en soit, leur tronc était drôlement épais, si bien qu'il fallait un peu de temps parfois avant d'en faire le tour. L'herbe, elle était humide, et le sol boueux. C'était pas les conditions idéales pour se déplacer, mais il faut faire avec. Notre métier nous force à vivre avec les imprévus.

« J'espère que nous n'aurons pas trop de mal à retrouver la route... soupira Aurore.
- C'est mal parti, lui répondit Kaito, la forêt est drôlement dense.
- C'est pas possible de s'être autant enfoncés dans la forêt alors que le moment où nous avons quitté la route et celui où nous nous sommes écrasés n'a duré que quelques secondes...remarqua Meredy.
- C'est nous qu'il veut. Il a fait ça pour nous tuer tous un par un...
- Tout faux Akimi, lançais-je, c'est pas nous. C'est Aurore. »

La concernée ralentis considérablement en entendant son nom. Elle savait qu'elle était la cause des problèmes, mais n'osais pas l'admettre. Notre groupe s'arrêta aussi quand on vit que Aurore ne bougeait plus, elle se contentait de regarder le sol.

« Partez devant.
- Quoi?!
- Partez! hurla Aurore.
- T'es cinglée ou quoi?
- Tout ça c'est de ma faute... Vous n'avez pas à mourir par ma faute. Je sais que vous voulez vivre, et là, vous vous contentez d'un poids mort qui pourrait causer votre mort si vous ne la laissez pas seule. »

Tout le groupe se tut. Qu'est-ce qu'ils se pouvaient bien se dire? Ils devaient se dire qu'ils ne pouvaient pas se permettre de mourir maintenant. Aurore se retourna, et reparti en direction de la camionnette, qui n'était déjà plus visible. Je me dirigea vers elle et posa ma main gauche sur son épaule gauche. Elle s'arrêta et tourna un peu la tête à ce moment.

« Qu'est-ce tu veux? me demanda-t-elle.
- Tu es idiote, Aurore?
- Quoi?...
- Si tu meurs, le SlenderMan sera libre et tuera autant de personne qu'il ne le souhaitera. »

Aurore retira ma main gauche, et se tourna vers moi. Elle me montra sa carabine.

« C'est toi qui est idiote, Error, souria-t-elle.
- Hein?
- Je n'ai jamais dit que j'avais l'intention de ne pas vivre. Je me défendrais jusqu'à ce qu'il m'ait. Mais de toutes façons il ne m'aura jamais! Je suis Aurore Raidershade... Et Error, que tu dises que je vais mourir, c'est me manquer de respect! »

Elle attrapa mon col et me souleva facilement, la carabine sous les aisselles. Je fit signe aux autres de partir devant, et de ne pas nous attendre. Ils n'attendirent pas trop, et partirent sans trop hésiter. Je les entendaient s'éloigner, puis, je finis par ne plus entendre le moindre bruit de pas. Il ne restait que Aurore et moi, entourés d'arbres, de brume, de boue et d'herbe. Aurore serra d'avantage mon col, avant de reprendre la parole.

« Ne me sous-estime pas s'il te plaît... fit-elle, la voix tremblante.
- Aurore...
- Je sais que je n'ai presque pas tué de creepypasta... Mais je ne voulais pas te décevoir!...
- Tu ne m'as jamais déçue, Aurore.
- Hein?
- Tu es celle sur qui je compte le plus... Quand Yoru est morte, tu as été là pour me soutenir... Quand Endou est mort, tu as été là pour me soutenir aussi... Tu es de loin celle qui se rapproche le plus d'une amie, pour moi.
- Error...
- Tu auras toujours ta place dans nos rangs... Tu seras toujours la sous-chef. Et tu continueras d'être sous-payée, comme j'en ai toujours eu l'habitude.
- ...
- Aurore... »

Dans un regard de compassion, et un petit sourire dessiné sur mon visage, je posa ma main droite sur sa joue, et la lui caressa, tandis qu'elle me tenait en l'air.

« Je vois... ça a été dur de me dire ça, hein?...
- Venant d'une idiote, c'est pas trop mal d'être dans cet état, pas vrai?
- Tu n'es pas une idiote.
- Merci pour tout ce que tu fais pour moi, Error... sanglota Aurore, à chaudes larmes.
- De rien...
- Je vais y aller quand même! Je vais vous montrer que je sais me démerder... grogna-t-elle.
- Aurore, non!
- Je vous ai foutus dans la merde! Alors à moi de vous en sortir!
- Mais écoute un peu mes conseils, merde!
- Error, je suis désolée, mais je dois le faire. »

Elle me laissa tomber, et je tomba sur le cul dans l'herbe et la boue. Elle chargea sa carabine pour être sur de ne pas manquer de munitions. Prête à tout, elle commença à marcher.

« Quand je vous entend parler de votre passé, il est toujours triste et compliqué... je suis une fille banale, faisait-elle en s'éloignant, je n'ai pas de passé triste ou compliqué. Je suis une fille normale avec une histoire normale. Error... Ta vie a dû être triste, pour que tu sois comme ça... »

Elle s'arrêta, et parla avec une voix toujours aussi audible.

« Ne te laisse pas ronger. Ne laisse pas ton passé te tuer à petit feu... Car il a déjà commencé. Bats-toi pour vivre, toi. Error, tu es une fille incroyable, alors vis! Montre à la terre entière que tu as de l'acharnement. Détruits les fantômes de ton passé, et vaincs tes plus grandes peurs... Ne sois pas comme moi. »

Aurore disparue dans la brume. Paniquée, j'attrapa mon fusil à pompe, et me releva, avant de foncer vers où elle était partie. Pourquoi n'ai-je pas réagi plus tôt?!

Ce qu'elle m'a dit... C'est ce qui m'a troublée. Je suis faible, trop faible. Je ne peux pas protéger les gens que j'aime et apprécie?

Un coup de feu.

Il y eut un coup de feu. Je me pressa encore plus, tombant même parfois dans la boue. Le sol est trop glissant... Mais je ne renonce pas! Aurore... Tiens bon! S'il te plaît!

Un autre coup de feu.

Le premier a eu lieu il y a moins d'une minute... Mon cœur bats à toutes allures. Je suis effrayée. Je ressens ce même sentiment qu'avec Yoru et l'Homme-Fil. Le même que lorsqu'elle n'était pas là.


Une odeur me pris le nez. Une odeur insupportable. Je suis encore plus effrayée. J'ai peur.

Rapidement, l'herbe devenait rouge. Je ne savais pas où j'allais, je me contentais d'avancer devant moi, suivant le dernier coup de feu. Il n'y en a d'ailleurs eu aucun autre. Je suis inquiète.

Je pressa du pied un truc qui éclata au même moment. Une tâche de sang se longea le long de mon pied. Je n'y prêta pas plus attention, car mon regard fut attiré par autre chose.

Le ventre ouvert. Les tripes tombantes. Ses intestins accompagnaient le reste. Je pouvait même y voir ce qui devait être un foie. Mon estomac se noua, supportant difficilement cet horrible vision, spectacle. Je remonta du regard le ventre, avant d'y voir une corde, et une tête qui y pendait.

Elle était dessus. Les lèvres blanches, presque bleuâtres. De la salive s'échappait du coin de la bouche. Les yeux remontés, on y voyait que du blanc.

Elle était pendue, morte. Il l'a eue.

Et à ses côtés, sur l'arbre, un papier jaunâtre, avec un rond barré dessus, ainsi qu'un petit mot de sa part à mon égard...

" YOU CAN'T RUN".